L’approche de l’élection présidentielle attise les velléités et autres appétits de supplétifs politiques de la droite et de la gauche, dont l’un des dénominateurs communs est l’islamophobie. Depuis les années 80, nous avons assisté à une montée croissante de l’islamophobie, qui a aujourd’hui contaminé l’ensemble de l’échiquier politique de l’extrême droite à l’extrême gauche. Les cas illustrant cette réalité sont légion et nous n’allons pas en faire le rappel ici, il suffit de visiter les sites de la Coordination contre le Racisme et l’islamophobie ou du Collectif Contre l’Islamophobie en France pour en avoir le cœur net.
Ce qui préoccupe aujourd’hui un grand nombre de musulmans de France, et qui fait débat au sein de la « communauté musulmane », c’est le choix du candidat pour l’élection présidentielle et l’angoisse sous-jacente de savoir qui nous fera le moins mal pendant son quinquennat. Or les enjeux de cette élection sont dérisoires au regard d’autres échéances comme les législatives, les municipales ou les européennes. Les musulmans de France savent parfaitement qu’aucun des candidats éligibles n’est capable de porter la moindre de leurs revendications de justice sociale, de lutte contre l’islamophobie ou d’égalité de traitement, mais certains beaux parleurs s’évertuent et perdent leur temps à tenter de nous vanter les mérites illusoires de tel ou tel candidat.
De notre côté, forts de quelques décennies de militantisme lucide et sans illusion sur les postures paternalistes, voire charitables, parfois néo-coloniales, racistes, ou carrément islamophobes de certains compagnons de lutte ou adversaires politiques, nous sommes arrivés à la conclusion que seul notre propre engagement dans le champ politique pourrait nous laisser croire à un véritable changement de notre condition. Mais compte tenu du taux d’abstention sidérant dans nos quartiers et au sein de la « communauté musulmane », et du dégoût ressenti à l’égard de la classe politique et de ses ténors, soumis à l’ordre ultra libéral et au capitalisme financier, nous n’avons donc rien à espérer de l’élection du prochain président de la République.
UNE CAMPAGNE POUR NOUS COMPTER
C’est pourquoi, il nous a paru intéressant de lancer une campagne de vote particulière pour cette présidentielle, en attendant que le vote blanc soit pris en compte comme une forme d’expression politique. Nous avons donc décidé de lancer l’appel à voter « NON A L’ ISLAMOPHOBIE ! ». A l’origine, nous pensions mettre dans les urnes un bulletin mentionnant « OUI A LA LAICITE, NON A L’ ISLAMOPHOBIE ! », mais compte tenu du fait que la laïcité est devenue une arme de criminalisation massive et une nouvelle religion que certains rêvent d’imposer à tous, nous avons maintenu le slogan « NON A L’ISLAMOPHOBIE ! ». Un slogan que nous aimerions voir inonder les urnes de France, afin de créer un électrochoc dans l’opinion publique et au sein de la classe politique.
L’autre objectif de cette campagne qui, nous l’espérons, sera relayée par l’ensemble des organisations musulmanes, est aussi de nous compter, et de savoir à quel niveau d’organisation et de mobilisation nous pouvons envisager notre structuration sur le plan politique. Ceci constituera un critère d’évaluation de notre capacité à nous détacher des promesses et des illusions véhiculées par la classe politique, dont la gestion de nos problématiques n’a fait qu’empirer, d’une échéance à l’autre. Et enfin d’estimer nos potentiels pour les échéances plus accessibles, et à venir.
Le fait que ce vote ne soit pas comptabilisé ne nous empêchera pas de participer au dépouillement dans certains bureaux de vote symboliques, dans certaines villes, et de nous faire une opinion, par extrapolation, sur le nombre de citoyens conscients des enjeux et du rôle dans lequel les politiques actuels voudraient les cantonner.
LES LEGISLATIVES UNE OCCASION DE VOTER UTILE ET/OU DE S’ENGAGER
Les élections législatives sont une occasion de freiner la déferlante et le train islamophobe dans lequel la gauche s’est embarquée, à travers le vote au Sénat de la Loi liberticide et islamophobe du 17 Janvier 2012, visant les assistantes maternelles musulmanes.
Nous avons lancé une pétition contre cette loiwww.crifrance.com, qui a déjà recueilli près de 30 000 signatures, malgré la réticence de la plupart des organisations musulmanes à la relayer, et nous demandons aux futurs députés de s’engager par écrit sur leur volonté de légiférer contre l’islamophobie, et bloquer cette loi scélérate lorsqu’elle sera examinée à l’Assemblée nationale, ou de saisir le Conseil Constitutionnel si jamais elle passait ce cap.
Par ailleurs, nous avons mis en place un mouvement politique pour permettre à celles et ceux (musulmans ou pas), qui en ont marre de l’instrumentalisation, de l’assistanat, et du paternalisme, de s’engager dans le cadre d’une dynamique nationale autonome, capable de les fédérer sous une bannière commune, une expertise et une logistique, afin d’ouvrir le chemin de l’émancipation politique et le recouvrement de la dignité bafouée.
En attendant que notre engagement s’inscrive dans le paysage politique national, notamment lors des prochaines élections municipales, engageons-nous dans une démarche militante au quotidien en vue de nous préparer à cette échéance, en nous formant et en mobilisant nos proches pour prendre date avec l’HISTOIRE.
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