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Histoire des français venus d’ailleurs de 1850 à nos jours

L’histoire de la France industrielle est traversée par le phénomène migratoire. C’est cette tautologie qui nous est présentée, ici, par Vincent Viet dans son essai. L’ouvrage laisse perplexe pour qui a lu la précédente et remarquable étude de cet historien « La France immigrée. Construction d’une politique (1914 – 1997) » ; publiée chez Fayard en 1997 (cliquez ici pour vous procurer ce livre sur Amazon). Pourtant, elle apporte à ceux qu’intéresse l’histoire de l’immigration, des renseignements importants. Après présentation de l’ouvrage, cette recension en examinera tour à tour les aspects positifs et les aspects négatifs.

Sur la forme : d’une construction très académique, le travail de Viet adopte une chronologie non thématique ; on y retrouve les grands moments de basculement de l’histoire contemporaine française que sont la fin du dix-neuvième siècle et les prémices de l’essor industriel que doit accompagner une forte affluence de main d’œuvre ; les deux guerres mondiales et l’entre deux guerre ; les redéfinissions de la politique d’immigration en France depuis la fin de la seconde guerre mondiale aux crises économiques des chocs pétroliers ; et enfin de la crise sociale de mai 68 à nos jours.

Sur le fond : l’on retiendra un louable effort de Vincent Viet pour dire que la société française est étrangère à ceux qui y arrivent ; comme lui sont étrangers les nouveaux entrants. Ainsi, cette ouverture sur une double altérité propose – enfin – un point de vue dépassionné sur l’immigration. L’étranger c’est l’autre, quelque soit le point de vue que l’on adopte.

L’œuvre propose également un certain nombre de définitions et de constructions théoriques nouvelles. Ainsi est mise en avant cette notion de Francétranger conforme au titre de l’essai et qui souligne le point de vue, toujours suggéré et jamais énoncé, de l’auteur : un étranger arrivant en France y resterait étranger (ou d’origine étrangère). Comme une critique adressée aux mécanismes de l’intégration qui ne fonctionneraient pas, Viet nous demande de lire, en creux, une abominable distinction entre les « français de souche » et les français d’ailleurs… C’est le sujet qu’il questionne : comment peut-on être à la fois français et étranger, ne pas être tout à fait l’un ni entièrement l’autre, ou se sentir étranger tout en étant français, ou bien encore se percevoir étranger en France ou français à l’étranger…

La force principale de cette étude est de restituer le cadre juridique et institutionnel de l’immigration en France. Mais elle offre deux défauts majeurs : Viet mélange dans son approche, l’histoire et la sociologie, sans proposer au lecteur des outils pour y voir clair. De plus, il donne des immigrés, tout au long de son texte, une image de victimes de la société française qui les agresse « évidemment », comme si la xénophobie était une pulsion naturelle des peuples et des Français en particulier.

Mais en rien il ne définit les changements de la société française. Ainsi, en ne relatant que les « agressions » physiques et institutionnelles faites à « l’entrant » dans la société française, il ne traite plus le sujet comme si les deux entités, la société française et le nouveau venu, étaient étrangères l’une à l’autre. Il ne retient plus, de manière implicite, qu’un seul étranger et c’est l’entrant.

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Il considère donc que la société française est caractérisée par l’immobilisme et perd ainsi, au fil de son étude, la ligne directrice qu’il annonce en introduction.

Vincent Viet, Histoire des français venus d’ailleurs de 1850 à nos jours (cliquez ici pour vous procurer ce livre sur Amazon)

Editions Perrin, Collection Tempus

280 p. – 9 euros.

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