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Égypte : la vidéo accablante d’un manifestant abattu par la police

Exclusif. Oumma a interviewé l’homme à l’origine de la publication d’une vidéo choc. Celle-ci représente la police égyptienne exécutant froidement un opposant pacifique au régime de Hosni Moubarak.

Ces images sont extraites d’une vidéo mise en ligne vendredi. Filmées depuis un balcon, elles révèlent l’exécution d’un homme par la police égyptienne lors des échauffourées qui se sont récemment déroulées à Alexandrie. Un individu s’avance en direction des forces de l’ordre sans intention visible de leur nuire. Après avoir ouvert sa veste pour montrer qu’il ne portait pas d’arme, il est aussitôt abattu par ce qui semble être un tir provenant des hommes face à lui. Quelques secondes avant l’effondrement au sol de la victime, la vidéaste qui a capturé la scène paraît avoir entendu des bribes de l’échange entre ce manifestant pacifique et les policiers. D’après ce qu’elle relate dans la séquence, l’homme leur aurait demandé de ne pas faire usage de leur arme.

Selon les diverses descriptions associées à la vidéo, ces images ont été tournées dans le quartier de Mansheya le vendredi 28 janvier. La version intégrale, reproduite et mise en ligne par de nombreux internautes depuis samedi, révèle une tension environnante, avec notamment les images de manifestants qui montent des barricades.

Le film a été initialement posté dès vendredi sur Facebook. Ce jour-là, un utilisateur, dénommé Moustafa Mahmoud avait mis en ligne la scène complète sur sa propre page, la veille de sa propagation virale sur Youtube . Contacté par Oumma pour vérifier l’authenticité et le contexte de la vidéo, l‘internaute à l’origine de sa diffusion a fait savoir que le film, réalisé effectivement le 28 janvier à « Manshya square », provient d’une amie. Détentrice de la vidéo originelle, cette étudiante –« toujours apeurée »– lui a indiqué souhaiter conserver son anonymat. Moustafa a découvert la vidéo auprès de son amie durant les coupures qui avaient entretemps affecté Internet dans le pays.

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Révolté par le régime de Moubarak, cet étudiant en pharmacie, âgé de 22 ans, veut témoigner, par sa publication, de la colère de la jeunesse égyptienne : « Quand j’ai vu cette vidéo, j’ai fondu en larmes. Nous avons tous fondu en larmes. Je sais que Moubarak veut cacher ses crimes mais j’ai décidé de la faire connaître au monde. Nous, les jeunes, nous avons fait la révolution, nous ne laisserons personne nous la voler, ni Ayman Nour ni El Baradei ni qui que ce soit d’autre. Nous la continuerons par nos propres moyens et nous espérons y arriver ».

La brutalité de la scène évoque les nombreux témoignages relatifs aux méthodes expéditives de la police égyptienne. A cet égard, le gouvernement français a d’ailleurs sa part de responsabilité : ces dernières années, le ministère de l’Intérieur -notamment sous l’administration de Brice Hortefeux et de Michèle Alliot-Marie- a précisément participé à la formation des forces de l’ordre en Égypte. De toute évidence, durant cette coopération pédagogique, le « pays des droits de l’homme » n’a pas su -ou voulu- contrebalancer la tendance répressive de l’Etat policier. Mais peu leur importent désormais les compromissions de la France : sur la Toile ou dans les rues, Moustafa, son amie et des millions d’autres Égyptiens sont déterminés à poursuivre le combat. Dans « l’espoir d’y arriver ».

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