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Monsieur Sarkozy, l’Islam de France vous dit : « lâchez-nous les baskets » !

La gouvernance par la peur, technique parfaitement rôdée par les apprentis dictateurs, devient une ficelle politique très rentable pour Nicolas Sarkozy, son parti et son gouvernement, totalement inconscients des dangers encourus par toute société qui stigmatise abusivement ses minorités sur l’autel de l’électoralisme et du populisme. L’histoire est pourtant riche d’enseignements sur les conséquences dramatiques de la bouc-émissarisation d’une minorité ethnique ou religieuse en temps de crise.

Entretenir le sentiment de peur de l’autre, surtout quand il est musulman, et publiquement assimilé à islamiste et terroriste pour mieux détourner l’attention de l’opinion publique, laquelle est bien plus alarmée par le chômage, les retraites, et la santé que par l’intégration et les rapports entre groupes sociaux – classés seulement 15ème dans l’ordre des préoccupations des français selon le dernier sondage IFOP – est indigne d’une république démocratique !!!

Autiste aux appels du peuple, incapable de tenir ses promesses de candidat du pouvoir d’achat, de la lutte contre le chômage, les délocalisations, les plans sociaux et autres fermetures d’usines, Nicolas Sarkozy nous joue la carte de la diversion et de la tromperie en attisant la haine et la division entre les français, dans une chasse aux sorcières qui a trouvé sa proie toute désignée : la deuxième religion du pays et ses adeptes.

Il exhorte à lutter contre le communautarisme, mais choisit de se rendre au dîner du CRIF, dîner communautaire par excellence, accompagné d’une escorte de 23 Ministres. Quelle image nous renvoie-t-il alors ? Celle de la France des inégalités criantes, où certains citoyens sont plus égaux que d’autres, selon leur religion ou leur origine, et méritent les égards de la République, quand tant d’autres, toujours les mêmes, ne connaissent que son mépris !

L’extrême-droite, la droite et une partie de la gauche usent et abusent du prétexte de la Laïcité en danger, alors même que les citoyens français de confession musulmane ne demandent rien d’autre que la stricte application de la Loi de 1905, de manière équitable et égalitaire. Quant aux élus de tous bords qui parlent de la modifier ou de l’adapter, leur démarche trahit un clientélisme patenté, cherchant à obtenir le vote musulman qui commence à peser et à faire la différence dans certaines villes. Certains d’entre eux, tels que Eric Raoult et quelques-uns de ses amis, étaient allés jusqu’à proposer aux musulmans un projet de loi sur le blasphème !!! Sidérant dans une République laïque, proprement hallucinant pour un édile et parlementaire qui se prétend haut et fort laïc et démocrate !

Après la Burqa, le Quick halal, la virginité, et autres sujets de diversion passionnels…, voici venu le temps des prières dans la rue et de l’exploitation politicienne qui s’ensuit déjà, et dont on peut prédire qu’elle ne lâchera pas prise jusqu’aux élections présidentielles et législatives…

A ce sujet, il est important de rappeler que la Loi de 1905 stipule que la République garantit le libre exercice du culte, quel qu’il soit, c’est-à-dire qu’elle doit privilégier la dignité de sa pratique, ce qui conduit les élus ou certains préfets à octroyer un gymnase, ou un terrain dédiés à l’exercice du culte (prières ou abattage rituel). Mais l’islamophobie ambiante, la pression de l’extrême-droite, et les différents procès intentés à certaines municipalités, qui ont osé faciliter les choses dans le cadre de la loi et qui ont été condamnées en retour par les tribunaux administratifs, ont instauré un lourd climat de peur et de repli.

Résultats de cette politique, les élus n’osent plus vendre de terrains, signer des baux emphytéotiques, ou faire des prêts aux musulmans, dont les locaux exigus obligent les fidèles à prier dans la rue. Il faut être aveugle ou de mauvaise foi pour ne pas comprendre que la démographie des musulmans augmente, à l’image du reste de la population, et que les lieux de culte actuels ne sont plus adaptés.

La course effrénée derrière Marine Le Pen, dont les prévisions de vote font des envieux à droite mais aussi à gauche, ne fait que radicaliser les rapports sociaux, les musulmans et leur religion se voyant estampillés “incompatibles avec la démocratie et la République”. Un amalgame des plus dangereux, qui risque de pousser certains jeunes musulmans, victimes de discriminations, de diabolisation et de rejet, dans les bras précisément de ceux que la République voit partout : les extrémistes et les terroristes. Beau bilan !

Après avoir pollué le climat ambiant avec le catastrophique débat sur l’identité nationale, qui a déchaîné une haine sans précédent envers les musulmans de l’Hexagone et au-delà, permettant de surcroît au Front National de refaire surface de manière inquiétante, c’est donc le plat réchauffé d’un fiasco Sarkozyste, qui visait les musulmans et uniquement eux, que l’on nous ressert ! La boîte de Pandore a été ouverte, le FN et les identitaires s’y sont aussitôt engouffrés, quant au gouvernement, il essaie hâtivement de prendre le train raciste et islamophobe en marche, à l’image des propos tenus par Jean-François Copé, à l’issue des élections régionales, qui appelait à « retourner aux fondamentaux, c’est-à-dire le débat sur l’identité nationale , la loi sur la Burqa, la sécurité …. ».

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Volonté de renforcer la gestion policière et criminalisante de la deuxième religion de France, volonté de promouvoir des imams dociles et béni-oui-oui, à la Chalghoumi, volonté de contrôler les imams et leurs prêches en fonction de leur langue maternelle et de leur nationalité, et pourquoi pas pendant qu’on y est, contrôler les horaires d’ouverture des mosquées, et le tour sera joué : le Ben Ali qui a disparu en Tunisie réapparaîtra dans notre cher pays des droits de l’Homme !

Comme nous l’avons constaté depuis l’arrivée de Sarkozy au ministère de l’Intérieur, puis à l’Elysée, la laïcité ne cesse d’être bafouée dans l’esprit et dans la lettre, la confusion des espaces et des genres étant devenue la règle de celui qui a créé le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman ) au détriment des règles élémentaires de l’indépendance, de la démocratie et de la laïcité, un multirécidiviste qui a tordu le cou à la neutralité de la fonction présidentielle. Alors que Jean Jaurès disait « il faut apaiser la question religieuse pour s’occuper de la question sociale », Nicolas Sarkozy est plutôt d’avis d’ « attiser la question religieuse pour mettre sous le tapis la question sociale ».

Et les musulmans dans tout cela ?

Les musulmans, piégés par des représentants du culte qui ont voulu s’ériger en représentants de la communauté, encouragés en cela par le pouvoir qui a misé sur des personnalités et organisations serviles à souhait, n’ont plus que le choix de la lutte pour préserver les droits légitimes et indiscutables, tels que le droit à l’auto-organisation, le droit de culte et de conscience, le droit d’élire démocratiquement leurs représentants ou les représentants de leur culte, et le droit à l’expression pour dénoncer une mascarade néo-coloniale qui n’a que trop duré.

Les musulmans doivent sortir de cet état de léthargie qui les pousse au repli et à l’auto-censure. Vendredi dernier, alors que je faisais ma prière dans une petite mosquée de la région lyonnaise, la scène qui s’est déroulée sous mes yeux fut très révélatrice : faute de place, certains croyants ont été obligés de prier sur le trottoir. A la fin de la prière, les esprits se sont échauffés, et certains fidèles sont allés jusqu’à dire qu’il était interdit de prier sur le trottoir, indiquant à leurs coreligionnaires qu’ils pouvaient se recueillir chez eux, alors même qu’il s’agissait de la prière du Vendredi qui ne peut avoir lieu que dans l’enceinte de la mosquée. Certains sont donc prêts à s’auto-censurer, voire même à changer les règles intangibles de leur religion, pour obéir aux pressions et injonctions islamophobes qui ne cessent de pleuvoir.

Le grand battage médiatico-politique ne doit plus perdurer, et l’islam et les musulmans doivent se battre avec détermination pour ne plus être les dindons de la farce, ou pire encore l’enjeu principal de chaque élection, que ce soit à travers leur couleur de peau, leur origine, leur religion, et bientôt leur patronyme.

La chute des dictateurs, le vent de révolte et de liberté qui souffle dans les pays d’origine, doivent inciter les musulmans de France à prendre la parole, et à condamner fermement la gestion néo-coloniale de leur religion par l’ami des autocrates, Nicolas Sarkozy en personne, qui s’est appuyé sur eux pour réprimer et faire réprimer toute voix dissonante ou contestataire pendant des années. Mais ce temps là est révolu, et le chantage du retour au pays, ou la menace de subir les foudres des despotes et de leurs sbires, ici ou ailleurs, ont été balayés par un climat de liberté, de démocratie, empreint de dignité.

Les musulmans de ce pays ne récolteront que ce qu’ils auront semé. Au vu des maigres scores de leur participation à diverses élections, locales ou nationales, qui n’atteignent que 5% dans certains quartiers, ils risquent fort de récolter encore longtemps, discriminations, mépris, exploitation, islamophobie, voire marginalisation politique, sociale et culturelle. Même si l’offre politique ne correspond pas à leurs attentes, les musulmans de France doivent plus que jamais se mobiliser et se rendre vers les urnes, soit pour voter blanc, soit pour inscrire sur leur bulletin ISLAMOPHOBIE et/ou PALESTINE. Deux messages forts qui arriveront à destination sans aucun problème, car tous les bulletins sont comptabilisés lors des élections.

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