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Une Canadienne musulmane, refoulée à la frontière américaine, raconte son interrogatoire brutal et humiliant

En ces temps agités par de fortes turbulences, sur la terre ferme comme dans les airs, où le moindre mot en arabe suffit à débarquer d’un avion US, manu militari, le passager qui l’a prononcé, et où l’appartenance à la religion musulmane équivaut à un crime de lèse-majesté au pays enchanté de Trump, il faut bien plus que montrer patte blanche, quand on a pour bible le Coran, pour être autorisé à entrer sur le terrain miné que sont devenus les Etats-Unis…

Fadwa Alaoui, une Canadienne d’origine marocaine installée depuis plus de vingt ans au Québec, en a fait récemment l’amère expérience, lors de sa pérégrination mensuelle vers le Vermont pour y faire du shopping.

Alors que son aller-retour régulier s’effectue sans encombre depuis plusieurs années, trouvant devant elle, grandes ouvertes, les portes donnant accès à ce petit Etat verdoyant de l’Amérique idéalisée, quelle ne fut pas sa stupeur de se voir bloquée à la frontière, pour la première fois de sa vie, par des douaniers inquisiteurs qui l’ont interrogée sans prendre de gants, puis refoulée sans ménagement.

C’est sur les ondes de Radio Canada que Fadwa Alaoui a relaté l’ostracisme mortifiant dont elle a été victime pendant quatre heures interminables, gardant un souvenir cuisant de l’interrogatoire auquel elle a été soumise par des autorités frontalières américaines dont tout, en elles, trahissait le racisme anti-musulmans.

Après lui avoir demandé de but en blanc sa religion, chose impensable il y a peu encore, les gentils douaniers de l’ère Trump l’ont interrogée sur sa pratique religieuse en lui lançant un regard noir, avant de lui poser une question pour le moins déstabilisante qui ne souffrait aucune dérobade, ni mutisme …

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« “Vous êtes musulmane ?”, m’ont-ils demandé immédiatement, sur un ton autoritaire. “Oui”, leur ai-je dit. Ils ont tout de suite enchaîné : “Pratiquez-vous votre religion?”. “Oui, bien sûr”, ai-je répondu, et ils ont poursuivi de plus belle : “Dans quelle mosquée allez-vous ? Quel est le nom de l’imam? Où priez-vous ? Où les femmes prient-elles ?” », a raconté Fadwa Alaoui, confiant avoir été désarçonnée par leur énième question et non des moindres : « Que pensez-vous de Donald Trump ? ».

Interloquée, celle-ci s’exclama « Quoi ? », ce à quoi son interlocuteur lui rétorqua, en haussant la voix  : « Que pensez-vous de sa politique ? ». Pour être perverse, cette question piège l’était assurément, et  c’est par une pirouette que Fadwa Alaoui a tenté de se sortir de ce guêpier : « Ecoutez, j’ai une vie bien remplie, je n’ai pas le temps de suivre l’actualité. Il fait ce qu’il veut dans son pays », a-t-elle répliqué.

Son téléphone portable confisqué et passé au crible, c’est une application dédiée à des psalmodies du Saint Coran qui a achevé d’aggraver son cas, faisant d’elle une ressortissante canadienne éminemment suspecte et une intruse indésirable de l’autre côté de la frontière, dans le monde merveilleux de Trump.

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