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Deux Américaines, l’une noire, l’autre musulmane, dénoncent le traitement journalistique réservé aux auteurs musulmans de la tuerie de San Bernardino

L’une est une femme américaine de couleur, écrivain, professeur et en l’occurrence animatrice de télévision, aux commandes de sa propre émission d’actualité et d’opinions sur le réseau MSNBC, l’autre est une femme musulmane, directrice de l’Association arabo-américaine de New York, connue et reconnue pour son activisme communautaire qui s’étend au-delà de la cité où l’on ne dort jamais à plus de 11 Etats, et les deux ont en commun la même consternation face au traitement journalistique de la tuerie de San Bernardino par le New York Times, entre autres, et à l’éternel deux poids deux mesures réservé aux auteurs ou « terroristes » présumés musulmans.

La première, Mélissa Harris Perry, s’est fait un plaisir d’inviter la deuxième, Linda Sarsour, à s’exprimer dans son talk-show, afin de désapprouver à l’unisson la manière sensationnaliste et préjudiciable avec laquelle la photo de Tafsheen Malik, l’épouse de Syed Farook, apparaissant revêtue d’un hijab a été exposée aux yeux de tous, en semblant dire insidieusement : « Voici à quoi ressemble le terrorisme ».

Linda Sarsour s’est, pour sa part, offusquée du brusque changement de registre de la rhétorique médiatique, passant de la condamnation du fléau de la violence des armes à feu à celle de l’horreur du terrorisme islamiste, sans transition, sans les précautions d’usage et en bafouant au passage la présomption d’innocence, dès lors que la confession et le degré de piété des deux suspects principaux ont été divulgués. Un revirement sémantique à 180 degrés d’autant plus facile à opérer que le couple était mort et ne pouvait par conséquent ni s'en émouvoir, ni s'en défendre, et encore moins s’en expliquer…

"Tout d’un coup, on apprend qu’ils sont musulmans et aussitôt les médias commencent à parler de terrorisme. C’est cela qui est frappant et particulièrement perturbant. Quand vous regardez la couverture du New York Times aujourd'hui. Là, il y a un article ayant trait au contrôle des armes à feu. Formidable. Mais juste à côté, on nous montre des photos de l'appartement du couple dans lequel il y a des objets que vous pouvez trouver dans chaque foyer musulman et notamment chez moi", a vivement déploré Linda Sarsour (traduction Oumma).

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"Ce sont des choses que tous les musulmans ont dans leur maison", a-t-elle insisté, en renchérissant : "Donc, que lorsque mes amis qui ne sont pas musulmans se rendent à mon domicile et voient un Coran, des sourates calligraphiées encadrées et posées sur le mur, est-ce censé dire quelque chose sur moi ? C'est absolument scandaleux ! On ne ferait ça à personne d'autre", a-t-elle fermement réprouvé.

"Je veux être moi aussi en mesure d’aborder le problème du terrorisme,  tout en tenant compte des répercussions pour les communautés spécifiques", a poursuivi Linda Sarsour face à Mélissa Harris Perry qui abondait totalement dans son sens, les deux femmes appelant les médias à un peu plus de nuances, de déontologie et à savoir raison garder dans un climat inflammable et anxiogène où un article, son poids des mots et le choc de ses photos, peuvent être l’étincelle qui met le feu aux poudres.

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