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Un cinéaste et un cameraman allemands détenus au Qatar pour avoir filmé la main d’œuvre étrangère

Le Qatar n’aime rien moins que les projecteurs qui jettent une lumière crue sur sa face sombre, aussi quand un cinéaste accompagné de son cameraman s’aventure dans l’oasis aseptisée pour enquêter sur le sort des ouvriers immigrés qui triment et trépassent sur le chantier de la Coupe du monde de football 2022, l’hospitalité et la transparence qataries ne sont plus qu’un mirage…

Ces deux audacieux limiers de l’audiovisuel allemand, Peter Giesel et Robin Ahne, intrigués par les révélations accablantes du journal britannique The Guardian au sujet des 44 Népalais décédés dans le courant de l’été, ont appris à leurs dépens que l’on ne filme pas impunément le travail de forçat effectué par une main d’œuvre étrangère déchue de tous ses droits, et ce dès qu’elle foule le sol du petit Etat qui a mis la France à ses pieds.

La caméra un peu trop fouineuse des deux empêcheurs de tourner en rond venus de Münich leur a fermé toutes les portes cossues, mais en revanche leur a ouvert en grand celle de la détention, où pendant 27 longues heures ils ont été soumis à des interrogatoires interminables. Poussés dans leurs retranchements par des forces de l’ordre menaçantes, Peter Giesel et Robin Ahne ont été accusés d’avoir déclenché une émeute après avoir osé adresser la parole aux ouvriers étrangers.

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"Ils nous ont dit au début qu’ils voulaient juste nous parler. Mais les interrogatoires ont duré plusieurs heures, puis les forces de sécurité se sont impliquées. Ils nous accusaient d’avoir créé une émeute en parlant aux ouvriers … justifiant ainsi notre arrestation et notre détention", a relaté Peter Giesel dans les colonnes du Guardian, en précisant qu’hormis cette intense pression psychologique, ils avaient été bien traités physiquement, déplorant cependant que leur matériel ait été confisqué.

Sortis indemnes mais visiblement marqués par cette mésaventure dans les geôles du Qatar, les enquêteurs allemands n’auront pu infiltrer les coulisses de l’esclavage moderne. Cependant, leur récit contribue à briser un peu plus la belle vitrine en trompe-l’œil de l’eden du golfe persique, et ce même si Hussain Al Mulla, le sous-secrétaire d’Etat du ministère des Affaires sociales et du travail, tente de donner le change. "Si certains médias étrangers calomnient le Qatar et propagent une propagande malveillante, c'est comme traverser la ligne rouge. Donc, il est nécessaire d'enquêter et de faire connaître la vérité aux yeux du monde", a martelé ce dernier la semaine dernière. Le mirage du Qatar n’a d’égal que son insondable hypocrisie…

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