Majoritairement de confession musulmane, le Sénégal est réputé pour sa tolérance religieuse en raison de l’implication des communautés chrétienne et musulmane.
La population sénégalaise est majoritairement de confession musulmane soufie (plus de 90 %). Les derniers chiffres officiels renseignent qu’elle est composée de 49 % de Tidianes, 31 % de Mourides, 8 % de Khadr et 6 % de Layènes. Les chrétiens, principalement catholiques, représentent un peu plus de 5 %. Malgré cette domination numérique, le pays est réputé pour sa tolérance religieuse. Cette coexistence pacifique est liée à la volonté réciproque des deux communautés, chrétienne et musulmane.
Le père Armand Ndiaye, chargé de la communication diocésaine de Thiès (Ouest), explique que dans sa circonscription ecclésiastique regroupant les deux principales confréries au Sénégal (mouridisme et tidjaniya), les trois évêques qui se sont succédé ont toujours « cultivé, raffermi et promu » le dialogue interreligieux en se rendant mutuellement visite ou en s’envoyant des émissaires ou parfois des délégations. « Parfois, l’évêque quittait ici pour aller voir soit le Khalife des Tidianes ou celui des mourides. Jusqu’à présent Mgr André Guèye est sur cette lancée. Il dépêche des émissaires chez les Khalifes. Les Khalifes font de même », soutient-il. Toujours dans le cadre du maintien de ces bonnes relations, l’épiscopat a une commission chargée du dialogue interreligieux, dirigée par Mgr Guèye.
Parenté
Abdou Khadr Sanokho, universitaire, docteur en sociologie, soutient que le point de départ de cette belle cohabitation est surtout lié à « la parenté ». « Elle nous propulse dans cette sensibilité interculturelle religieuse qui admet les différences religieuses », explique-t-il. C’est pourquoi au Sénégal, ça ne gêne pas un catholique de dire « Inch’allah » ou de souhaiter « bon Gamou ou Magal [grands événements religieux au Sénégal] », à un musulman de dire « Alléluia » lors de la fête pascale.
Rappelant qu’il est fréquent de trouver dans une même famille toutes les confessions, le sociologue souligne que les Sénégalais ont pris une large avance d’autant plus qu’un musulman peut donner le nom de son ami ou parent chrétien à son enfant et vice versa. Des musulmans assistent parfois à des offices religieux lors de certains événements comme les ordinations sacerdotales… Abdou Khadr Sanokho note que ces éléments contribuent à consolider les relations entre différentes religions. Lors des grandes cérémonies chrétiennes comme le pèlerinage national marial de Popenguine, toutes les grandes familles religieuses y sont représentées.
Un exemple à propager
Le juge Mohamed Abdel-Salam, membre du Centre Al-Azhar pour le dialogue interreligieux, a même donné le Sénégal en exemple au cours d’une visite qu’il a rendu à l’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye. « Pour consolider la fraternité entre les hommes, il y a un long chemin à parcourir. Le Sénégal peut servir d’exemple en Afrique, mais aussi dans le reste de la planète », a-t-il déclaré.
Toutefois, Mgr Benjamin Ndiaye souligne que même si le modèle sénégalais est beau et peut servir de référence, il ne faut pas fermer les yeux devant les dangers qui existent.
Je suis allé au Sénégal en 1980. A l’époque allait commencer une guérilla entre musulmans wolofs et chrétiens du sud, en Casamance.
Je suis très surpris d’entendre parler de tolérance.