Dans un débat organisé par l’Institut Radcliffe de Harvard, deux éminents universitaires dressent un constat inquiétant de la situation des musulmans américains depuis les attaques du Hamas.
Asim Ijaz Khwaja, co-président du groupe de travail de Harvard sur la lutte contre les discriminations, et Aslı Ü. Bâli, juriste à Yale, pointent un parallèle troublant avec l’après-11 septembre.
Le “moment charnière” du 7 octobre a ravivé de vieilles blessures. Sur les campus, les manifestations pro-palestiniennes ont déclenché une violente réaction : mécènes qui retirent leurs dons, étudiants arrêtés, présidents d’université contraints à la démission.
Une situation qui rappelle l’onde de choc de 2001, quand la communauté musulmane américaine s’était retrouvée sous surveillance massive.
Pour Aslı Ü. Bâli, la répression actuelle des voix dissidentes sur les campus est alarmante. Elle dénonce des “politiques sélectives” qui, sous couvert de neutralité, visent spécifiquement les protestations pro-palestiniennes.
Plus inquiétant encore : les universités, censées être des laboratoires de libre expression, cèdent aux pressions politiques et financières.
Cette fragilité des institutions universitaires s’explique en partie par leur dépendance croissante aux financements privés. Après des décennies de désengagement de l’État, les universités sont devenues vulnérables aux pressions de leurs donateurs.
Une situation qui menace leur autonomie intellectuelle et leur capacité à protéger la libre expression des idées. Les intervenants notent toutefois une évolution encourageante : l’émergence d’une solidarité intercommunautaire inédite.
Pour la première fois, des étudiants non-arabes et non-musulmans s’engagent massivement pour les droits palestiniens, témoignant d’une prise de conscience générationnelle des injustices au Moyen-Orient.
Face à ce repli, les deux universitaires appellent leurs pairs à défendre l’indépendance académique. Pour eux, l’espoir réside dans la nouvelle génération d’étudiants qui, malgré les menaces, continue à poser les questions fondamentales.
“Le meilleur argument finit toujours par l’emporter”, veut croire Bâli, à condition que les universités assument leur rôle de gardiennes du débat démocratique.
Etes-vous au courant qu’après le 7 octobre 2023, les juifs des USA ont été particulièrement inquiétés dans les universités parce qu’ils étaient juifs ?
C’est d’ailleurs le cas en France et en Europe…