La commission a donné son avis, le Président de la République s’est exprimé, les débats parlementaires vont être conduits. Au-delà de cette actualité brûlante, de ce tapage médiatique, c’est maintenant la sérénité et la réflexion que l’on doit rechercher. Reprendre ses esprits pour voir un peu plus loin, un peu mieux aussi, voilà ce qu’il nous faut.
D’abord il faut commencer par dire que si cette loi est votée, il faudra bien la respecter. Si la France ne veut pas du voile, alors c’est clair : nous sommes citoyens français, nous obéissons au droit. Cela ne nous empêchera pas de manifester notre opinion (si nous estimons que cette loi est injuste) par tous les moyens légaux puisque nous sommes en démocratie et que la loi change. Soyons donc déterminés : autant pour suivre la loi que pour tenter de la changer.
Changer la loi ? Ce n’est peut-être d’ailleurs pas la meilleure solution. En tout cas ce n’est sans doute pas la priorité. Quel a été le grand absent de ces dernières semaines ? N’est-ce pas finalement les premières concernées par cette future loi : les jeunes filles qui portent le voile. Cela est symptomatique. Mais n’accusons pas trop vite les autres : si le choix de certains hommes (et de certaines femmes), de certains médias a été, clairement, de ne pas donner la parole à ces jeunes filles, force est de constater que la plupart d’entre elles ne portent manifestement pas encore de discours assumé, cohérent et profond sur les valeurs qu’elles défendent. Il est malheureux de voir que c’est souvent des hommes qui parlent à la place des femmes dans notre communauté. Or cela n’est pas seulement une injustice faite aux femmes, c’est un tort fait à l’islam : c’est aux femmes que revient de défendre leur perception, leur compréhension de la foi et les raisons qui expliquent le port de ce voile qui pose tant de problèmes. Je reviens à ma question : changer la loi ? Non : changer les mentalités, changer la société. Du côté de ceux qui ne veulent pas comprendre la signification du voile, mais aussi du côté de celles qui le portent sans savoir exprimer ce qu’il signifie.
De même que Molière qui fait dire à Tartuffe : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir », reprochant à Dorine de montrer ce qu’il veut justement voire, sachons comprendre avec attention l’interpellation de ces hommes et de ces femmes qui disent : « Ôtez ce voile ! ». La sagesse consiste ici à se rendre compte qu’ils ne cherchent à voire qu’un voile, qu’un signe, alors que nous cherchons à montrer un être : une jeune fille, une femme, digne et libre. Sachons entendre leur voix pour mieux leur répondre : au-delà des apparences, que cherchons-nous ? que voulons-nous ? que disons-nous ?
Le Prophète (salutations et bénédictions de Dieu sur lui) nous a appris qu’en tout mal il y avait un bien. C’est en terme de responsabilité qu’il nous faut entendre le choix de ceux avec qui l’on vit tous les jours : c’est à vous, jeunes filles et femmes qui portez le voile, que revient le devoir de méditer et d’apprendre, d’expliquer et de faire comprendre.
Il faut savoir profiter de ce choix pour prendre les devants : se remettre au travail, à l’étude pour n’avoir plus aucun complexe lorsqu’on a à s’exprimer ou à faire entendre ses convictions. C’est tous les jours que cet échange doit avoir lieu pour, inlassablement, expliquer à ceux qui ne comprennent pas.
Ayons la force et la patience de nous changer nous-même, et peut-être que ce fameux voile, alors sera mieux accepté, mieux vécu, mieux compris.
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