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Scandale sexuel à la Haouza de Nadjaf

La communauté chiite irakienne est en émoi depuis la diffusion sur le site You Tube des ébats sexuels d’un proche collaborateur du Grand ayatollah Ali al-Sistani (1), avec son épouse, sa muta’a (2), et dix-huit femmes venues solliciter un avis religieux. Hamdan Naji al-Mousavi – c’est son nom – se cache, tandis que ses conquêtes féminines sont en danger de mort. Dans la région, en effet, on ne badine pas avec la Zinâ, terme désignant l’adultère et le fornication dans le Coran.

Les femmes accusées d’actes sexuels illicites, ou qui en sont simplement soupçonnées, sont généralement tuées par leur famille. Hamdan al-Mousavi qui, depuis onze ans, jouissait de la confiance du Grand ayatollah, était considéré comme un saint homme à Amara – ville à majorité chiite, située sur l’Euphrate – où il récoltait la zakat – impôt religieux destiné aux nécessiteux – et le khums, dîme représentant le 5ème des revenus d’une famille (4). A la stupéfaction de ses disciples, amis et voisins, il filmait avec son téléphone portable ses activités sexuelles, conduite inadmissible pour un religieux qui doit être irréprochable. Certes, le Grand ayatollah Sistani a démis Al-Mousavi de ses fonctions à la Marjaya (5) et le gouvernorat de la province de Maysan menace d’arrestation les personnes surprises à visionner les vidéos ou à les diffuser.

Mais, le mal est fait : l’omniscience attribuée à Ali Sistani et à la Haouza (6) de Nadjaf est mise en doute. Les religieux chiites subalternes font figure d’hypocrites, voire d’obsédés sexuels. Aujourd’hui, toute la question est de savoir qui a diffusé les vidéos, et si le scandale fait partie des intrigues ourdies par l’Iran dans la perspective de la succession du Grand ayatollah, âgé de 83 ans, connu pour son opposition à la velayat-e-faqih, un concept développé par Rouhollah Mousavi Khomeiny, instaurant à Téhéran la dictature du guide religieux à vie.

Note :

(1) Sex Scandal Rocks Iraqi Shia Establishment, par Yusuf al-Jezani (Institute for War & Peace Reporting IWPR – 5/8/10).

(2) Muta’a : contrat de mariage tempotaire qui aurait été autorisé deux reprises par le Prophète Muhammad et pour un temps restreint, puis formellement interdit. Les chiites duodécimains affirment le contraire, imputant l’interdiction au calife Omar (634-644), dont ils ne reconnaissent pas l’autorité.

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(3) Zinâ : relations sexuelles hors du cadre du mariage, un des péchés capitaux selon le Coran : “Ne vous approchez pas de la fornication. C’est une abomination et une voie pleine d’embûches” (verset 32 – sourate 17).

(4) La Zakat est un des cinq piliers de l’islam. Le Khums, aboli par le Prophète Muhammad, était la part du butin qu’il se réservait après les batailles pour ses besoins et ceux de la communauté musulmane. Les mollahs perçoivent également le Radd, taxe versée par les croyants à qui ils ont pardonné les mauvaises actions.

(5) Marjaya : Autorité spirituelle collective exercée en Irak par les quatre ayatollahs de Nadjaf.

(6) Haouza : école théologique chiite.

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