in

Quand le président du CRIF met à nouveau en cause les musulmans

Dans un article de Libération édition du 26 janvier), M. Roger Cukierman président du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) a de nouveau mise en cause « les musulmans » à plusieurs reprises, sans jamais s’indigner du racisme dont ils sont aussi l’objet. S’interrogeant sur une future « réécriture de l’Histoire de France, en commençant par des sujets comme Charles Martel ou les croisés », Cukierman a mentionné les filles qui « refusent d’assister à des cours de biologie et d’éducation physique et sportive », et les élèves coupables d’« incivilité, misogynie, violence verbale, violence physique ». Dans son discours, lors du dîner, Jean-Pierre Raffarin n’a pas réagi à ces propos, se contentant de mettre en avant l’action du gouvernement en matière de sécurité.

Rappelons que M. Roger Cukierman s’était déjà distingué par des propos injurieux à l’encontre des musulmans après le premier tour des élections présidentielles d’avril 2002. en affirmant au journal israélien Ha’aretz du 23 avril 2002) que « Le succès de Le Pen est un message aux Musulmans de se tenir tranquille, parce qu’il s’est toujours opposé à l’immigration musulmane ».

Une question demeure désormais posée : quel objectif cherche à atteindre le président du CRIF en stigmatisant à plusieurs reprises la communauté musulmane de France ?

Nous attendons de la classe politique et de toutes les associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme une condamnation claire et nette des propos scandaleux prononcés par M. Roger Cukierman au cours du dîner annuel du Crif du samedi 26 janvier.

Au cours de ce même dîner, Roger Cukierman a précisé que « l’antisionisme est le nouvel habit de l’antisémitisme », visant « l’alliance brun-Vert-rouge », (Lutte Ouvrière et la LCR, les Verts et le porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové).

Nous publions ci-dessous le compte-rendu de cette soirée effectué par nos amis du comité pour une paix juste au proche-orient (CAPJPO).

Compte rendu de la soirée par CAPJPO

Comme un certain nombre de ses homologues de la classe politique éprouvant le besoin de se faire délivrer un certificat de non-antisémitisme, le nouveau secrétaire général des Verts, Gilles Lemaire, avait tenu samedi soir à marquer de sa présence le « dîner annuel du CRIF ».

Il doit s’en mordre les doigts : constatant qu’une telle présence ne faisait finalement que conforter sa propre démarche sharonienne, le président du CRIF, Roger Cukierman, en a au contraire profité pour se lancer dans une diatribe contre les « vert-brun-rouge », assortie d’un couplet en faveur d’une guerre contre l’Irak, sous le nez de Jean-Pierre Raffarin et autres ministres qui ont plongé la tête dans leur potage.

La tirade anti-Le Pen de Roger Cukierman, en particulier, ne manque pas de sel, quand on se souvient que le Président du CRIF s’était publiquement félicité, au soir du 21 avril 2002, du score élevé obtenu par le leader du Front National, commentaire qu’il n’a jamais démenti, contrairement à certaines rumeurs.

Le président du Conseil représentatif des institutions juifs de France a dénoncé samedi 25 janvier soir une “alliance brun-vert-rouge” et provoqué la colère du secrétaire national des Verts, Gilles Lemaire.

« Nous savons bien que la France n’est ni raciste, ni antisémite (…) Mais certains de nos compatriotes le sont, à l’extrême-droite et à l’extrême-gauche », a déclaré Roger Cukierman lors du dîner annuel du Crif.

En présence du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et d’une brochette de ministres et de personnalités politiques, il a jugé « effrayant » que près d’un électeur français sur cinq ait voté en mai 2002 pour le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, lors des élections présidentielles.

Il a cependant réservé ses attaques les plus dures à « un courant d’extrême gauche, antimondialiste, anticapitaliste, antiaméricain, antisioniste”, citant notamment la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et Lutte ouvrière (LO).

Publicité
Publicité
Publicité

Il s’en est également pris, sans le nommer, au porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové, qui a apporté spectaculairement son soutien au président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, quand celui-ci était assiégé par l’armée israélienne dans son QG de Ramallah.

« C’est une nouvelle cuisine qui nous mijote de vieux fantasmes dans une sauce à la mode, l’antisionisme », a déclaré Roger Cukierman. « La bonne conscience de ce vaste ensemble est assurée par un vernis progressiste qui se prétend antiraciste. »

« Ce courant de pensée antisioniste s’étend aussi à un syndicat paysan. Son chef défie nos lois et développe une agitation fébrile (…) de Durban à Porto Alegre et de Gênes à Ramallah en passant par Seattle », a-t-il ajouté. « Cette alliance brun-vert-rouge donne le frisson. Elle guette les faux pas des démocrates. »

Roger Cukierman, pour qui « l’antisionisme est le nouvel habit de l’antisémistime », a déploré qu’une « connivence bizarre » et « contre nature » entre gauche révolutionnaire et mouvements pro-palestiniens ait mené à des appels au boycott de produits israéliens ou d’entreprises “sionistes”.

INCIDENT

Ces propos, qui ont paru choquer certains invités, comme le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, ont provoqué un incident : le nouveau dirigeant des Verts a quitté le dîner en plein discours du président du Crif.

« Je n’accepte pas l’amalgame ’brun-vert-rouge’ », a dit Gilles Lemaire à Reuters avant de quitter le restaurant du Bois de Boulogne où se déroulait le dîner. « Je ne souhaite pas monter l’incident en épingle et je me retire sans éclat. Mais ce sont des propos irresponsables et inadmissibles. »

« Je veux poser un acte politique en partant », a-t-il ajouté. « On n’appelle pas à la laïcité et au respect de la démocratie avec ces mots-là. »

Roger Cukierman a également dénoncé la motion adoptée le 16 décembre par le conseil d’administration de Paris VI-Jussieu demandant à l’Union européenne de ne pas renouveler un accord cadre de coopération universitaire avec Israël.

A l’heure où la France et l’Allemagne s’efforcent d’éviter une intervention militaire américaine contre l’Irak, le président du Crif a exhorté les autorités françaises à mener une « lutte victorieuse contre le fanatisme ».

« Ceux qui redoutent que la lutte antiterroriste ne mette en péril nos libertés se trompent de priorité, comme autrefois Daladier et Chamberlain », a-t-il dit en faisant allusion aux Premiers ministres français et britannique qui signèrent en 1938 les accords de Munich avec l’Allemagne nazie, en pensant éviter la Seconde Guerre mondiale.

« La démocratie l’a emporté sur le nazisme et le stalinisme. Elle doit éliminer le cancer terroriste, a-t-il ajouté. Nous ne doutons pas que, face au danger, comme dans le passé, la France mènera, unie aux autres nations libres, une lutte victorieuse contre le fanatisme. »

Roger Cukierman avait estimé le 1er décembre 2001, lors du précédent dîner du Crif, devant le prédécesseur socialiste de Jean-Pierre Raffarin, Lionel Jospin, que « la haine des Juifs (était) réapparue » en France.

Il a constaté samedi une diminution des actes antijuifs et adressé un satisfecit à l’actuel ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, mais demandé que le délai de prescription de trois mois pour les délits d’opinion raciste ou antisémite soit porté à « au moins un an ». PARIS (Reuters)

Publicité
Publicité
Publicité

Laisser un commentaire

Chargement…

0

Lettre ouverte aux Nord-Américains (partie 2 et fin)

Communiqué du MRAP au sujet des propos du président du CRIF