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La spiritualité comme terrain d’investissement (5/7)

Cet article s’inscrit dans une série de 7 sous parties, constituant un dossier sur le soufisme au XXIème siècle, par Shaykh Hamdi ben Aissa.
Pour accéder aux précédentes parties : https://oumma.com/auteur/shaykh-hamdi-ben-aissa/

Pourquoi parler « d’activisme spirituel » aujourd’hui ? 

L’expression même d’activisme spirituel est un oxymore intéressant. Il permet de pointer un des maux des sociétés modernes, à savoir l’activisme comme réalité statique sur le plan du développement de l’âme humaine, contrôlée souvent par les rênes de l’ego, et qui maintient l’individu dans ses blocages en l’empêchant de se développer réellement,  bien qu’il soit, en apparence, en action et en mouvement, parfois même jusqu’à l’épuisement.

A cela nous opposons l’activisme spirituel qui, lui, est une réalité dynamique dans lequel le développement de l’être humain se fait à travers l’engagement dans la vie communautaire. Cet investissement permet à celui qui l’emprunte, en toute conscience, avec intention et attention, de se développer spirituellement et de sortir de son égocentrisme en se mettant au service de l’humanité.

On y apprend à préparer et nettoyer son cœur, sur une voie qui lève et élève l’âme humaine. Apprendre à aimer, à pardonner, à partager la tristesse comme la joie, à s’engager pour autrui et sans rien attendre en retour.

L’activisme spirituel implique une sortie de soi, et demande de sortir de sa zone de confort. Ainsi, c’est l’esprit qui prend les rênes de l’action, de l’engagement de l’être humain. Ce n’est plus son ego (ce mécanisme illusoire qui se fait passer pour l’âme humaine et la pervertit), ni son rationnel restreint. C’est l’esprit, l’entité la plus profonde et la plus particulière de l’être humain, qui se met en mouvement. Le développement spirituel doit, et ne peut se faire en réalité, qu’à travers un tel investissement.

L’utilisation volontaire du terme d’activisme spirituel, malgré le fait que nous essayons d’éviter les mots en –isme avec tout ce qu’ils impliquent, nous permet de mettre en lumière deux phénomènes.  Tout d’abord, le terme d’« activisme » est devenu très positif, et renvoie quasi-systématiquement vers l’activisme politique. Si, dans l’absolu, nous aurions préféré parler d’« agir spirituel », il s’agissait, par ce choix, de mettre en valeur ce contraste et de réorienter la notion d’activisme loin de l’engagement politique souvent égotique que nous pouvons voir de nos jours, et qui se présente comme principal défenseur de la cause humaine. Dans le même temps il s’agissait également de secouer une certaine « fainéantise », de prendre conscience d’une forme de désintérêt pour les affaires de l’homme qui sont devenus caractéristiques d’un certain soufisme moderne.

Les maîtres spirituels les plus orthodoxes du Tassawuf, et le Prophète Mohammed avant eux (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui), ont toujours spécifié que répéter des formules et rester dans son coin ne suffirait jamais à pouvoir rencontrer Dieu. Il faut se mettre au service de l’autre, aller et sortir de soi pour aller à la rencontre de Dieu dans l’autre.

Cette sortie de soi permet de sortir de deux illusions : celle du « spirituel » égocentrique, concentré et « absorbé » uniquement par « sa progression » dans « son cheminement », et celle de l’activiste égotique, qui base sa démarche d’engagement sur l’ego, et qui n’est pas dans l’action mais dans l’agitation.

Le Jihad : quand l’Esprit prend les rênes de l’action

C’est comme cela que le Prophète Mohammed (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui) formait ses compagnons : il les mobilisait et les faisait se mouvoir en leur offrant un terrain d’investissement et d’épanouissement. Le Jihad, loin d’être une guerre militaire, était une culture dans laquelle les âmes s’élevaient et les personnalités se développaient. C’était un terrain de cultivation des êtres.

Le jihad est, malheureusement, souvent traduit par combat au sens guerrier du terme, alors qu’il est présenté comme une obligation pour tous en tout temps, que ce soit en temps de guerre ou en temps de paix. Comment pourrait-on alors limiter ce terme au combat guerrier?

Le jihad est en réalité l’investissement : se donner et s’investir complètement que ce soit intellectuellement, physiquement, émotionnellement, spirituellement. Donner et investir son AVOIR (ses capacités, son potentiel, son capital temps..) au service de l’ETRE. In-vestir, n’est-ce pas, d’un point de vue étymologique, engager tout son in-térieur, pour s’en vêtir? L’engagement est donc un vêtement tissé de sa force intérieure, des dimensions intérieures de l’humain qui, en s’alignant, ne font plus qu’un, dirigées vers Dieu : cœur, intellect et émotions investies sur la Voie, en harmonie.

Cette compréhension du jihad, comme voie d’investissement intégral, offerte à l’élève par le maître spirituel, a toujours été présente en Islam depuis l’exemple du Prophète (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui), et ce jusque très récemment encore. A titre d’exemple, l’Emir Abd al-Qadir commentait ainsi ce verset coranique dans ses « Ecrits spirituels » (Mawqif 197) :

(یَـٰۤأَیُّهَا ٱلَّذِینَ ءَامَنُوا۟ ٱتَّقُوا۟ ٱللَّهَ وَٱبۡتَغُوۤا۟ إِلَیۡهِ ٱلۡوَسِیلَةَ وَجَـٰهِدُوا۟ فِی سَبِیلِهِۦ لَعَلَّكُمۡ تُفۡلِحُونَ)

[Sourate Al-Ma’idah 35]

« Ô, vous qui croyez ! Cherchez Allâh de tout votre cœur, et cherchez un moyen d’accès vers Lui, déployez vos efforts et combattez sur Sa Voie, peut-être parviendrez-vous au succès ! » (Cor. 5:35).

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« Il y a dans ce verset une indication sur le parcours de la Voie qui conduit à la Connaissance (1).

En premier lieu, Dieu ordonne aux croyants de Le chercher de tout leur cœur (al-taqwâ). Cela correspond à ce que, chez nous, on appelle la station de la Tawba qui est la base de tout progrès sur la Voie et la clef qui permet de parvenir à la « station de la réalisation » (maqâm al-tahqîq). (…)

Dieu nous dit ensuite : « et cherchez un moyen d’accès vers Lui » (…). Ce moyen, c’est le maître dont la filiation (nisba) est sans défaut, qui a une connaissance véritable de la Voie, des obstacles qui bloquent l’accès à la Connaissance, et qui sait conduire et guérir les âmes dans leur diversité, en leur proposant les méthodes adaptées. Il y a unanimité absolue des Hommes de Dieu sur le fait que, dans la Voie de la Connaissance, un « moyen d’accès » (wasîla) c’est-à-dire un maître, est indispensable. Les livres ne permettent nullement de s’en passer (…)

« Et luttez sur Sa Voie » : c’est là un ordre d’investir tout son être dans le combat après avoir trouvé un maître. Il s’agit d’une forme de jihad spéciale, qui est menée sous le commandement d’un maître et selon les règles qu’il prescrit. On ne peut faire confiance au combat spirituel mené en l’absence d’un maître, sauf en des cas très exceptionnels, car il n’y a pas un combat spirituel unique, conduit d’une unique manière : les dispositions des êtres sont variées, leurs tempéraments très différents les uns des autres, et telle chose qui est profitable à l’un peut être nuisible à l’autre. »

La volonté première d’engager tout son être dans la quête spirituelle, le fait de rechercher la Proximité Divine de tout son cœur, en désirant se rapprocher perpétuellement de Dieu par amour, doit ensuite nous conduire auprès d’un guide, d’un être ayant déjà parcouru la Voie,  qui nous offrira le terrain d’investissement spirituel dans lequel le combat véritable pourra se faire, et qui seul saura nous conduire jusqu’à la Connaissance de Dieu.

La nécessité de sortir le soufisme de son isolement, et l’activisme de son essoufflement.

La réponse véritable à la question de la place des êtres engagés dans un chemin « spirituel » au sein de la modernité, c’est celle d’un agir spirituel. Traditionnellement, dans le monde du tassawuf, le maître spirituel imposait aux cheminants le service (khidma) comme un pilier incontournable de l’affranchissement de ses carcans, et comme tremplin libérateur de la dimension terrestre pour s’élancer vers Dieu. L’être humain a besoin de s’investir, de se mettre au service pour cheminer hors de lui jusqu’à accéder à Dieu Lui-même !

L’unité et la cohérence entre l’investissement (le jihad comme agir spirituel) et l’exercice de développement de conscience (dhikr) offre une terre préparée et arrosée qui pourra accueillir la Semence que le maître spirituel a préparé et que son regard cultivera et laissera fleurir dans le monde intérieur de son élève.

(Ces notions fondamentales seront reprises et développées dans la suite de cet article).

L’agir spirituel, comme la main agissante de la spiritualité, doit permettre aujourd’hui à la fois de sortir les « spirituels » de leur isolement et les « activistes » de leur essoufflement, tout en visant concrètement l’épanouissement de l’humanité : à la fois de l’humain en nous, et de l’humanité au sens large.

(1) Nous proposons ici un essai de traduction : lemot Taqwa est ici traduit par le fait de chercher Allah de tout son cœur, de chercher à se couvrir d’Allah, à ce que rien nous couvre de Lui, mais qu’Il nous couvre de tout. Il s’agit de la station de la Tawba (voir la phrase suivante), définit non pas seulement comme crainte mais comme amour et volonté de rapprochement perpétuelle.

Par Shaykh Hamdi ben Aissa qui remercie l’ensemble de ses étudiants qui travaillent à la retranscription de ses enseignements. Parmi eux, Thalia Archaoui et Félix Sayd pour leur travail de retranscription et de rédaction, ainsi que Siham Lamti, Raphaël Gély et Mahdi Gabriel Rouani pour leur travail de relecture.

Retrouvez  l’ensemble des enseignements de Shaykh Hamdi ben Aissa en français sur sa page facebook : https://fr-fr.facebook.com/shaykhhamdifr/

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23 commentaires

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  1. C’est dommage de voir autant de résistance à un message pourtant cohérent et clair comme on n’en voit plus. C’est à la fois triste et drôle à voir, les gens font confiance à leur jugement comme s’ils n’avaient pas d’ego, comme s’ils ne pouvaient pas se tromper. Une remise en question s’impose. Ouvrons nos oreilles et nos cœurs au lieu d’argumenter dans le vide.
    Vraiment merci au shaykh et à l’équipe de continuer à publier malgré les voix négatives qui s’élèvent (ou plutôt, qui s’abaissent). Il m’arrive rarement de commenter mais je tenais à ce que vous sachiez qu’on est nombreux à vous lire et à vous soutenir.

  2. Il est rare de voir un article parlant de choses si profondes dans un langage aussi simple, accessible et qui profitent à tous !

    La communauté musulmane et humaine au sens large était le souci principale de Notre Bien-aimé Mouhammad. C’est à travers elle et à l’intérieure d’elle qu’il bâtissait des personnalités fortes et matures capables de porter son message. Voilà le projet.
    C’est dans les interactions, les relations, la rencontre avec l’autre que nous commençons réellement à nous voir. La création d’un environnement qui facilite la transformation et la croissance de l’être, voilà bien un projet dont nous avons aujourd’hui cruellement besoin. La spiritualité se vit et s’investit.

    Merci

  3. Comme le frère Toufik l’a déjà mentionné, votre texte contient un faux dilemme, un faux problème et donc une fausse solution. Comme j’ai vu l’habitude avec laquelle on répond à ceux qui relèvent des problèmes dans vos théories, je n’ai pas trop espoir d’avoir une discussion raisonable…

    Égocentrique c’est être centré sur l’égo, peu importe l’action mené, ou même l’inaction.
    On peut être dans l’activisme spirituel et être égocentrique, comme on peut ne pas être dans l’activisme spirituel et ne pas être égocentrique.

    « Ce n’est plus son ego (ce mécanisme illusoire qui se fait passer pour l’âme humaine et la pervertit), ni son rationnel restreint. C’est l’esprit, l’entité la plus profonde et la plus particulière de l’être humain, qui se met en mouvement. »

    Deux question par rapport au passage ci-haut:
    Vous dites que l’égo se fait passer par l’âme humaine, mais l’égo ce n’est pas justement l’âme humaine ou ce qu’on appelle “nafs” en arabe et qui contient plusieurs degrés différents ?

    Et comment l’esprit peut se mettre en mouvement ? L’esprit n’est pas justement ce qui est immuable et n’est pas affecté par le mouvement ?

    À l’égocentrisme centré sur soi vous proposez un centrisme sur l’autre (par le service à l’autre, à l’humanité), ce qui reste un égocentrisme puisque l’individu devient maintenant centré sur l’égo d’un autre.

    Le soufisme n’a pas à s’intéresser directement aux affaires de l’homme, mais à Dieu seul et par extension les affaires de l’homme. À partir du moment ou on se désintéresse des affaires de l’homme et que l’intérêt est tourné exclusivement vers Dieu, cela profite nécessairement aux hommes. Une fois que l’intérêt est centré sur Dieu, l’activité directement dans les affaires des hommes et la société devient secondaire et on voit mal comment et par quel raisonnement logique vous arrivez à faire de celle-là une nécessité pour le cheminement spirituel.

    Il faut se mettre au service de Dieu et non de l’autre, que ce service de Dieu implique l’autre ou non.

    Vous semblez attribuez à l’isolement une sorte de mal, mais impossible de vraiment savoir quel est le raisonnement derrière ce moralisme.

    L’Émir parle bien d’un Jihad spéciale, mais ne dit pas que cela doit se faire nécessairement par l’investissement au sens de service de l’autre. D’ailleurs il dit le contraire de vous et n’absolutise pas la méthode car les « êtres sont variées ». D’ailleurs, on peut imaginer qu’un maître puisse donnez l’isolement comme méthode à un disciple.

    Toute votre théorie n’est pas nouvelle est appartient aux innovations modernes du courant humaniste religieux et du collectivisme.
    Selon votre théorie, on voit mal pourquoi les nords-coréens ne seraient pas dans l’activisme spirituel pur sous leur chef spirituel Kim Jong-un.

    Autre chose étrange dans votre théorie, c’est que c’est en se mettant au service de l’autre qu’on chemine spirituellement, ce qui veut dire qu’on a pas encore cheminé spirituellement lorsqu’on rentre en contact avec l’autre dans votre activisme spirituel, ce qui fait que les dégâts de notre «égo» sont en quelque sorte vomis sur l’autre. Car en vérité, pour me mettre réellement au service de l’autre, je dois me débarasser de moi, mais je dois me mettre au service de l’autre pour me débarasser de moi! Voilà une contradiction intéressante.

    « »

  4. BismiLLAH

    Je trouve très intéressante la manière avec laquelle les idées sont présentées dans cet article. Il y a en philosophie ce qu’on appelle le sophisme du faux dilemme: on présente à l’audience deux choix qui semblent en surface diamétralement opposés, mais qui, en réalité, ne sont posés que pour établir un troisième choix qui semble être la solution miraculeuse au mal que nous avons nous-mêmes délimité!
    Qui a dit que le tasawwuf d’aujourd’hui n’était, chez ses adhérents, que “rester dans son coin et répéter des formules”? S’agit-il là d’une réalité, c’est-à-dire, d’une vérité prononcée avec une transposition réelle sur le domaine de ce monde qui soit possible? Ou n’est-ce pas plutôt ici question d’une autre généralisation abusive qui servirait de détournement à l’esprit du lecteur un peu naif qui ferait preuve de bon vouloir? Seuls ceux qui n’ont pas vraiment vécu dans une communauté saine ou qui n’ont pas vu un vrai centre spirituel pourront croire ces sottises, ou pire encore, adhérer à cette pensée.
    Les shuyukh traditionnels de l’Islam, héritiers d’une tradition millénaire, qui ouvrent des centres pour que les gens se rappellent de Dieu, qui aident les gens dans leur cheminement spirituel (que vous opposez d’ailleurs au cheminement initiatique, autre exemple de faux dilemme), qui élèvent des gens qui cherchent la Face de Dieu, qui transmettent l’héritage spirituel du Prophète Mouhammad salla Allahou alayhi wasallam, seraient des gens qui font preuve d’une fainéantise et d’un désintérêt pour les choses de l’homme? Vous croyez vraiment à ce que vous écrivez?
    En tout justice, l’article contient aussi de très belles notions, qui serviraient grandement à quiconque en prend connaissance.
    Toutefois, ce qui peut être extrait de cet article, quant à l’action suivant sa lecture de la part d’un lecteur qui adhérerait à ces idées, de par les sous-entendus qui paraissent, non pas entre les mots, mais de ce faux dilemme précédemment mentionné, peut être résumé en quelques points très simples:
    – Les soufis modernes n’ont aucun souci pour les autres êtres humains et créent des machines spirituelles égoistes.
    – Les activistes qui sont sans spiritualité finissent par être épuisés.
    – Vous, lecteur, qui avez tant de souci pour la Oumma, mais qui voyez aussi l’importance de la spiritualité, ne vous tournez pas vers ces deux catégories de personnes (on peut y ajouter, par association, une invitation à mettre de côté tout ce qui aurait un caractère ‘initiatique’ (au sens ou l’auteur l’entend, évidemment), et à mettre de côté tout ce qui se rapproche de près ou de loin de la pensée de René Guénon).
    – Qui donc pourra assouvir cette soif en vous, cher lecteur, à part un cheikh qui vous comprend vraiment, qui a su mettre le doigt exactement sur votre plaie, et qui, selon notre article, est absolument essentiel à votre développement spirituel selon l’unanimité des hommes de Dieu (bien sûr, ceux qui auraient dit cela, autant traditionnels qu’ils soient, ne sont plus des hommes de Dieu par cette exclusion)? Mais qui est donc ce cheikh, ô cher lecteur? Ah, mais bien sûr, celui qui l’a publié!
    C’est ainsi qu’en détournant la personne sincère des autres voies ouvertes devant lui, en lui racontant des mensonges sur ces voies, à travers des interprétations non seulement erronées dues à une ignorance frappante, mais pleines de fantaisie, qu’on arrive à recruter des gens, et qu’on arrive ainsi à les asservir à nous-mêmes, à travers la place si centrale donnée au cheikh dans cet article.

    Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de s’attarder plus longtemps sur les aberrations qui sont contenues dans l’article lui-même, puisqu’elles sont certes nombreuses, mais plutôt qu’il soit nécessaire de montrer la mentalité avec laquelle sont pensés ces propos, et ce qui découle naturellement de la lecture d’un tel article.

    P.S.: Je ne répondrai à aucune objection, vue la manière avec laquelle on répond aux commentaires, avec une approche dénuée de toute raison et de toute réflexion. Je cite: “Ca me rappelle ce que Shaykh Hamdi ben Aissa dit lorsqu’il parle de notre époque, dans laquelle ” les gens lisent beaucoup sans rien comprendre et parlent beaucoup sans ne rien dire”. ” Est-ce là une manière de parler à son frère?

    • Salam aleycoum cher Toufik,

      Merci de remarquer cette manière anormale qu’à eu le frère de me parler. Peut-être que c’est un certain stress qu’il l’a fait réagir comme ça. Que Dieu nous pardonne tous.

      Par ailleurs, j’ai trouvé très intéressantes vos remarques et surtout la notion de sophisme à faux dilemme. Je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui semblait déraisonnable, mais je pense que vous l’avez bien fait. C’est vrai qu’il y a un manque de logique de base que je retrouve à travers les différents articles et une certaine incapacité à bien raisonner. Je dirais même qu’il ne semble même pas y avoir de VOLONTÉ réelle de raisonner à travers les différents commentaires des articles comme si la vérité été déjà atteinte, mais je suis incapable de comprendre pourquoi exactement et cela me laisse perplexe.

      J’aimerais bien pouvoir vous rejoindre en privé, mais je ne sais pas comment.

      Que Dieu nous pardonne tous

      Ali B.

    • Salam aleikum mon frère,
      Votre commentaire me semble pour le coup tiré par les cheveux…

      Dire que certaines zaouïas modernes sont fermées sur elles-mêmes n’est pas un scoop, et cela n’incrimine aucunement les shouyoukh traditionnels que Shaykh Hamdi ben Aissa aime, célèbre, honore et considère comme ses maîtres. D’ailleurs, ces grands hommes ont créé leurs zaouïas ou leurs centres avec des buts multiples, dont notamment celui de servir la population autour, de rayonner sur toute la société. On peut dire que les choses ont évolué negativement, et que cette fermeture sur le monde fait aujourd’hui du soufisme un courant à part, secret et inaccessible alors qu’il a été pendant des siècles la norme de ce qu’était le fait même d’être musulman. Alors qu’aujourd’hui, quelle est la norme ?

      D’un autre côté, dire que l’activisme sans maître spirituel est dominé par l’ego n’est pas un scoop non plus, il n’y a qu’à discuter avec certains acteurs associatifs pour y constater les conflits égotiques qui y sévissent, que ce soit dans l’humanitaire, le social ou tout autre domaine en réalité.

      A moins que vous ne pensiez que tout va bien dans le meilleur des mondes ? que la spiritualité prend toute sa place dans la société, qu’elle soit européenne ou autre ? A moins que vous pensiez vraiment que nous, musulmans, sommes en train de répondre avec panache et beauté aux defis de notre époque ?
      Le temps n’est plus à l’autosatisfaction ni à la suspiscion…

    • Je cite votre propos : “Les shuyukh traditionnels de l’Islam, héritiers d’une tradition millénaire, qui ouvrent des centres pour que les gens se rappellent de Dieu, qui aident les gens dans leur cheminement spirituel (que vous opposez d’ailleurs au cheminement initiatique, autre exemple de faux dilemme), qui élèvent des gens qui cherchent la Face de Dieu, qui transmettent l’héritage spirituel du Prophète Mouhammad salla Allahou alayhi wasallam, seraient des gens qui font preuve d’une fainéantise et d’un désintérêt pour les choses de l’homme? Vous croyez vraiment à ce que vous écrivez?”

      Vous avez lu ça où ? Désolé mon frère, si vous parlez de la logique, c’est ça que j’appelle le sophisme. Vous lui faites dire ce qu’il n’a jamais dit, même l’opposé, en le ridiculisant. Puis vous allez faire une «critique » d’un propos qu’il n’a jamais tenu ?

      Puis je re-cite :
      “Qui donc pourra assouvir cette soif en vous, cher lecteur, à part un cheikh qui vous comprend vraiment, qui a su mettre le doigt exactement sur votre plaie […] Mais qui est donc ce cheikh, ô cher lecteur? Ah, mais bien sûr, celui qui l’a publié! »
      Ça aussi, c’est une caricature, une image et un fantasme que vous voulez coller à tout prix à l’auteur. Un des rôles d’un maitre spirituel est de corriger les dérives qu’il peut constater autour de lui, cela n’a rien d’anormal et ne veut pas dire qu’il se présente comme l’unique secours.

      Votre raisonnement n’est pas logique.

      • Salam aleycoum frère jp,

        Je crois que vous n’avez pas compris le raisonnement du frère Toufik.

        Le texte prétend que le soufisme qui n’est pas engagé dans cette conception moderne d’activisme (que le texte tente de revaloriser en lui donnant une possibilité d’être spirituelle), fait preuve d’un d’un désintérêt pour les affaires des hommes.

        Le frère tente simplement de dire qu’on peut être intéressé par les affaires des hommes sans être engagé dans l’activisme.

        Tous les exemples que le frère Toufik utilisent (“ouvrent des centres pour que les gens se rappellent de Dieu, qui aident les gens dans leur cheminement spirituel (que vous opposez d’ailleurs au cheminement initiatique, autre exemple de faux dilemme), qui élèvent des gens qui cherchent la Face de Dieu, qui transmettent l’héritage spirituel du Prophète”) sont des actions qui peuvent être entreprises en “restant dans son coin” (expression péjoratif dans le texte). Ce qui est amusant c’est que “zawiya” veut dire coin en français.

        Le faux raisonnement relevé par le frère Toufik est le suivant; “rester dans son coin” n’est pas synonyme d’égocentrisme et de désintérêt pour les affaires des hommes.

        En même temps, comme rien n’est vraiment définit dans le texte, il est normal que cela apporte de la confusion un peu partout. D’ailleurs, les concepts les plus importants de leurs textes ne sont jamais définis (mais il n’est pas trop tard pour le faire, cela les aiderait granement).

        En espérant avoir éclaircit votre désaccord.

  5. Aperçus sur l’Initiation, René Guénon, éd. Éditions Traditionnelles, 1964

    CHAPITRE XXXVI

    INITIATION ET « SERVICE »

    Parmi les caractères des organisations pseudo-initiatiques modernes, il n’en est peut-être guère de plus général ni de plus frappant que le fait d’attribuer une valeur ésotérique et initiatique à des considérations qui ne peuvent réellement avoir un sens plus ou moins acceptable que dans le domaine le plus purement exotérique ; une telle confusion, qui s’accorde bien avec l’emploi de ces images tirées de la « vie ordinaire » dont nous avons parlé plus haut, est d’ailleurs en quelque sorte inévitable de la part de profanes qui, voulant se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas, ont la prétention de parler de choses qu’ils ignorent et dont ils se font naturellement une idée à la mesure de ce qu’ils sont capables de comprendre. Non moins naturellement, les considérations de cette sorte sur lesquelles ils insistent le plus sont toujours en conformité avec les tendances prédominantes de l’époque actuelle, et elles suivent même celles-ci dans leurs variations plus ou moins secondaires ; on pourrait se demander, à ce propos, comment le fait de subir ainsi l’influence du monde profane peut se concilier avec les moindres prétentions initiatiques ; mais, bien entendu, les intéressés ne s’aperçoivent nullement de ce qu’il y a là de contradictoire. On pourrait facilement citer de telles organisations qui, à leurs débuts, donnaient l’illusion d’une sorte d’intellectualité, du moins à ceux qui n’allaient pas au fond des choses, et qui, par la suite, en sont venues à se confiner de plus en plus dans les pires banalités sentimentales ; et il est évident que ce déploiement du sentimentalisme ne fait que correspondre à ce qu’on peut constater aussi présentement dans le « monde extérieur ». On rencontre d’ailleurs, de part et d’autre, exactement les mêmes formules aussi vides que grandiloquentes, dont l’effet relève de ces « suggestions » auxquelles nous avons fait allusion, quoique ceux qui les emploient ne soient certes pas toujours conscients eux-mêmes des fins auxquelles tout cela tend ; et le ridicule qu’elles ont aux yeux de quiconque sait tant soit peu réfléchir se trouve encore accru dans le cas où elles servent à des parodies d’ésotérisme. Ce ridicule est d’ailleurs une véritable « marque » des influences qui agissent réellement derrière tout cela, même si ceux qui leur obéissent sont bien loin de s’en douter ; mais, sans insister davantage sur ces remarques d’ordre général, nous voulons seulement envisager ici un cas qui nous paraît particulièrement significatif, et qui, au surplus, se rattache d’une certaine façon à ce que nous avons indiqué tout à l’heure à propos de la « passivité ».

    Dans la phraséologie spéciale des organisations dont il s’agit, il est des mots qui reviennent uniformément avec une insistance toujours croissante : ces mots sont ceux de « service » et de « serviteurs » ; de plus en plus, on les retrouve partout et à tout propos ; il y a là comme une sorte d’obsession, et on peut légitimement se demander à quel genre de « suggestion » ils correspondent encore. Sans doute, il faut faire là une part à la manie occidentale de l’« humilité » ou du moins, pour parler plus exactement, de son étalage extérieur, car la réalité peut être bien différente, tout comme lorsque, dans les mêmes milieux, les querelles les plus violentes et les plus haineuses s’accompagnent de grands discours sur la « fraternité universelle ». Il est d’ailleurs bien entendu que, dans ce cas, il s’agit d’une humilité toute « laïque » et « démocratique », en parfait accord avec un « idéal » qui consiste, non pas à élever l’inférieur dans la mesure où il en est capable, mais au contraire à abaisser le supérieur à son niveau ; il est clair, en effet, qu’il faut être pénétré de cet « idéal » moderne, essentiellement anti-hiérarchique, pour ne pas s’apercevoir de ce qu’il y a de déplaisant dans de semblables expressions, même s’il arrive que les intentions qu’elles recouvrent n’aient rien que de louable en elles-mêmes ; il faudrait sans doute, sous ce dernier rapport, distinguer entre les applications très diverses qui peuvent en être faites, mais ce qui nous importe ici, c’est seulement l’état d’esprit que trahissent les mots employés.

    Cependant, si ces considérations générales sont également valables dans tous les cas, elles ne suffisent pas quand il s’agit plus spécialement de pseudo-initiation ; il y a alors, en outre, une confusion due à la prépondérance attribuée par les modernes à l’action d’une part, au point de vue social de l’autre, et qui les porte à s’imaginer que ces choses doivent intervenir jusque dans un domaine où elles n’ont que faire en réalité. Par un de ces étranges renversements de tout ordre normal dont notre époque est coutumière, les activités les plus extérieures arrivent à être considérées comme des conditions essentielles de l’initiation, parfois même comme son but, car, si incroyable que cela soit, il en est qui vont jusqu’à ne pas y voir autre chose qu’un moyen de mieux « servir » ; et, qu’on le remarque bien, il y a encore une circonstance aggravante en ce que ces activités sont conçues en fait de la façon la plus profane, étant dépourvues du caractère traditionnel, bien que naturellement tout exotérique, qu’elles pourraient du moins revêtir si elles étaient envisagées à un point de vue religieux ; mais il y a certes bien loin de la religion au simple moralisme « humanitaire » qui est le fait des pseudo-initiés de toute catégorie !

    D’autre part, il est incontestable que le sentimentalisme, sous toutes ses formes, dispose toujours à une certaine « passivité » ; c’est par là que nous rejoignons la question que nous avons déjà traitée précédemment, et c’est là aussi que se trouve, très probablement, la raison d’être principale de la « suggestion » que nous avons maintenant en vue, et en tout cas ce qui la rend particulièrement dangereuse. En effet, à force de répéter à quelqu’un qu’il doit « servir » n’importe quoi, fût-ce de vagues entités « idéales », on finit par le mettre dans de telles dispositions qu’il sera prêt à « servir » effectivement, quand l’occasion s’en offrira à lui, tout ce qui prétendra incarner ces entités ou les représenter de façon plus positive ; et les ordres qu’il pourra en recevoir, quel qu’en soit le caractère, et même s’ils vont jusqu’aux pires extravagances, trouveront alors en lui l’obéissance d’un véritable « serviteur ». On comprendra sans peine que ce moyen soit un des meilleurs qu’il est possible de mettre en œuvre pour préparer des instruments que la contre-initiation pourra utiliser à son gré ; et il a encore, par surcroît, l’avantage d’être un des moins compromettants, puisque la « suggestion », dans des cas de ce genre, peut fort bien être exercée par de vulgaires dupes, c’est-à-dire par d’autres instruments inconscients, sans que ceux qui les mènent à leur insu aient jamais besoin d’y intervenir directement.

    Qu’on n’objecte pas que, là où il est ainsi question de « service », il pourrait en somme s’agir de ce que la tradition hindoue appellerait une voie de bhakti ; en dépit de l’élément sentimental que celle-ci implique dans une certaine mesure (mais sans pourtant jamais dégénérer pour cela en « sentimentalisme »), c’est là tout autre chose ; et, même si l’on veut rendre bhakti, en langage occidental, par « dévotion » comme on le fait le plus ordinairement, bien que ce ne soit là tout au plus qu’une acception dérivée et que le sens premier et essentiel du mot soit en réalité celui de « participation », ainsi que l’a montré M. Ananda K. Coomaraswamy, « dévotion » n’est pas « service », ou, du moins, ce serait exclusivement « service divin », et non pas, comme nous le disions tout à l’heure, « service » de n’importe qui ou de n’importe quoi. Quant au « service » d’un guru, si l’on tient à employer ce mot, là où une telle chose existe, ce n’est, redisons-le, qu’à titre de discipline préparatoire, concernant uniquement ce qu’on pourrait appeler les « aspirants », et non point ceux qui sont déjà parvenus à une initiation effective ; et nous voilà encore bien loin du caractère de haute finalité spirituelle attribué si curieusement au « service » par les pseudo-initiés. Enfin, puisqu’il faut tâcher de prévoir toutes les objections possibles, pour ce qui est des liens existant entre les membres d’une organisation initiatique, on ne peut évidemment donner le nom de « service » à l’aide apportée par le supérieur comme tel à l’inférieur, ni plus généralement à des relations où la double hiérarchie des degrés et des fonctions, sur laquelle nous reviendrons encore par la suite, doit toujours être rigoureusement observée.

    Nous n’insisterons pas plus longuement sur ce sujet, somme toute assez désagréable ; mais du moins avons-nous cru nécessaire, en voyant à combien de « services » divers et suspects les gens sont aujourd’hui invités de toutes parts, de signaler le danger qui se cache là-dessous et de dire aussi nettement que possible ce qu’il en est. Pour conclure en deux mots, nous ajouterons simplement ceci : l’initié n’a pas à être un « serviteur », ou, du moins, il ne doit l’être que de la Vérité(1).

    ——————————
    [1] En arabe El-Haqq, qui est, il ne faut pas l’oublier, un des principaux noms divins.

    • Lorsque vous citez René Guénon :

      “Quant au « service » d’un guru, si l’on tient à employer ce mot, là où une telle chose existe, ce n’est, redisons-le, qu’à titre de discipline préparatoire, concernant uniquement ce qu’on pourrait appeler les « aspirants », et non point ceux qui sont déjà parvenus à une initiation effective ; et nous voilà encore bien loin du caractère de haute finalité spirituelle attribué si curieusement au « service » par les pseudo-initiés. ”

      Ce passage est repris dans la suite de l’article lorsqu’il est dit que le Shaykh est précisément celui qui vient détourner l’élève de son narcissisme en lui offrant une relation d’amour spirituel, dans lequel l’élève devra l’aimer plus que lui-même, selon l’enseignement prophétique. Ce n’est qu’une fois que cet amour véritable est effectif que la transmission spirituelle peut s’envisager.

      Le sens du service et de l’activisme spirituel est justement de permettre à l’élève de d’abord sortir de lui-même, et progressivement, dans ce recentrage, de parvenir à dépasser son égocentrisme. Le service du Shaykh est comme l’aimant qui permet à l’élève d’être attiré en dehors de l’emprise de son narcissisme.

      Lorsque le Shaykh a su recentrer l’élève de cette manière, alors le travail spirituel peut commencer.

      Ce sera tout l’objet de la septième partie que vous trouverez prochainement. Je suis heureux de voir que nos avis concordent et que nous parlons de la même chose !

    • Tous ces commentaires tournent progressivement au ridicule. Des paragraphes entiers, des chapitres cités à tout va, tout ça pour ne rien dire ? La seule chose de valeur dans tout ce qui a été dit ici ce sont les 4 dernières phrases que nous avons cité en réponse et qui concordent exactement avec notre propos.

      Ca me rappelle ce que Shaykh Hamdi ben Aissa dit lorsqu’il parle de notre époque, dans laquelle ” les gens lisent beaucoup sans rien comprendre et parlent beaucoup sans ne rien dire”. Il est temps d’arrêter ce mauvais sketch et que chacun entre un peu en introspection…

      • Pardonnez-moi, je ne comprends pas votre agressivité et elle me laisse assez confus.

        C’était juste une citation sur le thème de l’article qui je crois peut être bénéfique à tous.

        Je ne vous connais pas et pardonnez-moi si je vous ai offensé.

        Salam aleycoum, paix et sérénité de Dieu sur votre coeur

        Ali B.

  6. Lorsqu’on se met au service de notre maître spirituel, il nous confie une mission. A ce moment, on entend les mots “ego” et “esprit” comme une jolie théorie lointaine, mais toujours abstraite. On croit alors que l’on travaille sur une mission pour la cause de Dieu, et l’on agit en se disant que l’on a forcément une bonne intention, que l’on va faire de son mieux et donner le meilleur de soi-même. Ce qui est surprenant, c’est que très vite, on réalise que ce n’est pas nous qui travaillons sur la mission en question : en réalité, c’est la mission qui nous travaille… Merci à Oumma d’avoir publié cet article sur ce sujet phare de la spiritualité islamique, le jihad étant une obligation pour chaque croyant.

  7. Cette idée d’activisme spirituel est très intéressante. Effectivement, je vois beaucoup de musulmans autour de moi qui ne sont pas satisfaits de la situation de leur oumma, mais ils ne savent pas comment faire pour changer la situation et se retournent vers des faux terrains d’activisme (ou d’agitation), en adoptant plus ou moins une mentalité occidentale et moderne. Ces personnes pensent qu’elles peuvent changer le monde sans s’occuper de leurs propres intérieurs, ou que la situation se trouve dans le monde “profane”. Malheureusement, ils sont nombreux… Ceux qui ont eu un accès à la réalité de la spiritualité islamique (les soufis) ont le devoir de montrer, aujourd’hui plus que jamais, comment la spiritualité peut servir à la oumma, et à l’humanité en générale, et comment elle peut donner un vrai changement de l’environnement dans lequel nous vivons.

    D’un autre côté, il y a effectivement ce phénomène « d’égocentrisme spirituel »chez les « disciples », issu d’une mauvaise compréhension de tacawwuf. Certains pensent que la réalisation spirituelle est possible en s’isolant et en fuyant le monde extérieur ; or, sans le service, il n’est pas possible de sortir de soi-même et de connaitre Dieu pour de vrai, c’est-à-dire, à travers Ses manifestations.

    Le concept d’activisme spirituel proposé permet donc, a priori, de résoudre la double crise de la modernité : à l’extérieur de nous (le monde moderne) comme à l’intérieur de nous (notre mentalité correspondante). Merci Shaykh Hamdi pour ces enseignements essentiels, adaptés à notre époque et notre contexte. C’est un vrai renouvellement des enseignements Prophétiques !

  8. Article très intéressant soubhanAllah. Ce qui me paraît le plus intéressant, c’est de voir toutes les dimensions de l’Islam (dhikr, Jihad, Recherche d’un guide,…) être si bien rassemblées pour former une toile claire et magnifique.
    On comprend ainsi beaucoup mieux le rôle central du Jihad (dans le sens rapporté dans ce texte) dans la méthode prophétique.
    BarakAllahou Fikoum.

  9. Je comprends mieux, pourquoi certaines personnes pourtant très investies dans une cause militante (écologique, justice, féminisme etc.), se retrouvent souvent dans cette impasse : donner toute leur énergie, et se retrouver malgré tout épuisées par cet investissement !
    Shaykh Hamdi ben Aissa nous explique parfaitement la cause de cet épuisement, avec une grande clarté ! L’investissement, pour être sain, doit être spirituel, dans la voie de Dieu.

    “L’activisme spirituel implique une sortie de soi, et demande de sortir de sa zone de confort. Ainsi, c’est l’esprit qui prend les rênes de l’action, de l’engagement de l’être humain. Ce n’est plus son ego (ce mécanisme illusoire qui se fait passer pour l’âme humaine et la pervertit), ni son rationnel restreint. C’est l’esprit, l’entité la plus profonde et la plus particulière de l’être humain, qui se met en mouvement. Le développement spirituel doit, et ne peut se faire en réalité, qu’à travers un tel investissement.”

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