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Anonyme pendant 120 ans, une pierre tombale a été posée sur la sépulture de la première anglaise convertie à l’islam

Exhumée de l’oubli dans lequel elle avait été injustement ensevelie depuis 1900, l’année de sa mort prématurée, à seulement 35 ans, Fatima Elisabeth Cates n’est plus l’illustre inconnue qui reposait dans le cimetière d’Anfield, au nord-ouest de Liverpool.

Effacé tristement de la mémoire de ses contemporains et des générations qui suivirent, le souvenir de la première anglaise convertie à l’islam, en 1887, ne fut ni gravé dans les coeurs, ni dans le marbre d’une stèle funéraire. Un souvenir pourtant des plus inspirants, qui disparut avec elle, dans une tombe restée anonyme pendant plus d’un siècle.

Sans l’intervention d’Hamid Mahmood, 37 ans, le directeur d’une Madrassah à Londres portant son nom, le lumineux souvenir de la première chrétienne à avoir répondu à l’appel d’Allah dans l’Angleterre victorienne serait, sans doute, resté à jamais enfoui dans les limbes de l’histoire. 

Fort heureusement, il n’en fut rien. Se sentant plus que tout autre investi d’un devoir de réhabilitation mémorielle envers Fatima Elisabeth Cates, née Francess Elisabeth Murray, une femme décrite comme « courageuse », notamment pour avoir « défendu ce en quoi elle croyait » tout au long de son existence, ce dernier se mit en quête de sa dernière demeure. Il finit par la localiser en 2020, là où personne ne l’avait jamais cherchée. 

« Étant un musulman qui a grandi ici, en Angleterre, et dirigeant une Madrassah destinée aux enfants musulmans nés ici, je voulais, à travers la belle et incroyable histoire de Fatima Elisabeth Cates, renforcer leur sentiment d’appartenance à la terre qui les a vus naître », a expliqué Hamid Mahmood, cet infatigable éveilleur des consciences de l’autre côté de la Manche.

Alors qu’elle n’avait que 22 ans, la vie tout entière de celle qui se prénommait encore Frances fut bouleversée par une conférence à laquelle elle assista et par l’éloquence de son orateur, Cheikh Abdullah Quilliam, un avocat de Liverpool. Celui-ci, avant de franchir le pas de la conversion lors d’un séjour au Maroc, s’appelait William Quilliam.

Contrairement à Fatima Elisabeth Cates, l’Histoire a retenu son nom, à la fois en tant que l’un des premiers sujets masculins convertis à l’islam et fondateur de l’une des premières mosquées ancrées au coeur de l’Angleterre. Un petit manuel sur l’islam lui fut même demandé par la famille royale de l’époque.

Cheikh Abdullah Quilliam, alias William Quilliam
Cheikh Abdullah Quilliam, à droite sur la photo, dans la mosquée de Liverpool

Depuis fin 2022, grâce à la collecte de fonds lancée par Amirah Scarisbrick, une mère de famille britannique qui, 122 ans plus tard, marche sur les traces de sa grande inspiratrice en ayant embrassé l’islam, une pierre tombale a été enfin posée sur le lieu de sépulture de Fatima Elisabeth Cates. 

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« Imaginez un peu, elle a été la première anglaise à devenir musulmane au 19ème siècle, ce fut la première femme musulmane de Liverpool ! Même si elle n’avait que 35 ans lorsqu’elle est décédée, l’héritage qu’elle a laissé derrière elle est inestimable et la source d’inspiration qu’elle représente pour la communauté musulmane est immense », s’enflamme Amirah Scarisbrick à l’évocation de celle à laquelle elle voue une admiration sans bornes.

« Son combat est notre combat, et je suis sûre qu’il a été bien plus dur que celui que nous livrons aujourd’hui. Son exemple est tellement fort, impressionnant et inspirant ! », a-t-elle renchéri avec émotion.

Alors qu’elle est sortie de l’anonymat dans lequel elle avait été reléguée, le long silence qui entourait la tombe de Fatima Elisabeth Cates a été brisé par les invocations qui y résonnent désormais. Rassemblés autour d’Amirah Scarisbrick, plusieurs membres de la communauté musulmane de Liverpool se recueillent, en effet, régulièrement devant ce futur haut lieu du souvenir à la mémoire de la pionnière de l’islam sous l’ère victorienne, d’une « fidèle servante d’Allah » dans la société anglaise de la fin du XIXème siècle.

En guise d’épitaphe sur sa stèle funéraire, c’est la dernière strophe d’un poème à la forte résonance, composé par Fatima Elisabeth Cates en 1892, que les musulmans de Liverpool ont choisi de mettre en exergue :

« Puissions-nous toujours tenir compte de l’avertissement que Dieu a donné, afin que nous puissions en toute sécurité emprunter le chemin qui mène au ciel ».

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