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Un défi à relever

Les musulmans vivent aujourd’hui un lourd défi. Or, tout défi mérite d’être affronté et relevé avec toute intelligence et respect des lois de notre pays lorsqu’elles ne sont pas injustes. Nous sommes dans une situation et une période assez fragile et complexe en ce 21e siècle. Tout porte à la confusion, toutes les informations se mélangent dans l’esprit des gens. Ils savent beaucoup de choses mais ils ne les comprennent pas. Nous sommes dans une grande crise intellectuelle. Les musulmans font face à toute sortes de stigmatisation. Les tensions sont là et les pressions arrivent de tous les côtés.

C’est pourquoi nous devons nous doter d’un bagage assez suffisant, d’un discours bien construit pour faire face aux questions qui nous sont posés, que ce soit sur les droits de la femme, la charia, la lapidation ou autre. Il faut revenir aux sources pour repenser notre temps. L’islam évolue naturellement en fonction des époques, il s’actualise par une évolution de la pensée. Il est donc impératif d’avoir une approche sur les notions islamiques avec effort de raisonnement et de réflexion personnelle sur les textes (Coran, Hadith) afin de pouvoir les adapter au contexte dans lequel nous vivons. Ce travail est fondamental pour ne pas faire n’importe quoi des règles islamiques et pour ne pas commettre d’injustice. Il ne faut pas pratiquer sans savoir, mais savoir pour bien pratiquer, sinon, cela ne ferait qu’entraîner une trahison des principes islamique et freiner notre dynamisme. L’ignorance est le pire des dangers.

Il est du devoir de chaque citoyen français ou européen de confession musulmane porteur d’une foi de s’engager dans tous les domaines (éducation, vote, association) et de faire face aux situations tout en ayant le sens de la responsabilité ( pour lutter contre toute forme de dépravation ou d’injustice sociale). Car qui dit soumission à Dieu dit responsabilité. En islam ce qui détermine notre foi c’est avant tous nos actes. La participation sociale découle de notre foi. A partir du moment où il nous est dit que nous gérons notre cœur tout seul et que notre comportement social n’a rien à voir avec la lumière de notre cœur, il ne nous est pas laissé la possibilité d’être musulman devant Dieu. Ce qui concerne la société concerne notre cœur. Notre spiritualité ne peut se définir qu’à la lumière du rapport social.

Entrons dans le fond des problèmes pour trouver leur solution. Comprenons l’histoire de notre pays, sa culture, ses valeurs et ne réfléchissons plus seulement en fonction de notre identité. Nos références doivent nous permettre de nous ouvrir sur la société pour écouter les critiques qui nous sont faites. Car le problème se pose bien là où les critiques s’arrêtent. Sachons profiter de cela pour en faire notre force et tachons de ne plus réagir par réflexe de victimisation en croyant que le monde entier nous tombe tout le temps sur la tête.

Il faut apprendre à échanger nos idées avec nos interlocuteurs, apprendre à écouter et non plus à participer à des dialogues de sourds, qui font que chacun n’est là après tout que pour parler dans sa barbe. Dans ce cas là, parler tout seul reviendrait au même. Le chemin de la réussite est là où l’on apprendra à se connaître loin de tous préjugés. Connaître l’histoire de l’autre même si ses idées ne sont pas les notre. Savoir respecter les convictions de chacun si bien qu’elles soient différentes de nos conceptions, tel serait le comportement islamique.

La liberté de penser et d’expression sont un dépôt et une chance que Dieu nous a donné dans un pays démocratique, tachons donc d’en profiter et d’en faire bon usage pour protester et dénoncer tout ce qui serait contraire à la conscience musulmane et la démocratie. Il sera question de condamner toutes lois injustes qui nous priverait de notre dignité et liberté. Il faut prendre conscience que ces libertés ne se trouvent pas partout, il est important de s’en rendre compte. Si nous avons un esprit c’est pour penser, et si nous avons une voix c’est pour parler et pas n’importe comment. Au nom de Dieu, profitons des libertés qui nous sont donnés pour parler au nom de ceux qui sont loin de nous victimes des injustices, qui souffre et qui sont mutilés pour avoir exprimé leurs idées.

Ensuite, notre communauté de foi doit nous permettre de nous ouvrir à la société et de l’enrichir, elle ne doit pas être un facteur de crispation mais d’épanouissement. Ce n’est pas un comportement islamique que de s’enfermer dans sa pensée sans établir avec les êtres humains qui nous entourent un lien social et un dialogue. A la lumière de la communauté de foi il sera question d’établir un terrain d’entente avec tout non-musulman. Les musulmans français seront les acteurs qui devront permettre cette ouverture pour une cohésion sociale. Notre devoir sera d’expliquer à tous les citoyens français nos références, qui nous sommes et ce que nous voulons. La communauté de foi ne doit pas être ce qui nous fera baigner dans un communautarisme et un isolement en ne prenant pas compte de ceux qui ne sont pas comme nous parce qu’ils n’adhérent pas à nos valeurs. Le communautarisme est le début des conflits et des tensions, ce n’est pas ce que nous voulons. La tolérance fait partie de l’éthique musulmane enseignée par le prophète Mohammed(pbsl), tachons de la suivre.

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Cette situation actuelle (que ce soit sur le problème du voile ou une autre question) ne doit pas nous faire réagir par des débats passionnés où tout est dit et n’importe comment lorsque le ton monte. Il faut s’informer et s’instruire dans tous les domaines politiques, économiques et historiques pour ne pas être dupé. Le savoir est un devoir. Il est demandé à chaque musulmans parce qu’il s’agit de la leçon a tiré du premier verset du Coran révélé au prophète (pbsl) : ” Lis, Apprend au nom de ton Seigneur qui a créé toute chose “.

A la provocation nous devrons réagir par la mesure et la constance. Le Prophète nous enseigne que la patience est une vertu. Notre comportement ne devra traduire aucune haine ou emportements. Les discours violents et colériques sont en réalité une forme de faiblesse. Et si nous mettons cette faiblesse en avant les provocateurs profiteront de celle-ci. Il n’y a donc que les faibles qui utilisent la force. Ne nous trompons pas d’ennemis, notre propre adversaire, c’est nous avant tout. Dieu nous dit dans le Coran qu’il ne changera pas un peuple jusqu’à ce qu’il change ce qui est mauvais en lui. Les épreuves nous attendent. Notre effort, notre djihad est celui-ci…

Au nom de notre foi en Dieu, il faudra dire avec force que nous n’accepterons aucune discrimination, ni aucune forme d’exclusion vestimentaire, d’antisémitisme, d’islamophobie, de nationalisme ou de xénophobie. Parce que cela ne coïncide point avec l’Islam et les droits de l’homme. Citoyens français de confession musulmane, nous devrons habituer la société à notre présence. Même si les visions qu’il y aura de nous seront suspectes aux yeux de l’autre parce que nous sommes trop engagé, nous devrons prouver le contraire. Il faudra que notre interlocuteur comprenne qu’un musulman pratiquant n’est pas un intégriste ou un extrémiste mais qu’au contraire en pratiquant sa religion celui ci sera ouvert et rayonnera sur le champ social. La crainte et la peur que l’autre peut avoir de nous sont compréhensibles parce qu’il n’a pas été habitué à notre présence. Dans notre société actuelle ou le spirituel est en crise cela peut choquer de voir des gens qui aspirent à une foi et à un Dieu suprême. Les musulmans semblent être ceux qui ont conservé les pratiques religieuses avec un rapport à la société.

Il sera donc question de faire comprendre notre engagement à notre interlocuteur qui est celui de vivre en paix et en justice prés de la liberté, de la solidarité loin de toute haine avec toute forme de cultures et de convictions différentes. La coexistence sociale et le respect mutuel sont nos principes. L’intérêt général concerne notre cœur. Il est de la responsabilité des musulmans de se réveiller, de comprendre les situations à l’échelle locale et mondiale parce que nos concitoyens attendent des réponses sur lesquelles ils sont douteux. Malheureusement la paresse intellectuelle fait que la source des gens devient la télévision. A partir de là, en croyant tout savoir on analyse l’Islam à travers ses détracteurs qui sont minoritaires. Il faut donc connaître l’Islam avant de connaître les musulmans.

Ainsi, relevons le défi. Nous devrons être loin de toute superficialité du cœur, nous ne nous arrêterons pas à notre cœur. Ressentir par l’âme ne suffit pas il est impératif de passer à l’acte. A la lumière de l’Islam aucune injustice ne sera tolérée. Tant que la lumière de Dieu sera en notre cœur nous ferons tout notre possible pour rétablir la justice parce que : “Dieu vous commande la justice ” (le Coran). Paix…

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APPEL À LA GRANDE MARCHE NATIONALE À PARIS LE SAMEDI 7 FEVRIER 2004 A 13H

Réponse de Youssef Seddik à l’article d’Abdelillah Benarafa