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La Grande Mosquée de Birmingham a convié les habitants à prendre le thé contre la haine de l’extrême droite

A Birmingham, la deuxième cité phare d’Angleterre connue pour son architecture ciselée de briques rouges et plus tristement pour sa réputation de fief de l’islamisme qui lui colle désormais à la peau, les nervis survoltés de l’English Defense League (EDL), un dangereux groupuscule d’extrême droite, ont fait trembler le pavé du centre-ville samedi dernier, au bruit sec de leurs rangers et aux cris de leurs slogans anti-islam haineux.
Plus déchaînés que d’ordinaire, ces redoutables fauteurs de troubles, que le tragique attentat de Londres a remis en ordre de bataille, ont fait une démonstration de force fracassante jusque devant la Grande Mosquée locale, hurlant des insultes et des menaces, tout en agitant frénétiquement des bannières islamophobes et xénophobes.
Averti par les forces de l’ordre de cette manifestation à hauts risques, pleine de bruit et de fureur, le président de la majestueuse Mosquée de Birmingham, Muhammad Afzal, a refusé de céder à la peur et, avec un flegme typiquement britannique, a trouvé une parade libérant de doux arômes pour désarçonner les forces du mal de l’EDL :  ouvrir grand les portes de son lieu de culte afin de convier les habitants de toutes confessions, dont des élus locaux et des dignitaires religieux d’autres obédiences, à prendre le thé contre la « division et la haine ».

               Muhammad Afzal

Vous prendrez bien une tasse de thé pour conjurer les vieux démons qui refont surface dans le royaume de Sa Gracieuse Majesté ? C’est une invitation à se fédérer autour d’un délicieux breuvage aux mille et une vertus apaisantes qu’a lancée avec succès Muhammad Afzal, misant sur ce grand rituel de la convivialité anglaise et arabe pour désamorcer la farouche hostilité anti-islam qui grondait à l’extérieur.
« Notre mosquée est ouverte à tous et nous avons pensé que la meilleure réponse à la manifestation serait d’inviter nos voisins autour d’une tasse de thé », a-t-il expliqué à la veille du grand jour, alors que les fidèles étaient en proie à des sentiments ambivalents, partagés entre l’anxiété à la perspective du rassemblement de l’EDL et la joie d’accueillir leurs concitoyens.
Au cours de ce samedi 8 avril houleux à Birmingham, une jeune femme, Saffiyah Khan, peut se targuer d’avoir fait crépiter les flashes et créé un puissant bourdonnement sur les réseaux sociaux, après avoir été photographiée en train de faire face à l’un des militants de l’EDL, sans se démonter et esquissant même un léger sourire. Erigée en symbole de la résistance pacifique à la vitesse de la lumière, l’image de sa confrontation, droit dans les yeux, avec le racisme primaire et sauvage a été largement relayée par les médias britanniques.

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