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Qatar : un revenu minimum pour les travailleurs

Sous la pression internationale, le Qatar vient d’annoncer une série de mesures destinées à améliorer les conditions de vie et de travail des millions de travailleurs étrangers sur son sol. Les syndicats et ONG saluent ces initiatives, tout en se montrant prudents quant à leur application.

« Un accord prometteur ». C’est Amnesty International, la célèbre ONG de défense des droits de l’homme, qui le dit : l’accord conclu entre le Qatar et l’Organisation internationale du travail (OIT), une agence de l’ONU, représente même « une lueur d’espoir » pour les quelque deux millions de travailleurs immigrés qui participent à la construction des infrastructures destinées à accueillir la Coupe du monde de football, en 2022.

Rendu public le 26 octobre dernier, cet accord longtemps attendu témoigne des progrès effectués par le Qatar en matière de droit du travail. Ou, du moins, d’un certain volontarisme, après plusieurs années de polémiques sur la condition des travailleurs immigrés au sein du petit émirat. L’objectif, à terme, est d’aligner le droit local sur les normes internationales et les lignes directrices de l’OIT.

Vers la fin de la « kafala » ?

Dans le viseur des ONG, la fameuse « kafala », ce système de parrainage spécifique au droit musulman, porteur de nombreuses dérives, devrait disparaître. Dans la plupart des pays du Golfe, les travailleurs immigrés sont en effet contraints d’avoir un « parrain », personne physique ou morale, qui décide à leur place s’ils peuvent changer d’emploi ou quitter le territoire national. Une forme d’esclavage moderne, dénoncent les associations de défense des droits de l’homme.

L’accord signé entre Doha et l’OIT prévoit donc la suppression des « restrictions imposées à la possibilité pour les travailleurs migrants de changer d’employeur ou de quitter le pays ». Pour la secrétaire générale de l’International Trade Union Confederation (ITUC), Sharan Burrow, il s’agit là rien de moins que d’une petite « révolution » : le Qatar « donne ainsi le signal du lancement de réformes réelles qui mettront fin à l’esclavage moderne et engageront le pays sur la voie du respect de ses obligations juridiques internationales en matière de droits des travailleurs », se félicite la syndicaliste.

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Les observateurs, toutefois, se montrent prudents, et rappellent que ce n’est pas la première fois qu’une telle promesse est lancée, sans que la situation des travailleurs immigrés au Qatar ne change significativement. En décembre dernier, déjà, Doha avait annoncé la fin prochaine du système de parrainage. Pour Amnesty international, « la question de savoir si cet accord changera vraiment la donne trouvera sa réponse les actions que mènera le gouvernement dans un avenir proche ». Si la dynamique est bonne, en somme, il convient d’attendre que des mesures concrètes améliorent le sort des travailleurs migrants, originaires en majeure partie du sous-continent indien.

Le salaire minimum, une « véritable percée »

Des mesures, justement, les autorités qataries en ont annoncé : à l’instar de ce « fonds de soutien et d’assurance », destiné à payer les salaires dus aux travailleurs étrangers, ou encore de l’instauration d’un salaire minimum. Si le montant de ce salaire n’est pas encore précisé, l’annonce a été saluée par les milieux syndicaux, à l’image de Sharan Burroxw, qui a qualifié l’instauration d’un salaire minimum de « véritable percée ». L’ONG Amnesty international a là encore tenu à saluer ces progrès, soulignant qu’il s’agissait d’une demande récurrente de sa part auprès du Qatar.

Déplorant « l’impact humain dévastateur du non-paiement prolongé des salaires par les entreprises qui font faillite », l’ONG salue des mesures « positives » si elles sont réellement appliquées. Car c’est moins l’État qatari que les entreprises privées du bâtiment qui sont responsables, in fine, des mauvais traitements dénoncés depuis plusieurs années.

De fait, le Qatar prend le risque, avec ce train de mesures en faveur des travailleurs immigrés, de contrarier les intérêts des groupes de construction en charge de l’édification des stades et autres équipements sportifs destinés au Mondial de football, entreprises qui profitaient jusqu’alors du laxisme de la législation qatarie. Pour le spécialiste des travailleurs immigrés Nicholas McGeehan, « la grande question reste de savoir si le Qatar démontrera rapidement qu’il est de bonne foi et sérieux dans l’application des réformes » qu’il vient d’annoncer.

De la capacité des autorités à peser sur les entreprises présentes sur leur territoire sans engager la viabilité du Mondial et la livraison finale des équipements dépendra également le sort de ces nouvelles mesures. La situation des travailleurs étrangers au Qatar continuera donc, à n’en pas douter, à être l’objet de toutes les attentions.

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2 commentaires

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  1. Avant de discuter des conditions de travail et de vie des travailleurs immigrés , il faut d’abord parler sur la possibilité qu’à un homme pour travailler hors de son pays.

    Avant l’homme débarque au golfe pour chercher du travail , chacun sa chance.
    Actuellement , il y a un correspondant qui envoie plusieurs travailleurs à la fois. Ce correspondant peut être le pays d’origine. Les états décident du sort des hommes. Si le Qatar a besoin de techniciens, il ne fait pas de publicité , information accessible pour tout le monde , il contacte les ministères des pays d’origine et leur demande d’envoyer 20 chauffeurs de bus , 10 enseignants et que sais je encore.

    Le droit au travail doit être entre l’offre et le demandeur et pas d’intermédiaire , qu’il soit d’état ou d’organisme.

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