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Une top-modèle musulmane en bikini crée la controverse aux Etats-Unis

Que recouvrent les valeurs essentielles de pudeur et de modestie dans l’islam, au coeur d'un monde occidental où, si leur sens profond est le même, leur portée et manifestation diffèrent, quand elles ne se sont pas consumées sur l’autel du consumérisme et de l’extrême libération des mœurs ?

La question suscite un débat houleux Outre-Atlantique, depuis que Maryam Basir, une actrice et top-modèle de confession musulmane, de surcroît fille d’imam, a défrayé la chronique en défilant en bikini sur le podium prétendument à la gloire de la beauté de la femme, mais qui ne fait que la réduire à un éternel objet de fantasmes qui fait vendre.  

La pieuse filiation de la jeune femme a certes amplifié la controverse, suscitant un vif émoi dans la communauté musulmane américaine, et attirant les médias comme des mouches, intrigués par cette histoire croustillante d’une musulmane qui a fait voler en éclats la tradition et les enseignements islamiques sous les feux des projecteurs.

Cette mise à nu, somme toute ordinaire dans un contexte occidental où l’exhibition du corps de la femme est la norme, a provoqué un tollé opposant des points de vue musulmans antagonistes et irréconciliables, au centre desquels le père du mannequin, l'imam Abdul Basir, qui officie en tant qu’aûmonier dans une prison du Michigan, est sur la plus inconfortable et humiliante des sellettes.

Tiraillé entre son amour filial et sa ferme désapprobation de la voie empruntée par sa fille, que certains intellectuels musulmans américains qualifient de « voie vers la normalisation » dans une société qui obéit à d’autres codes, Abdul  Basir, père de cinq enfants, a confié son désarroi à la presse : "Nous, musulmans, n’avons eu aucun guide de qualité pour nous maintenir sur le droit chemin. Je voulais que mes enfants soient pieux, avisés, avec la meilleure éducation qui soit. Mais, aujourd’hui, une seule de mes filles porte encore le hijab".

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Et de poursuivre : "En fin de compte, vous rencontrerez Allah et vous serez jugé. Personne ne veut voir son enfant puni. Alors oui, ça me fait mal au coeur de voir ce que Maryam a fait. J'ai peur pour elle".

Dans la sphère académique, les universitaires musulmans ont une perception plus tolérante de la révolution des schémas de pensée déclenchée par Maryam Basir, certains évoquant même son inéluctabilité.

"Le Coran ne précise pas que vous devez être couvert", a déclaré le professeur Asma Afsaruddin, une spécialiste du droit islamique à l'université de l'Indiana. "Il parle de modestie. Et la modestie est une notion culturelle. Ce qui est considéré modeste dans certaines sociétés musulmanes n'est pas nécessairement ce qui est considéré comme modeste aux États-Unis", a-t-elle renchéri, soulignant : "Il y a nombre de femmes qui ne se sentent pas obligées de prouver leur pudeur ou leur foi à travers le hijab, et qui n'en sont pas moins croyantes pour autant".

Mais qu’en est-il de la principale intéressée, dont l’apparition en bikini a fait sensation en ébranlant les uns, et en faisant disserter les autres ? Maryam Basir réfute l’idée d’être une « impie » dans le  milieu « impur » de la mode, et après avoir dévoilé son corps, tient à dévoiler son âme : "Je prie cinq fois par jour. J’observe le jeûne du Ramadan et je célèbre les fêtes. Le vendredi, je vais à la mosquée. Je donne la zakat.Je ne bois pas d'alcool, ni ne consomme aucune drogue. Il est important pour moi d'épouser un musulman. Et j'ai bien l'intention de faire un pèlerinage, si Dieu le veut. Je suis consciente de ne pas être la musulmane parfaite", s'est-elle défendue alors que la polémique enflait.  "Mais je crois que Dieu ne porte pas de jugement", a-t-elle insisté, à l’heure où elle est confrontée aux jugements des hommes. 

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