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Birmanie : des émeutes anti-musulmanes font 32 morts et brûlent des mosquées

Depuis plus d’un an, les flambées de violences ont la couleur rouge sang du génocide en Birmanie, notamment dans l’Etat d’Arakane, sous couvert d’affrontements interreligieux instrumentalisés qui persécutent la communauté musulmane, sans pitié ni trêve.

Sous les cieux assombris de la purification ethnique, une minorité de musulmans apatrides, particulièrement meurtrie et oubliée de tous, les Rohingyas, s’est tragiquement rappelée à la mémoire de la communauté internationale comme étant l’une des minorités les plus martyrisées au monde, selon un classement établi par l’ONU.

Les destructions de biens, les agressions, viols, et homicides illégaux ont redoublé sous la fureur des Rakhines bouddhistes et des forces de sécurité, qui font régner la terreur parmi une population musulmane birmane majoritairement issue d’Inde, de Chine ou du Bangladesh. Une terrible répression qui reflète des décennies de divisions ethniques et religieuses, et qui a connu une nouvelle escalade haineuse, mercredi dernier, dans la ville de Meiktila, située à 130 kilomètres de la capitale Naypyidaw.

Une simple querelle entre un vendeur musulman et des clients a dégénéré, embrasant littéralement la petite bourgade pendant trois longs jours, mais aussi d’autres communes limitrophes, des moines bouddhistes, déchaînés contre les habitants musulmans, ayant transformé la ville en coupe-gorge. Le bilan ne pouvait qu’être macabre : plus de 40 mosquées et maisons habitées par des familles musulmanes ont été incendiées, tandis que 32 corps calcinés gisaient dans les rues, sans oublier plus de 9 000 musulmans déplacés.

"La plupart des maisons appartiennent aux musulmans, on n’avait jamais vu ça ici", a déclaré un fonctionnaire de service à l'Agence France-Presse (AFP) sous couvert d'anonymat. "Tout s'est passé si vite", se lamente une femme, sous le choc. "Certaines personnes ont détruit les maisons. Nous sommes désolés. Nous ne voulions pas que les choses se passent ainsi", a-t-elle confié, bouleversée.

Pour les leaders ethniques, cette violence paroxystique signe l’échec du gouvernement birman, et plus particulièrement de son président réformateur Thein Sein, aux commandes du pays depuis deux ans, qui prêche la paix, quand l’armée fait, elle, parler les armes.

Alors que la ville dévastée de Meiktila a été placée, samedi, sous état d'urgence, et que des responsables bouddhiste, musulman, hindou et chrétien ont lancé, dimanche, un vibrant appel à la réconciliation nationale dans la presse officielle, le sommet de l’Etat a, lui, mis en garde lundi contre  «l’extrémisme religieux», tout en promettant de pacifier les relations  entre bouddhistes et musulmans.

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Le communiqué officiel a choisi les mots de l’apaisement, précisant que les déplacés seront réinstallés au plus vite, en fonction des conditions de sécurité. « Des discussions seront engagées pour reconstruire la confiance entre les communautés », pouvait-on lire.

Rétablir la confiance entre oppresseurs bouddhistes et opprimés musulmans, entre bourreaux et victimes, une sacrée gageure, pour ne pas dire plus. Et que penser de l’incident de vendredi dernier, au cours duquel des journalistes de médias étrangers et birmans ont été pourchassés par des moines bouddhistes et des jeunes hommes armés de couteaux et de bâtons, si ce n’est qu’il n'augure rien de bon dans un ciel sans éclaircie salvatrice à l'horizon.

 

 

 

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