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Ennemi démocratique ?

Il est intéressant d’analyser l’ambivalence des discours et les disproportions de traitements des différents événements politiques dans le monde, attribués à la Démocratie. Car, bel et bien, on a semble t-il confisqué à la Démocratie ses principes, son discours bref son idéal originel.

Côte d’Ivoire, Egypte et Cie. La Côte d’Ivoire, à situation politique explosive, discours explosif : à qui confisque la voix du peuple, une guerre sans merci est engagée. L’ex-colonisateur français de l’AOF donne les leçons de démocratie et la condamnation internationale est unanime. De l’ONU au FMI, pas de reconnaissance au gouvernement usurpateur. Après la réduction des économies colonisés à la mono-culture ou à la mono-industrie, l’accroissement des dettes vis-à-vis des banques du colon, l’augmentation des disparités sociales, l’exportation positiviste des systèmes politiques, la déculturation…bref au système politique orienté en fonction des besoins des pays européens, l’ex-repenti européen s’ingère pour des motifs plus nobles dans les affaires africaines.

Mais « un passé qui ne passe pas » pour les oreilles, des tiers-monde, tendues au discours démocratique actuel. Simpliste procès d’intentions ou analyse simple et limpide preuves à l’appui. Le FMI, par exemple, par la voix de DSK décide, d’ailleurs, de ne pas collaborer avec un gouvernement non reconnu par l’ONU en Côte d’Ivoire. Bonne gouvernance et transparence, voilà à quoi s’attache l’institution des ajustements structurels conjointement à la Banque Mondiale avant de collaborer avec un Etat.

L’Egypte, les élections législatives de cette fin d’année battent des records de trucage et de violence. Interdits les observateurs internationaux et nationaux, bourrages d’urnes, fraude massive, agressions, le PND, parti au pouvoir de Moubarak, membre de l’Internationale Socialiste, s’assure la victoire. Des critiques, certes, mais pas de rupture de contrat avec l’Egypte de l’un de ses plus grands bailleurs de fond le FMI. Aide au développement de ses marchés financiers et au renforcement du contrôle bancaire, aide à la modernisation des administrations douanières et à la rationalisation des politiques tarifaires… le degré de bonne gouvernance s’est pourtant largement échauffée au travers de cette mascarade électorale : la façade démocratique égyptienne depuis 1981 ne décourage pas la collaboration et la bonne entente avec les institutions de libéralisation économique.

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Virons à gauche et lorgnons vers l’Internationale Socialiste, auquel adhère le PND. Prolongement de l’Internationale Ouvrière ou IIème Internationale socialiste, elle aurait espérer mieux comme discours démocratique de ses adhérents du Parti Socialiste français : un discours ferme, courageux et juste. A la manière d’un Léon Blum, « un homme à fusiller, mais dans le dos » selon C.Maurras, qui répétait en 1936 face aux critiques des ligues aspirants à la dictature et l’élimination du système parlementaire : « Ces hommes haïssent en vous (les partis de gauche du Front Populaire) ce qui vous rend à nos yeux plus particulièrement respectables, le respect que vous avez du peuple… ». Le respect du peuple, où est cet idéal qui laisse aujourd’hui dans les rangs de cette Internationale des partis qui confisquent la voix des peuples et parfois les méprises ? Quand certains se déversent en paroles sur l’un ou l’autre en Côte d’Ivoire, alors que les intérêts seront finalement préservés, et que l’Egypte, poids lourd d’une région stratégique, s’en va aux oubliettes ?

Plus pervers, certains s’y collent et expliquent ce malaise : la dictature plutôt que les islamistes egyptiens, marocains, jordaniens, tunisiens…ou même algériens. L’Algérie a, d’ailleurs, montrée la voie lorsqu’elle a du choisir entre le Front Islamique du Salut et la dictature des éradicateurs, bilan : 200 000 morts au bas mot dans sa guerre des généraux. Le WAFD égyptien, interdit en 1952 réhabilité en 1978 fondée par une féministe et qui prône « la religion pour Dieu et la patrie pour tous », en opposition totale avec le PND a t-il quelque chose d’islamiste ? C’est l’un des deux partis à avoir boycotté les éléctions de 2010 pour ne pas cautionner la « falsification » selon l’un de ses dirigeants. Il est, dès lors, intéressant d’analyser certaines idées qui circulent sur la préference de la dictature à l’islamisme…la peste plutôt que les « infra-humains » pour rappeler le terme utilisé, dans les années noires de 90 en Algérie, par le général Smaïn Lamari qui préférait « éliminer trois millions d’algériens s’il le faut pour maintenir l’ordre que ces « infra-humains » menacent ».

Quand est-il de ces peuples qui votent ? Des millions de voix confisquées. Déniés et infantilisés lorsqu’ils ont voté ? Le paternalisme colonial se mue en une peur de ce qui pourrait être politiquement autre et se propose de redéfinir la démocratie en inventant son péril. « Il nous faut toujours un péril » disait A.Siegfried en 1930. Paul Thibaud, alors auteur de la revue « Esprit » avertissait déjà que la démocratie avait un fondement éthique très fort, n’était pas sceptique mais qu’il y a « un mécanisme qui la pousse à l’ignorance de son propre fondement ». Ce mécanisme est aujourd’hui, semble t-il, bien huilé. Qui est donc aujourd’hui ennemi de la démocratie ? Ou alors, soyons clair et répétons avec le poète et dramaturge allemand Bertolt Brecht « le pouvoir n’a plus confiance en le peuple, il faut changer le peuple ». Voilà dévoilé le vrai ennemi : les peuples.

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