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La décapitation de David Haines ravive la peur de représailles au sein de la communauté musulmane britannique

La mise à mort par les bourreaux de l’ISIL du Britannique David Haines, effroyablement similaire à celles de ses compagnons de malheur, James Foley et Steven Sotloff, a provoqué une onde de choc émotionnel de très forte magnitude au Royaume-Uni, notamment parmi la communauté musulmane qui se dit doublement terrifiée par l’horreur du châtiment infligé à ce travailleur humanitaire de 44 ans, enlevé dans un camp de réfugiés en Syrie où il oeuvrait pour le compte de l’ONG française Acted, et par la crainte de représailles islamophobes qui pourraient faire du territoire national un champ de bataille miné.

C’est un irrépressible frisson de peur qui traverse les musulmans Outre-Manche, envahissant ses représentants, dont Harun Khan, le secrétaire général adjoint du Conseil Musulman de Grande-Bretagne, qui ne fait pas mystère de sa profonde anxiété à la perspective de voir les pires pulsions se libérer et culminer dans la violence, redoutant des assauts contre les mosquées, mais aussi contre les femmes voilées, ces proies de prédilection d’un racisme lâche et sauvage, devenu épouvantablement ordinaire.

"Ce meurtre va déclencher une soif de vengeance parmi les groupuscules extrémistes de droite, cela a été prouvé, cela est arrivé à plusieurs reprises: après le 11 septembre, après le 7 Juillet [2005 attentats de Londres] et après l'assassinat de Lee Rigby", a alerté Harun Khan dans un entretien au Guardian, tandis que des personnalités musulmanes demandaient au gouvernement britannique de ne plus employer le terme dénaturé d’« Etat Islamique » pour se référer aux « djihadistes » des ténèbres.

Les dernières statistiques de "Tell Mama", le premier service musulman d’assistance téléphonique, et les faits répréhensibles récents ont déjà donné raison à la vive inquiétude exprimée par ce représentant de l’islam britannique. Depuis le meurtre de Steven Sotloff, les agressions islamophobes ont en effet grimpé en flèche, et pas plus tard que le week-end dernier la mosquée de Rotherham, dans le comté du Yorkshire, a été la cible de la vendetta des nervis néo-fascistes de la Ligue de défense Anglaise (EDL), qui ont tout saccagé sur leur passage.

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Dans le district londonien de Tower Hamlets, l’angoisse gagne du terrain, alors que les condamnations de l’ISIL se font entendre avec force, les familles musulmanes appréhendant les passages à l’acte de l’extrême droite, dont les partisans électrisés ont déjà largement prouvé leur capacité de nuisance.

"Pour nous, l’ISIS et ses partisans sont des fous complets !", s’est indigné Amir Younis, 42 ans, un administré en colère, en enfonçant le clou : "Nous ne savons pas qui ils sont, ils arrivent de nulle part, et tout d'un coup ils prétendent représenter l'ensemble de la communauté musulmane ! Par ailleurs, l'islamophobie est quelque chose que la communauté islamique ne doit plus tolérer."

Erigé au rang posthume de « héros » par le Premier ministre David Cameron, on se souviendra aussi de David Haines, cet homme engagé au grand coeur et père de deux enfants, pour une de ses vidéos dans laquelle il réhabilitait l’islam avec émotion et conviction, le préservant de tout amalgame dévastateur avec la barbarie : "la foi musulmane n'est pas à blâmer pour les assassinats commis par l’ISIS", insistait-il, en concluant son propos par cette citation extraite d’un verset du Coran : « Or, le bien et le mal ne sont pas égaux. Repousse le mal par ce qui est meilleur » ((Sourate 41, Foussilat : 34-35).

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