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Hommage aux travailleurs palestiniens en ce 1er mai 2023

Palestinian men gather to apply for work permits in Israel, at Jabalia refugee camp in the northern Gaza Strip, on October 6, 2021. (Photo by Mahmud hams / AFP)

C’est dans une conjoncture funeste, marquée par le redoublement des attaques meurtrières commises contre le peuple palestinien par les soldats et les colons israéliens – on déplore plus de 100 victimes civiles depuis le début de l’année, dont de nombreux ouvriers – que les travailleurs d’une Palestine martyre célèbrent la Journée mondiale du travail.

Les travailleurs palestiniens subissent de plein fouet une colonisation israélienne toujours plus cruelle et forcenée, qui les spolie et les expulse de leurs terres en toute impunité, quand elle ne les jette pas en prison, dans l’enfer de la détention administrative, ou les assassine lâchement.

Alors que tout autour d’eux, en Cisjordanie et plus encore dans la bande de Gaza sous blocus, n’est que malheur, souffrance, pauvreté, chômage, et que leur horizon est assombri par l’absence de perspectives, ils puisent en eux la force de fêter ce 1er Mai 2023.

En dépit de l’effroyable politique d’apartheid, malgré la misère et toutes les calamités qui nous accablent, empêchant notre sérénité de fleurir, le peuple palestinien, dont je fais partie, ne cède pas et ne cédera jamais. Il n’a jamais cessé de nourrir le besoin de se libérer du joug impitoyable de l’oppresseur, survivant pour mieux reprendre les rênes de sa liberté. 

Et pendant que la communauté internationale continue de se murer dans un silence honteux, se taisant devant les emprisonnements arbitraires, les offensives ravageuses et mortifères, les spoliations de terre et les destructions de maisons scandaleuses, les travailleurs palestiniens restent debout, envers et contre tout. 

Ils jouent un rôle crucial dans notre société, avec un courage et une ténacité admirables. Connus pour leur résistance farouche et leur attachement à leur patrie, on compte plus d’un million de travailleurs dans notre Palestine si douloureusement meurtrie. Plus de 670 000 d’entre eux s’activent dans le secteur privé, parmi eux 69 000 en Cisjordanie occupée, 285 000 dans la bande de Gaza, et 175 000 dans les usines et les champs de l’occupation. 

Victimes de discriminations raciales, leurs employeurs israéliens profitent de leur extrême précarité, les exploitent odieusement et refusent de leur accorder la moindre assurance. Ils sont totalement sous-rémunérés comparativement aux  travailleurs israéliens. Possédant une protection minimale, les travailleurs palestiniens sont obligés de payer les contributions de la sécurité sociale et les frais d’adhésion au syndicat des travailleurs israéliens, sans y être représentés.  

En outre, l’armée d’occupation israélienne les harcèle continuellement au passage des check-points, en les humiliant, les blessant physiquement, voire pire encore, en les assassinant lâchement. Le ministère palestinien du Travail a indiqué que 32 travailleurs palestiniens sont morts sur leur lieu de travail, dans les champs et usines de l’occupation, en 2022.

Dans son bulletin de fin mars 2023, le bureau des Statistiques palestiniennes a confirmé que le PIB a diminué de 4 %, et que les pertes économiques dans les territoires palestiniens dépassent un milliard de dollars pour le premier semestre 2023. 

La Chambre de commerce et d’industrie de Gaza a montré que tous les secteurs économiques, dans cette région sous blocus israélien, ont été paralysés avec une baisse de 60 % du pouvoir d’achat chez les Palestiniens de Gaza, après les bombardements israéliens intensifs sur l’enclave palestinienne en août 2022. Par conséquent, le nombre de personnes qui dépendent des aides nationales et internationales a augmenté de 20 %. Le taux de chômage dépasse les 42 % en Cisjordanie et les 63 % dans la bande de Gaza, avec plus de 70 % des Palestiniens qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté. 

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Même si, actuellement, 16 500 Palestiniens de la bande de Gaza travaillent dans les usines, les ateliers, les restaurants, les constructions et les champs des Territoires de 1948, leurs maigres revenus salariaux ne permettent pas d’améliorer le niveau de vie dans l’enclave palestinienne.

L’inhumanité d’Israël envers les travailleurs palestiniens est telle qu’ils sont constamment rabaissés et se voient infliger des restrictions sur les permis de travail. Le gouvernement ultra-sioniste de Netanyahou utilise les dossiers de délivrance des permis comme d’un moyen de chantage et de pression contre la population civile, en retardant délibérément leur traitement. Et pour couronner le tout, il veille à ce que reste fermé le passage qui leur est destiné : celui d’Erez /Beit Hanoun, au nord de la bande de Gaza.

Les travailleurs palestiniens qu’ils soient en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, dans les territoires de 1948 ou en exil, sont plus que jamais déterminés. Ils veulent croire dans des lendemains qui chantent, des lendemains de changement, de liberté et de justice.

Le peuple palestinien célèbre cette Journée mondiale du travail en ayant une pensée émue pour les travailleurs détenus dans les prisons israéliennes et, pour ceux de Cisjordanie, qui défient l’occupation, le mur de la honte et les check-points, ainsi que le blocus inhumain de Gaza imposé depuis plus de 16 ans ; pour tous les travailleurs martyrs, abattus froidement par les colons et les soldats israéliens sur leur lieu de travail, devant le mur d’apartheid et lors des manifestations pacifiques contre la confiscation de leurs terres ; pour tous les travailleurs qui subissent les humiliations israéliennes dans d’interminables files d’attente aux check-points, pour se rendre sur leur lieu de travail dans l’espoir de faire vivre dignement leurs familles. 

Un grand hommage à nos travailleurs, à nos syndicats, à tous les ouvriers, artisans, pêcheurs, paysans et fonctionnaires pour leur patience, leur combativité, leur détermination et leur lutte pour la dignité !

Merci à tous les solidaires, les syndicats et les travailleurs du monde entier qui célèbrent ce 1er mai en hissant des drapeaux palestiniens et des banderoles qui saluent la résistance des travailleurs palestiniens, appelant à la levée du blocus israélien à Gaza, à la fin de l’occupation, de l’apartheid, et à l’application du droit international en Palestine !

Les travailleurs palestiniens fêtent le 1er Mai dans le sang, les larmes et la douleur, mais ils n’abdiqueront jamais. Vive la Palestine libre et souveraine sur sa terre ! 

Ziad Medoukh
Universitaire palestinien,
poète et écrivain d’expression française, et fer de lance de l’initiative citoyenne « Gaza, la Vie ».

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