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De la nécessité d’agir pour sauver la mosquée Al Aqsa

La situation est alarmante et il faut l’affirmer sans détour : sans un réveil massif des musulmans du monde, la mosquée d’Al Aqsa risque la perdition. Plus largement, c’est l’ensemble de la ville d’Al Qods (Jérusalem) qui, sans ce sursaut, subira une judaïsation totale. Face à ce constat préoccupant, il est grand temps d’abandonner les discours et slogans pour passer à l’action afin de récupérer le minimum de dignité que semble avoir perdu un milliard et demi de  musulmans. C’est maintenant qu’il faut agir. Oui car si un jour la mosquée Al Aqsa venait à s’effondrer les larmes ne seront d’aucune utilité.

Cette feuille de route est destinée aux musulmans de France. Le but est d’orienter leur engagement pour prolonger ici la résistance des Maqdissiyine (habitants d’Al Qods) qui luttent avec abnégation, courage et exemplarité pour sauvegarder ce patrimoine islamique dont ils ont eu la lourde charge d’abriter.On savait l’occupant coupable des pires atrocités même envers la dignité humaine. Le voici qui touche le fond de l’ignominie en violant les édifices sacrés.

1 – Il faut d’abord faire connaître au maximum la situation tragique d’Al Aqsa, première Qibla pour les musulmans et troisième lieu saint de l’islam. Située sur l’esplanade des mosquées dans la partie orientale d’Al Qods, cette mosquée a été prise pour cible il y a quelques jours par des dizaines de policiers israéliens, notamment après la grande prière du Vendredi 24 février. Les vidéos qui circulent montrent la violence de l’assaut qui est corroboré par le témoignage oculaire de militants français présents sur place. Ce n’est pas le premier et ce ne sera certainement pas le dernier.

La mosquée fait régulièrement l’objet d’agressions par des colons extrémistes juifs qui veulent sa disparition. Il y a deux ans, nous avions alerté sur le fait que des protestants évangélistes américains manifestaient à quelques encablures d’Al Aqsa pour exiger sa démolition[1]. Oui, vous avez bien entendu. Et ce n’est pas une illusion.

 En 1969, un illuminé australien avait incendié une partie de la mosquée Al Aqsa. Il y a 18 ans presque jour pour jour, Baruch Goldstein, un juif religieux ultra-raciste (de nationalité israélo-américaine) débarque dans la mosquée Ibrahim Al Khalil (Hébron) et massacre 30 palestiniens. Sa tombe fait aujourd’hui office de lieu de pèlerinage pour les milliers d’extrémistes qui caressent le rêve de reproduire le même exploit. L’animosité est telle que nombre d’entre eux revendiquent officiellement « un droit à la haine ». Et selon le quotidien Ha'aretz, un nouveau massacre n'est qu'une question de temps.

En plus de ces agressions répétées, il faut savoir que les “fouilles archéologiques“ entreprises par la municipalité de Jérusalem depuis des années ont pour effet d’affaiblir les fondations de l’esplanade des mosquées et menacent sa stabilité. Des fissures sont apparues sur des murs. Ces transgressions ne sont pas les seules : la plupart du temps, il est interdit aux Palestiniens de moins de 50 ans d’y célébrer la grande prière de Jumu’a de peur de « débordements » Il y a deux ans, c’était un cimetière musulman (dans lequel reposaient deux cents sépultures dont plusieurs ‘oulémas) qui avait été rasé par les bulldozers israéliens. Comble du déshonneur, il y a quelques jours c’est un dépôt d’ordures qui a été installé au cœur du cimetière de Bab Alasbat situé près de la mosquée sacrée[2]. Jusqu’à quand tant d’arrogance ?

2 – Le siège de la mosquée Al Aqsa n’est que le prolongement de l’insupportable humiliation qui vise particulièrement la ville d’Al Qods. Même les rapports très officiels de l’Union européenne s’émeuvent de cette colonisation à marche forcée. Le but est clair : en faire la capitale « éternelle et indivisible de l’Etat d’Israël ». Depuis 1967, toute une batterie de mesures ont été prises pour vider les quartiers palestiniens de leurs habitants et y installer des colons à leur place.

Il faut donc casser ce cercle infernal de l’oubli et de cette malheureuse habitude de constater sans réagir ces atteintes répétées au droit. Le minimum à faire pour les musulmans français est donc de faire connaître cette situation. Car l’information est la première étape de la mobilisation d’où l’importance d’alerter et de communiquer le plus largement.

3 – La riposte ne doit pas se cantonner dans le transfert d’informations. Devant tant de mépris, une décision s’impose. Il est temps que les musulmans s’engagent totalement dans la campagne BDS. Cette campagne doit être relayée, propagée et amplifiée dans tous les espaces de mobilisation communautaire.

C’est certainement le moyen le plus efficace pour  forcer Israël à respecter le droit et l’exemple sud-africain qui a vu un boycott international mettre un terme à l’Apartheid est là pour nous le démontrer. C’est une nécessité citoyenne doublée d’une obligation religieuse. Les textes qui justifient cette posture sont légion dans la jurisprudence islamique[3].

Car après la colonisation à plein régime, la judaïsation forcée de Jérusalem, les expulsions massives, les arrestations arbitraires de députés palestiniens, la construction du Mur de la Honte, les spoliations en tout genre sans oublier Gaza meurtrie, ravagée, complètement isolée et dont le seul crime est d’avoir mal voté, comment ne pas broncher ? La campagne BDS est une exigence de foi et de principes. Et la victoire contre Agrexco est l’illustration parfaite qu’une mobilisation citoyenne transversale peut aboutir à des résultats inespérés. Pour plus d’infos c’est par ici : www.bdsfrance.fr

4 – Nous sommes dépositaires de la délégation d’autorité faite aux Imams et aux autorités religieuses. Comme pour la question du marché du halal, la balle est dans le camp des citoyens musulmans qui peuvent (ou plutôt qui doivent) exiger de leur autorité religieuse une prise de position face à cette question centrale d’Al Aqsa. Trop de responsables de mosquées sont frileux à l’idée de traiter ce sujet notamment lors des sermons du vendredi qui constituent pourtant un formidable espace d’éducation populaire.

La prise de conscience, étape préliminaire d’un engagement militant, peut aussi se faire par ce biais. Les mosquées appartenant à ceux qui les fréquentent, chaque citoyen musulman peut agir concrètement en questionnant voire en exigeant un sermon sur la place que doit occuper Al Aqsa dans le cœur de tout musulman et sur la nécessité d’agir intelligemment pour contribuer à sa sauvegarde. De même que des Jumu’a sur la nécessité du BDS devraient aussi se tenir. La balle est donc dans le camp des fidèles donc de celui qui lira ce texte.

5 – A l’approche des élections, on ne peut faire abstraction de la question du vote. Utilisé à bon escient, il peut se révéler d’une efficacité redoutable. Les musulmans se doivent d’en faire bon usage en interpellant les candidats aux élections présidentielles mais également (et surtout) aux législatives sur leur attitude face au drame palestinien.

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Ce sujet revêt en effet une dimension fondamentale car il synthétise à lui seul les principes sur lesquels doivent se baser l’acte électoral : la lutte pour la dignité, la justice et le respect du droit. Il est impensable ici de voter pour un parti qui se tairait sur cette injustice manifeste. Sur ce sujet le PS comme l’UMP, aveuglés par un incroyable soutien inconditionnel à Israël, ont du souci à se faire. C’est bien de cela qu’il s’agit : la contribution citoyenne des musulmans de France doit passer par un vote qui soit exigeant et prêt à sanctionner les programmes hypocrites de partis qui n’ont pas le courage d’assumer leurs convictions et qui, trop souvent, les trahissent en toute impunité.

6 – L’un des moyens d’augmenter la conscientisation des musulmans est aussi de partir en mission de solidarité en Palestine. Comme pour les deux autres mosquées sacrées, le pèlerinage à la mosquée Al Aqsa est formellement conseillé. Selon un hadith, le Prophète Saw a dit : « Qu'on arrange le voyage pour la prière qu'a trois mosquées : la mosquée Al-Haram (mosquée sacrée de la Mecque), la mosquée du Prophète (à Médine) et la mosquée Al-Aqsa (à Jérusalem)".

De même, selon une autre tradition prophétique, une prière à Al Aqsa vaut 500 prières accomplies dans un autre lieu. Ces voyages, organisées notamment par les associations françaises de défense des droits humains[4], sont formateurs et permettent de forger une conscience politique. Au lieu d’aller au bled ou en vacances je ne sais où, ce voyage pour un jeune musulman aura un triple mérite : un pèlerinage religieux, un acte de résistance et une expérience inoubliable d’enrichissement personnel. Ce faisant, il réaffirmera la souveraineté islamique sur ce lieu historique du patrimoine de la civilisation musulmane.

9 – L’occupation d’Al Qods doit être combattue par les musulmans pour des raisons islamiques et humanistes. Il est donc fortement souhaitable d’envisager cette lutte dans le cadre d’un partenariat avec tous les non-musulmans qui partagent ce souci de la sauvegarde des droits inaliénables du peuple palestinien. Car il s’agit de défendre la dignité humaine, cause qui ne connaît pas d’assignation communautaire. A ce propos il est bon de rappeler certaines évidences : la base du conflit est une entreprise coloniale. L’ennemi n’est pas le juif mais le sioniste dominateur et colonisateur. Rappelons d’ailleurs que c’est le Calife Omar Ibn Al Khattab (Rad) qui permit aux juifs de retourner à Jérusalem en 638 après de longs siècles d’interdiction…

8 – Il aurait peut-être fallu commencer par ça mais il est bon de finir par le plus important. Ne jamais négliger la force des do’as et invocations. De même que les bienfaits que peuvent constituer les sadaqas (aumônes) à l’endroit de ceux qui crèvent à Gaza ou aux check points de Cisjordanie. Ils ont besoin de notre soutien spirituel autant que de notre solidarité financière. C’est le minimum que l’on puisse faire[5].

Inutile de préciser le caractère cataclysmique d’une attaque de colons qui mettraient en péril la mosquée Al Aqsa. Pourtant à force d’agressions, de tests et de provocations, il se pourrait que ce cauchemar devienne réalité. Ce texte est donc aussi une mise en garde. D’autant plus que, de l’avis des dizaines de millions de personnes qui font les révolutions de Tunis à Damas, le souffle qui balaie aujourd’hui les dictatures du monde arabe ne trouvera son aboutissement qu’avec la libération d’Al Aqsa.

Quant aux musulmans, sans ce réveil, ils n’auront que leurs yeux pour pleurer. Avant d’arriver à ce stade suprême de la honte, cette petite histoire devrait nous faire réfléchir : « Le 2 janvier 1492, Boabdil, dernier roi de Grenade, capitula devant les armées des Rois Catholiques. Sur le chemin de l’exil, au lieu-dit “Le dernier soupir du maure“, Boabdil se retourna vers la capitale de son royaume perdu et pleura. Sa mère lui lança :« pleure comme une femme ce que tu n’as pas su défendre comme un homme »… Il est donc grandement temps de se bouger.

 

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