C’est une ultime requête qui est récemment parvenue sur le bureau du président tunisien, Moncef Marzouki : une demande de grâce signée de la main fébrile d’un caricaturiste de 28 ans, Jabbeur Mejri, dont le trait de crayon, aussi malheureux que scabreux, a dérapé en salissant l’image du Prophète (saws) sur le Net.
Condamné en mars 2012 à une lourde peine de prison de 7 ans et demi, pour avoir publié sur sa page Facebook des caricatures éminemment offensantes, ainsi que son acolyte, Ghazi Béji, qui l'a été par contumace après avoir fui à l’étranger, ce jeune diplômé au chômage de la ville côtière de Mahdia avait fait appel de la décision de justice, mais en vain.
Seul face à ses juges et sous le coup de chefs d’inculpation accablants, l’accusant d’avoir représenté le "Saint Prophète d’une manière dégradante et méprisante le montrant dans des postures à connotation sexuelle de nature à offenser les sentiments d’autrui et à troubler l’ordre public”, ainsi que d’"outrage aux mœurs", le verdict avait été confirmé en juin dernier.
Du fond de sa cellule, Jabbeur Mejri, anéanti par la sévérité de la sentence, a eu tout le temps nécessaire pour méditer la portée de son geste nuisant gravement au respect de la chose sacrée. Après un procès qui a fait grand bruit, mobilisant l’opposition laïque et les défenseurs des droits de l’Homme qui ont dénoncé un « délit d’opinion », ce dernier ne voit plus qu’une seule issue : renoncer à son pourvoi en cassation pour se tourner vers le sommet de l’Etat, et en appeler à la clémence de Moncef Marzouki.
"Le poids de 7 ans et demi est si lourd à porter dans l’incompréhension et l’injustice", a-t-il confié dans un communiqué dont l’AFP a eu connaissance. Sa soeur, Inès, a confirmé que son frère l’avait informée de sa démarche : "Il veut être gracié, il supporte très mal sa condition de détenu et nous a dit regretter son geste", a-t-elle indiqué à l’AFP. Il revient à présent à Moncef Marzouki de faire pencher définitivement la balance de la justice du côté du glaive ou pas.
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