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Nigéria : l’imam Abubakar Abdullahi, lauréat du Prix international pour la liberté de religion, pour avoir sauvé des chrétiens

Tout au long de sa vie, l’imam Abubakar Abdullahi s’est efforcé de promouvoir la fraternité et la paix au Nigéria, se faisant le chantre de la coexistence harmonieuse entre les religions, jusqu’à ce 23 juin 2018 où ce bâtisseur de ponts devant l’Eternel a pris une tout autre dimension : il est devenu une figure héroïque à 83 ans, après avoir sauvé 260 chrétiens d’une mort certaine.
N’écoutant que ce que lui dictait son cœur et n’ayant jamais oublié qu’il y a 40 ans, des chrétiens de la région où il vivait avaient autorisé les musulmans à ériger une mosquée, ce dignitaire religieux, aujourd’hui honoré par les Etats-Unis, puisa dans ses forces pour protéger des centaines de femmes et d’hommes en grande détresse, jusqu’au sacrifice de sa propre vie.
Le 17 juillet dernier, le secrétaire d’Etat américain Michael Pompeo a présidé une cérémonie de remise de prix particulièrement émouvante, au cours de laquelle l’imam nigérian s’est vu décerner le prestigieux Prix international pour la liberté de religion, au département d’Etat à Washington. Une insigne distinction qui a été également octroyée à quatre autres défenseurs de la liberté de religion, venus de Chypre, du Soudan, du Brésil et d’Irak.

Ce jour de juin 2018, dans le village de Nghar Yelwa, en plein coeur du Nigéria, l’imam Abubakar Abdullahi, ce fervent promoteur du dialogue interreligieux, se mua en sauveur providentiel de chrétiens qui étaient pourchassés par des bergers de l’ethnie Fulani, majoritairement musulmane. Ceux-ci avaient ouvert les hostilités contre 10 villages de la région de Barkin Ladi, laissant derrière eux un long cortège de victimes issues de l’ethnie Berom, à majorité chrétienne.
« J’ai caché les femmes chez moi et après cela, j’ai emmené les hommes à la mosquée et les ai cachés là-bas », a déclaré sobrement l’imam. Il garde un souvenir précis de l’instant où, sans une once d’hésitation, il troqua son habit d’homme de foi contre celui de bienfaiteur de l’humanité en danger : c’était juste après la prière de midi qu’il venait de diriger, quand des coups de feu éclatèrent soudainement à l’extérieur du lieu de culte, provoquant stupeur et effroi.
S’érigeant aussitôt en protecteur de ses frères et soeurs chrétiens, il leur ouvrit grand les portes de sa mosquée et de sa maison, tout en osant affronter les hommes armés qui semaient la terreur et la mort sur leur passage. « Il les a suppliés d’épargner les chrétiens à l’intérieur, offrant même de sacrifier sa vie pour la leur », pouvait-on lire dans le communiqué officiel américain.

« Le courage de l’Imam Abdullahi face au danger imminent et ses incessants efforts en faveur de la tolérance religieuse démontrent son engagement de longue date pour la promotion de la compréhension et de la paix entre les religions », a déclaré Mark Pompéo avant de l’applaudir chaudement.
Louant les mérites et les vertus de l’imam qui, à ses yeux, est la parfaite incarnation de l’attachement du Nigéria à la liberté de religion, le président nigérian Muhammadu Buhari s’est réjoui de sa mise en pleine lumière par la voix de son porte-parole : « Au nom du gouvernement fédéral, le président Buhari félicite chaleureusement l’imam Abubakar pour cet honneur bien mérité ».
Et de conclure : « Le président recommande les excellentes vertus de l’imam Abdullahi aux Nigérians en général, et à tous les religieux en particulier. Il a solennellement réaffirmé l’engagement de son administration en faveur de la liberté de religion et de culte pour tous les Nigérians. Une liberté garantie par la Constitution. Il a également souligné qu’en aucun cas, une religion ne serait imposée à la nation ».
 

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