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Égypte : malgré les risques, les femmes continuent de participer aux protestations

L’Égypte n’a eu aucun répit et les manifestations et protestations des citoyens se poursuivent, exigeant divers droits et libertés. Les membres de tous les groupes sociaux continuent de prendre part à ces manifestations. Les femmes et les jeunes filles qui y participent font face à des problèmes spécifiquement liés à leur sexe, de sorte qu’elles ont pris un soin particulier à prendre toutes les dispositions nécessaires pour leur sécurité avant de se joindre aux manifestations.

Sarah al-Sharif, une militante de défense des droits humains, a pris part à de nombreuses protestations, y compris avant la révolution du 25 janvier 2011. Elle a expliqué à Al-Monitor qu’au cours de ces marches et rassemblements, les femmes font face plus que les hommes à des risques physiques. Les femmes ont non seulement à craindre d’être arrêtées ou touchées par des tirs de la police, mais elles sont aussi exposées au harcèlement, et pire, au viol, comme c’est arrivé à un certain nombre de femmes lors du deuxième anniversaire de la révolution. Sharif souligne, cependant, que ces incidents n’empêchent pas les femmes de prendre la rue. Au contraire, elles les rendent plus déterminées que jamais à revendiquer leurs droits.

Sharif a avoué qu’elle prenait certaines dispositions avant de prendre part à une manifestation. Tout d’abord, elle s’assure qu’elle ne sera pas seule, et elle est donc toujours accompagnée par des amies. Cela leur permet de s’entraider au cas où l’une d’elles est blessée. En outre, elle ne porte pas beaucoup d’argent ni de combiné téléphone cher, pour éviter d’être dévalisée.

En outre, elle fait soigneusement attention aux vêtements qu’elle porte. Sharif choisit des vêtements amples pour éviter d’attirer l’attention des harceleurs et évite les couleurs vives de sorte qu’elle ne se distingue pas dans la foule, ce qui pourrait attirer l’attention de la police. Elle porte généralement une combinaison sous ses vêtements pour éviter d’être dénudée au cas où elle fasse une chute ou si elle est arrosée avec des canons à eau par les forces de sécurité.

Hamas Gumaa, une étudiante et militante des Frères musulmans, prend des dispositions supplémentaires. Elle explique à Al-Monitor que comme les autres femmes affiliées aux Frères musulmans, elle n’a pas pour habitude de porter des pantalons. Elle en porte pourtant lorsqu’elle participe à des manifestations, car il lui est alors plus facile de courir, et parfois elle doit sauter par-dessus des clôtures lorsque les forces de sécurité s’attaquent à un cortège. Elle note également qu’elle porte des chaussures de sport pour qu’elle puisse courir facilement et plus rapidement.

En même temps que les tactiques des forces de sécurité évoluent, les préparatifs des femmes changent également. Gumaa dit qu’elle apporte maintenant un masque dans les manifestations, de façon à minimiser les effets des gaz lacrymogènes. En outre, elle porte une bouteille de vinaigre avec lequel les manifestants imbibent leurs masques pour aider à neutraliser les gaz lacrymogènes, ainsi que du Mucogel, une lotion qui contribue à atténuer les effets du gaz sur le visage et les yeux.

Conseils pour les femmes

Izzat Kamel, une militante de défense des droits des femmes, a déclaré à Al-Monitor que les manifestantes sont l’objet de harcèlement par des agents de sécurité non seulement en uniforme, mais aussi en tenue civile – des agents d’infiltration déployés par le ministère de l’Intérieur. Kamel fournit des conseils pour les femmes qui participent à des manifestations : porter un large anneau qui peut être efficace quand il faut frapper quelqu’un qui les attaque ; garder une ou plusieurs broches métalliques dans leurs vêtements pour les utiliser si elles sont approchées par un harceleur ; crier fort si elles sont attaquées pour alerter ceux qui sont proches ; si elles sont appréhendées, contacter rapidement quelqu’un et lui dire ce qui s’est passé avant que leur téléphone portable ne soit volé ou confisqué par la police.

Kamel dit qu’il ne s’agit pas d’inciter à la violence, mais de protéger les femmes autant que possible. Les manifestantes n’utilisent pas tous ces objets, sauf si nécessaire pour éviter d’être blessées. Elles confirment que les autorités, sachant que le harcèlement et le viol sont des moyens efficaces pour briser l’esprit d’une femme, ont toujours tenté de les intimider en envoyant des voyous pour les agresser sexuellement afin qu’elles n’osent plus participer à des manifestations à l’avenir.

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Les femmes ont été très en avant lors des manifestations organisées par les Frères musulmans. Nuran Abdel Fattah, membre à l’Université Ain Shams des Étudiants contre le Coup de force, a déclaré à Al-Monitor que les protestations des Frères sont différentes de celles qui sont organisées par des militants non-Frères. Elle déclare que sur la base de son expérience avec les deux types de manifestations, elle estime que les marches de la Fraternité sont mieux organisées, les parcours sont mieux définis et qu’il y a une plus grande protection pour les participants de sexe féminin.

En outre, les hommes entourent les marches pour empêcher les femmes d’être attaquées, que ce soit par les forces de sécurité ou les provocateurs utilisés par la police pour disperser les manifestations. Abdel Fattah a souligné que les manifestations de la Fraternité sont également dépourvues d’expressions vulgaires ou de chants qui offensent les femmes, quelque chose qui selon elle se produit dans d’autres manifestations.

Al-Monitor 
http://www.al-monitor.com/pulse/ori

Traduction : Info-Palestine.eu – Naguib

 

 

 

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