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Tunisie-France : la binationalité nous donne des responsabilités des deux côtés de la Méditerranée

La campagne électorale pour l’élection de l’assemblée constituante de Tunisie vient de débuter et s’étend déjà bien au-delà de ses frontières. En effet, l’assemblée représentera aussi les Tunisiens résidant à l’étranger. Ils sont au nombre d’un million dont les deux tiers vivent en France. Parmi ces derniers, des étudiants, des primo-arrivants, des clandestins, d’anciens réfugiés politiques, des ouvriers du bâtiment ou de l’automobile recrutés au village dans les années 60 et leurs descendants de deuxième, troisième, voire quatrième génération. Nés sur le sol français de parents tunisiens, ils possèdent souvent la double nationalité, française et tunisienne. J’en fais moi-même parti.

Ces dernières années, en France, nous subissons un discours public qui remet sans cesse en cause notre loyauté sur fond de racisme et d’islamophobie. En Tunisie, la dictature nous faisait savoir qu’elle contrôlait nos activités à l’étranger et qu’elle nous laissait pour seul droit d’être une caisse à devises. Aujourd’hui, à la veille de deux élections majeures, l’une en Tunisie, l’autre en France, la binationalité nous donne des responsabilités similaires de chaque côté : rompre définitivement avec la dictature en Tunisie, faire barrage à la droite raciste qui sévit en France.

Que l’on soit Norvégien ou Maghrébin, la binationalité est souvent mal perçue et ceux qui la détiennent sont victimes des suspicions les plus honteuses. Les écologistes, qu’ils soient d’Europe Ecologie ou de Tunisie Verte le savent bien. Voilà pourquoi nous voulons sortir de cette vision étriquée de la nationalité et de la citoyenneté et nous nous battons pour une appartenance militante et engagé, en résidence ou en expatriation. Au-delà de la nationalité des uns et des autres, nous prônons une citoyenneté active que nous voulons comme un vecteur de démocratisation, de solidarité et d’ouverture.

Ces valeurs sont fondées sur l’écologie politique, celle-ci intégrant depuis les origines la lutte contre les dictatures, le racisme et les discriminations. En proposant de porter la voix des Tunisiennes et des Tunisiens de France, nous voulons démontrer qu’il est surtout urgent de nous battre des deux côtés de la Méditerranée pour faire converger les luttes menées par les peuples, de part et d’autre car, encore une fois, la binationalité nous donne des responsabilités.

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Notre responsabilité, c’est de veiller à ce que les richesses de la Tunisie soient aussi mobilisées pour les régions les plus pauvres au centre du pays comme nous militons pour que les banlieues françaises sortent de l’apartheid urbain dans lequel elles sont coincées. Notre responsabilité, c’est de faire de la Méditerranée le pivot de nouveaux rapports de force diplomatiques, plus équitables, plus respectueux, réciproques et surtout qui ne soient plus fonction de l’influence du lobby ultra-pro-israélien.

Notre responsabilité, c’est de nous appuyer sur l’écologie pour promouvoir une Tunisie, ouverte au monde et ancré dans son identité et non pas une Tunisie exploitée par l’impérialisme et la mondialisation.

Notre responsabilité, c’est de ne plus tolérer, en France comme en Tunisie, que les minorités soient des bouc-émissaires pour cacher les échecs de l’action publique. Ni racisme, ni antisémitimse, ni islamophobie, ni ici, ni là-bas. Des deux côtés de la Méditerranéen, les binationaux doivent faire leur la lutte pour un vivre ensemble effectif et rompre avec l’exclusion. Notre binationalité, c’est notre force, pour peser des chaque côté des deux rives en faveur d’une démocratie attachée aux droits de l’Homme, à l’égalité et à la solidarité. Les binationaux doivent être les acteurs de la nouvelle diplomatie des sociétés civiles, plus solidaires et plus implantées auprès de la population tout en restant attentif à ne rien faire contre la volonté des peuples.

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