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Retour sur l’émission d’Arlette Chabot sur France 2

L’émission d’Arlette Chabot sur France 2 hier soir a été écoeurante mais révélatrice à souhait : quelques jeunes sur le plateau pour dire, à toute allure —fallait tout de même pas qu’ils s’attendent à une véritable écoute ! – leur misère, leur colère, leur désarroi, et de l’autre plus d’une heure offerte à Sarkozy pour recommencer à leur lancer son mépris à la tête et pour pérorer sur les mérites de la police ; puis une brochette de politiciens, copains comme cochons, en train de se taper sur l’épaule, de s’appeler par leurs prénoms et de convenir que c’est la faute à personne et à tout le monde puisqu’ils ont tous été à la mangeoire à tour de rôle, tous fait de belles promesses électorales qu’ils n’ont jamais tenues, et qu’ils seraient donc malvenus de ne pas se tenir les coudes et d’accuser untel ou untel. Jusqu’au maire PCF de Vénissieux, André Gérin qui a donné du “Nicolas” à Sarkozy et abondé dans son sens en matière du “nécessaire rétablissement de l’ordre républicain”, sans un mot pour dénoncer la liberticide instauration de l’état d’urgence, une loi d’inspiration coloniale, remontant à la guerre d’Algérie.

On ne nous a rien épargné, ni le lamentable spectacle du ministre Jean-Louis Borloo se croyant “sympa” parce qu’il émaillait son discours de mots grossiers comme “putain”, “merde” à tout bout de champ, après que Sarkozy ait trouvé mal élevé un jeune qui était resté parfaitement poli mais qui avait eu le courage de lui tenir tête. En toute impunité, ces mêmes dirigeants ont osé nous présenter les Etats-Unis … comme modèle d’intégration raciale !

Et quand Sarkozy a eu le culot de parler de la population qui refuse de s’exprimer par des moyens politiques, en citant le NON au référendum comme un exemple de dépolitisation ( !!!), il n’y a eu personne pour le relever.

Et dans tout cela, pas un seul pour faire une proposition concrète aux jeunes désespérés, à ces jeunes qui se sont exprimés très clairement malgré le peu de temps qui leur était imparti, et avec beaucoup de dignité, pas une seule personne pour leur permettre d’exprimer leur mécontentement, leurs revendications. Le gouvernement n’a pas pris la peine de les recevoir une seule fois pour les entendre, comme l’a fait remarquer un jeune sur le plateau. Pas un seul élu ne s’en est ému. Ce ne sont plus des constats sur l’injustice, la fracture sociale, le racisme et le mépris qu’il nous faut. Tout cela, on le sait depuis trop longtemps. Pas question non plus d’attendre tranquillement les élections de 2007 pour qu’on nous promette une fois de plus de raser gratis, à droite comme à gauche. On sait très bien en outre que Sarkozy n’est pas le seul responsable de la situation actuelle. D’abord parce que l’ensemble du gouvernement reste solidaire de cette politique, même s’ils se distribuent les rôles (le bon et le méchant, c’est un peu éculé), et d’autre part parce que deux septennats de gauche n’ont pas amélioré la situation des plus défavorisés.

Il est temps qu’apparaissent des propositions d’action concrètes envers les jeunes et les moins jeunes. Que peuvent faire aujourd’hui les jeunes à part brûler des voitures ? Occuper leurs usines ? Ils n’en n’ont pas, ils sont au chômage. Il faut les aider à se rassembler, à se coordonner à lister leurs revendications, à se rendre en délégation pour exiger leur satisfaction, maintenant, et pas à la Saint Glinglin.

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Les emplois cela peut se créer tout de suite et c’est à l’Etat de donner l’exemple. Il manque cruellement des postes dans des tas de secteurs : la santé, l’éducation, le sport, l’animation culturelle, l’aide aux personnes âgées. Et il est possible de proposer des formations et des emplois tout de suite à ces jeunes, pour le plus grand bien de la société, pour notre plus grand bien à tous. Au lieu de choisir de transférer progressivement tout le public au privé, avec la dégradation des services que l’on connaît pour les plus pauvres, et de fournir une main d’oeuvre de plus en plus malléable et bon marché aux entreprises, avec les contrats à l’essai pour deux ans ou des apprentis de 14 ans qui n’auront pas la possibilité d’accéder à des postes intéressants faute d’une réelle formation de base, il faut forcer les politiques à faire ce qu’ils ne feront jamais de leur propre gré : rendre sa dignité et ses droit à chacun.

L’Etat a également les moyens, comme le faisait remarquer hier soir Jean-Christophe Lagarde, maire de Drancy, de casser les banlieues ghettos, en obligeant les maires qui s’y refusent, comme Sarkozy à Neuilly, à créer des logements sociaux dans leurs communes. Car sinon, c’est le cercles vicieux : quartiers ghettos, écoles ghettos…échec et frustration. Et puisqu’il s’y connaît en répression, l’Etat peut aussi réprimer les multiples entreprises qui pratiquent les discriminations raciales à l’embauche.

Tout cela ne peut être obtenu qu’en coordonnant les luttes des jeunes et des moins jeunes, des chômeurs et des travailleurs, en cessant de laisser chaque catégorie de la population, travailleurs licenciés, intermittents, lycéens, travailleurs d’EDF ou cheminots, se battre séparément, chacun dans son coin, et être nécessairement vaincu, car seule la coordination de ces luttes peut permettre un changement de notre société et la fuite en avant vers toujours plus de barbarie. Les jeunes de banlieue ne demandent qu’à se mobiliser autrement. Aidons-les à le faire.

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