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Journée du prisonnier palestinien. Une exigence : Liberté pour tous les détenus palestiniens !

C’est dans un contexte particulièrement sombre, marqué par la poursuite des attaques sanglantes de l’occupation israélienne contre le peuple palestinien dans l’ensemble de ses Territoires – des attaques d’une violence inouïe qui ont fait plus de 100 morts depuis le début de l’année 2023, dont des enfants et des femmes – et la multiplication des violations systématiques de ses droits, que les Palestiniens, disséminés à travers le monde, commémorent, ce lundi 17 avril, la Journée du prisonnier palestinien.

Tout au long de cette Journée spéciale, dédiée aux trop nombreuses victimes de l’Etat d’apartheid israélien, les villes palestiniennes vont vibrer au rythme d’une commémoration poignante. Elle sera ponctuée de plusieurs grands rassemblements, organisés devant les sièges des organisations internationales dans les Territoires palestiniens, ainsi que d’actions de solidarité mises en oeuvre dans de nombreux pays.

A l’occasion de la Journée du prisonnier palestinien, célébrée le 17 avril de chaque année, le peuple palestinien, et avec lui, l’ensemble des personnes solidaires et de bonne volonté à travers le monde vont rendre un grand et bel hommage à tous les détenus en souffrance (hommes, femmes et enfants), qui croupissent derrière les barreaux de l’arbitraire israélien, cruel et infâme.

Les pensées des Palestiniens, où qu’ils soient, sont tournées vers ces hommes, femmes et enfants qui subissent un sort effroyable, notamment depuis le retour de Netanyahou au pouvoir et le durcissement des lois racistes de son gouvernement ultra-sioniste. Les prisonniers palestiniens sont torturés, physiquement et psychologiquement, ils meurent à petit feu, ils agonisent sans soins, victimes de la négligence médicale délibérée de leurs bourreaux et des conditions inhumaines de leur détention.

Dans cet enfer carcéral, leur situation se dégrade jour après jour. Les autorités israéliennes, avec un sadisme sans nom, aggravent encore plus leurs souffrances à coups de mesures illégales, de provocations et d’humiliations abjectes permanentes. Mis au supplice, une mort lente attend les 4 850 prisonniers qui, de surcroît, sont confrontés à l’horreur de la surpopulation carcérale.

Comble de l’odieux, parmi ces prisonniers, figurent les êtres les plus fragiles et vulnérables qui soient : des enfants, des femmes, des personnes âgées, des malades et des blessés

Au surpeuplement carcéral s’ajoutent l’insalubrité des cellules, la mauvaise nutrition et l’isolement individuel, comme le cas terrible du prisonnier Ahmed Manasra, arrêté à 13 ans, qu’Israël continue de maintenir à l’isolement total, malgré la grave détérioration de son état de santé, notamment sur le plan psychique. Nous mentionnons également ici les plus anciens détenus isolés dans les prisons d’occupation, tels que le prisonnier Muhammad Khalil qui, depuis plus de 15 ans, endure la véritable torture qu’est l’isolement cellulaire.

Ahmed Manasra

Il faut rappeler qu’en 2022, quatre prisonniers palestiniens sont morts en captivité, dont trois à la suite d’une négligence médicale délibérée. Voilà comment cet Etat d’apartheid traite les malades palestiniens dans ses geôles infâmes ! Une mort lente et cruelle.

Début 2023, le gouvernement israélien d’extrême droite a renforcé son arsenal de lois contre les prisonniers palestiniens. Parmi celles qu’il a votées, figure la promulgation de lois racistes affectant le sort des prisonniers et de leurs familles, dont la plus importante est le projet de loi sur l’exécution des prisonniers qui ont mené des opérations de résistance contre l’occupation, en plus de la loi sur la révocation de la citoyenneté et de la résidence des prisonniers originaires de Jérusalem et des territoires occupés en 1948.

C’est ainsi que, telle la pire des punitions collectives, l’administration pénitentiaire israélienne annule souvent les visites des familles et des avocats, ainsi que les appels vidéos, pour mieux mettre la pression sur les prisonniers et sur leurs proches désemparés.

Même le Comité international de la Croix-Rouge-CICR, la seule structure autorisée à communiquer directement avec les prisonniers palestiniens et à leur rendre visite, se heurte souvent à des difficultés pour faire entrer les produits alimentaires, les produits d’hygiène et d’assainissement dans la cantine des prisons.

Un autre aspect dramatique dans ce tableau déjà très noir : les arrestations des Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Jérusalem ne connaissent aucune trêve…  Pire encore, les enfants ne sont pas épargnés. Les droits sacrés de l’enfance et le droit international continuent d’être piétinés par Israël. Et cela, malgré l’appel vibrant lancé par l’ONG Defense for Children International, exhortant les autorités israéliennes à prendre des mesures immédiates pour libérer tous les enfants palestiniens détenus dans leurs prisons.

Le constat fait froid dans le dos : presque cinq mille palestiniens sont enfermés dans les geôles israéliennes. Selon les derniers chiffres publiés, début avril, par le Club du prisonnier palestinien-Al-Asir Club, on recense actuellement 4850 détenus, et parmi eux :  

  • 31 femmes ;
  • 160 enfants de moins de 18 ans ; 
  • 5 députés ; 
  • 32 journalistes ;
  •  627 prisonniers malades dont 42 très gravement ;
  •  141 prisonniers âgés de plus de 60 ans ; 
  • 554 prisonniers condamnés à perpétuité une ou plusieurs fois, comme le détenu Abdallah Barghouti, condamné à 67 reprises ;
  • plus de 400 prisonniers emprisonnés depuis plus de 20 ans,  dont 23 détenus arrêtés avant les accords d’Oslo, en 1994. Parmi eux, deux sont en prison depuis 30 ans, dont le plus ancien prisonnier palestinien Mohamed Touss, enfermé depuis 38 ans, considéré comme le doyen des prisonniers palestiniens ;
  • 46 détenus souffrent de maladies graves, telles que le cancer, la leucémie, la paralysie, l’immunité très faible, des difficultés respiratoires, l’hypertension, le diabète, des troubles des fonctions cardiaques, l’épilepsie…, à l’image du prisonnier Walid Daka, gravement malade, détenu depuis 37 ans.
  • plus de 849 sont détenus sous le régime de la détention administrative illégale (sans jugement, ni procès et pour une durée illimitée), dont deux femmes et 6 enfants.

En outre, les autorités israéliennes détiennent toujours les corps de 12 prisonniers palestiniens, morts en prison entre 2018 et 2023, refusant obstinément de les rendre à leurs familles. Ignoble !

Depuis le début de cette année et jusqu’à la deuxième semaine d’avril 2023, l’occupation a arrêté plus de 2320 Palestiniens en Cisjordanie, dont 340 enfants et 39 femmes.

En 2022, il y a eu 8600 arrestations, dont près de 1300 mineurs. 1600 ordres de détention administrative ont été prononcés. Les arrestations visent plus particulièrement les militants, les défenseurs des droits humains, les étudiants, et les journalistes.

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31 femmes, courageuses et déterminées, sont toujours prisonnières. Parmi elles, se trouvent 15 mères de famille, 5 en détention administrative illégale, 9 blessées, et 3 journalistes.

Le Club du prisonnier palestinien a confirmé que l’occupation a arrêté plus de 9500 enfants palestiniens entre 2015 et fin mars 2023. Par milliers, les Palestiniens, résistants, activistes, députés, hommes politiques, militants, engagés, combattants ou simples civils – hommes, femmes ou enfants – croupissent dans les prisons israéliennes, en toute illégalité au regard du droit international.

Nos prisonniers, qui font preuve d’une capacité de résilience remarquable, donnent une magistrale leçon de courage et de détermination, pas seulement aux forces de l’occupation israéliennes, mais au monde entier. Ils sont un exemple de patience et de persévérance, de volonté et d’attachement à la Justice.

Ils sont nos héros, ils sont notre dignité, ils sont notre espoir ! Ils défient l’occupation ! Eux, les militants d’un idéal. Ils sont les prisonniers de la liberté ! Et l’espoir de parvenir à les libérer tous reste intact.

Ils se révoltent, organisent des grèves de la faim et des actions de protestation. La grève de la faim est bien souvent leur seul recours. Ainsi, Adna Khader poursuit sa grève de la faim depuis 72 jours.

En 2023, et comme chaque année, nos prisonniers vont poursuivre de plus belle leur lutte pour faire entendre leur voix, celle des opprimés, pour améliorer les conditions de leur détention et mettre la pression sur les autorités israéliennes. 

Le combat de nos prisonniers pour la liberté est suivi en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, dans les territoires de 1948, et par des milliers de Palestiniens en exil qui, aux quatre coins du monde, agissent concrètement pour les soutenir dans leur résistance quotidienne.

Alors que des initiatives courageuses et appréciées ont été prises dans certains pays par des militants de bonne volonté et des associations de la société civile – via des campagnes, des appels, des pétitions – on ne peut que condamner le silence assourdissant des médias, des intellectuels, des partis politiques, des organisations des droits de l’Homme, et des gouvernements d’un monde qui se dit libre et démocrate, mais qui n’arrive pas à bouger et à réagir devant une telle injustice.

Malgré la cruauté de l’occupant et le silence du « monde libre », le combat de nos prisonniers continuera jusqu’à la liberté, et pour la justice.

Vive le combat légitime de nos prisonniers pour la liberté et pour la vie !

Vive la solidarité internationale avec nos prisonniers palestiniens et avec notre cause de justice !

Derrière ces prisonniers et ces héros, le peuple de Palestine se tient debout, fait et fera bloc, farouchement déterminé à résister, à combattre, jusqu’à la conquête de ses droits légitimes, jusqu’à la sortie du dernier détenu des cachots de l’enfer carcéral israélien.

Ziad Medoukh
Universitaire palestinien, poète et écrivain d’expression française, et fer de lance de l’initiative citoyenne « Gaza, la Vie ».

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