Devant la bassesse de certaines attaques qui en disent long sur la perfidie de ceux qui les fomentent, plutôt que de s’en offusquer, il conviendrait au contraire de s’en enorgueillir, tant elles mettent au jour les qualités de ceux qui en sont la cible…
Après l’affligeant spectacle de la guéguerre des clans qui a abouti à l’imbroglio ubuesque que l’on sait pour fixer les dates du Ramadan, les flèches empoisonnées décochées par Abdallah Zekri, président de l’Observatoire de l’Islamophobie au sein du CFCM, connu pour sa grande proximité avec la mosquée de Paris et l’Islam consulaire algérien, contre le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF), sont non seulement du plus mauvais effet, mais également d’une rare malhonnêteté.
Une malhonnêteté révélatrice de la volonté farouche qui anime le CFCM, sous le règne de Dalil Boubakeur, de s’arroger le monopole de la lutte contre l’islamophobie, une lutte au cœur de tous les enjeux, en n’hésitant pas à décrédibiliser l’action du CCIF et sa remarquable percée dans le paysage de l’islam de France mais aussi national, depuis sa création en 2003.
Le contrôle d’identité qui a dégénéré à Trappes a fait sortir de ses gonds Abdallah Zekri, non pas pour en dénoncer les bavures policières de plus en plus présumées, mais pour fustiger la position irréprochable du CCIF qui, fidèle à sa vocation première, a donné du crédit à la parole inaudible des victimes, à savoir le couple formé par Mickael et Cassandra, la justiciable en voile intégral, et la mère de cette dernière.
C’est dans les colonnes du Figaro qu’Abdallah Zekri a choisi de se répandre, en déplorant la "politique offensive du CCIF", tout en l’accusant d’enflammer les esprits au sein de la communauté musulmane: "Que savent-ils de ce qui s’est passé à Trappes ?", s’est-il emporté, renchérissant : "Leur objectif est de faire peur à la communauté musulmane. Ils allument le feu en permanence… Nous, vendredi, nous appelions au calme".
Alors que l’on serait en droit d’attendre de l’instance représentative de l’islam de France une certaine hauteur de vue, en veillant à rassembler tous les acteurs majeurs de la communauté musulmane autour de l’éradication de ce terrible fléau qu’est l’islamophobie, encore trop largement méprisé et minoré, que fait le CFCM ? Il se déshonore en salissant l’image du CCIF, perçu comme un concurrent et non comme un allié de poids, et fait le jeu de ceux qui jubilent devant les divisions intestines qui minent la représentation de l’islam hexagonal.
Par ailleurs, on est fondé à s’interroger sur la sincérité de l’engagement de Dalil Boubakeur dans ce combat de tous les instants, quand nous revient en mémoire le soutien inconditionnel qu’il avait apporté à Brice Hortefeux, alors ministre de l’Intérieur de l’oligarchie Sarkozyste, après que celui-ci ait été rattrapé par ses inoubliables « Auvergnats », une perle raciste lancée lors de l’université d’été de l’UMP en 2009 et qui visait bien entendu les citoyens musulmans. "Quand il y en a un ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes", avait lâché Hortefeux devant des militants en liesse, prétendant avec l’aplomb phénoménal du ministre qui se croit au-dessus des lois qu’il parlait des Auvergnats, bien de chez lui…
Ni une ni deux, Dalil Boubakeur avait volé au secours du ministre traduit en justice par le MRAP, et condamné en première instance pour « injure raciale », témoignant en sa faveur dans un éloge flatteur digne des plus grands flagorneurs. "Bienveillante, ouverte, favorable, préoccupée", c’est en ces termes choisis que le nouveau président du CFCM avait qualifié l’attitude du ministre dans la tourmente et absous une islamophobie à peine voilée. Si le CCIF a fait l'éclatante démonstration de sa rigueur et de son efficacité pour enrayer la recrudescence des actes islamophobes, en revanche Dalil Boubakeur et le CFCM ont encore tout à prouver en la matière, ce qui discrédite d'autant plus le procès en sorcellerie fait au CCIF.
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