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Marine, ou le fantasme de la lepénisation des esprits

Au vu de l’artillerie lourde déployée par le candidat Sarkozy et ses sbires durant la campagne électorale, on aurait pu s’attendre à pire. Tous les thèmes susceptibles d’exciter la fibre xénophobe d’une partie de l’électorat y sont en effet passés, avec l’espoir de grappiller quelques voix supplémentaires du côté de l’extrême droite. Au grand dam des nostalgiques d’un quinquennat aux relents pour le moins liberticides, la stratégie n’aura pas payé.

Mais le plus curieux, dans l’histoire, ne réside pas tant dans la victoire de M. Hollande que dans la façon dont la supposée « montée » du Front National a été mise en scène. De ce côté, les médias ont rivalisé en trivialités et autres balivernes pour nous prédire un score historique de la « France Bleu Marine », sous le couvert de sondages d’opinions où la tautologie était mise au service du pléonasme, le Français étant par définition un individu allergique à l’altérité.

Or, les résultats comparés des votes aux trois dernières élections présidentielles indiquent de manière claire que l’extrême droite française n’a pas connu cette percée historique tant attendue. Pour rappel, lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2002[1], pour 16 candidats en lice et près de 28 500 000 suffrages exprimés, Jean-Marie Le Pen avait obtenu 16,85 % des voix et Bruno Mégret 2,34 %, soit un total de 19,19 % pour les deux partis d’extrême droite. En 2007, pour 12 candidats et près de 36 720 000 suffrages exprimés, le FN est retombé à 10,44 %.

Cette année, pour 10 candidats et un peu plus de 35 880 000 suffrages exprimés, Marine Le Pen a obtenu 17,90 %, soit moins que le score cumulé de l’extrême droite en 2002. La proportion du vote en faveur du FN oscille donc dans une fourchette et des catégories de la population assez balisées, nonobstant la diminution des candidats et l’augmentation du nombre de votants. On est alors en droit de se demander pourquoi les politiques et les médias ont-ils pu monter en épingle cette soi-disant vague frontiste ? D’autant plus que la véritable surprise, si l’on peu dire, de cette élection, serait plutôt à chercher dans l’absence de conviction profonde, ou du vote par dépit pour être plus explicite, en faveur du candidat socialiste, et bien entendu dans les 5,80 % de votes blancs ou nuls au second tour du 6 mai dernier.

Le vainqueur et son outsider ont de quoi méditer, ici, aux horizons – pour l’un – et aux conséquences – pour l’autre – de leurs choix politiques futurs et passés.

Cette élection nous révèle donc plusieurs enseignements aux plans sociologique et historique. Au premier plan, tout d’abord, les questions relatives à l’immigration et à la sécurité ne font jamais partie des préoccupations premières des Français dans les sondages d’opinion, sauf quand ces derniers sont organisés de manière à obtenir les réponses attendues pour l’orientation et la justification de certains discours politiques.

A ce propos, depuis l’émergence des grands sondages d’opinion, en France, après la seconde guerre mondiale, la technique a été largement éprouvée, nous y reviendrons plus bas. Lorsqu’on les interroge sur les motivations présidant à leurs choix politiques, les Français ciblent en très large majorité deux choses : le pouvoir d’achat et l’emploi.

C’est donc à la lumière de ces deux principaux critères qu’il faut analyser les autres items mis en avant dans les sondages, lesquels sont parfois introduits au forceps par les politiques et les analystes de tous bords afin d’alimenter l’idée que le racisme est répandu et qu’il participe directement des choix politiques du citoyen. L’exemple du sondage conduit par l’institut CSA en décembre 2011[2] sous le titre Xénophobie, antisémitisme, racisme, anti-racisme et discriminations en Franceet mis en ligne sur le site de l’institut le 28 mars dernier (soit moins d’un mois avant le premier tour des présidentielles) en est une illustration parfaite.

Il s’agit de l’enquête annuelle effectuée pour la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) sous la tutelle directe du Service d’Information au Gouvernement (SIG). Chaque année, la CNCDH conduit en effet le même sondage afin de mesurer l’évolution du « sentiment » des Français[3]. Le fait que le rapport annuel soit rendu au Premier Ministre après validation du SIG pose cependant question. Sans s’attarder sur les aspects méthodologiques de tels sondages, on peut s’interroger à la fois sur les conclusions présentées et sur les questions posées.

Pour les conclusions, l’institut CSA nous dit en gros que les Français ont le sentiment que les Arabes et les Noirs sont les principales victimes du racisme, mais en même temps ceux-ci ne font pas suffisamment d’efforts pour s’intégrer et les Arabes et autres musulmans vivent un peu trop en communautés repliées. Les Français ont également un fort sentiment de développement du racisme, mais moins de 10 % s’assument en tant que tels.

Dans un contexte de forte stigmatisation de l’altérité et de crispations en tous genres, la boule de cristal posée sur le comptoir du café du commerce aurait prédit à peu près… la même chose. En effet, ce n’est pas une surprise de constater que les populations souffrant des plus fortes concentrations géographiques – ce qui ne résulte pas de leur choix, dans la plupart des cas – vivent principalement dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ; ils sont donc beaucoup plus exposés aux attitudes racistes et discriminatoires et, dans le même temps, suspectés d’entretenir un communautarisme plus ou moins actif.

Ce type de sondages en dit tout autant sur la reproduction des stéréotypes liés à l’altérité que sur « la réalité de la réalité[4] » de l’altérité elle-même. En y jetant un œil de plus près, on constate en effet une série d’amalgames dans l’approche terminologique qui questionne réellement la portée heuristique de la démarche. Je me limiterai ici à deux exemples : la première question du sondage précité est formulée de la façon suivante « Pouvez-vous me dire quelles sont vos principales craintes pour la société française ? » avec 15 réponses proposés, dont « l’immigration ».

Passons sur la pertinence d’inscrire d’emblée l’immigration comme un problème pour la société ; par contre, en bas du tableau relatif à cette question l’institut CSA nous dit qu’à partir de l’année 2007, l’item « immigration clandestine » a été transformé en « immigration » tout court. Excusez du peu… Dans le même registre, on s’aperçoit que les deux questions relatives à la perception du racisme et des discriminations, auparavant distinctes, ont fait elles aussi l’objet d’une fusion.

Il en résulte donc une espèce de chakchouka indigeste dans les réponses, lesquelles font ensuite l’objet d’une typologisation tout aussi inopérante au plan heuristique. Le lecteur et le téléspectateur lambdas,quant à eux, n’y voient que du feu car ils ne comprennent rien au jargon des initiés et, avant même que le sociologue n’ait eu le temps d’entamer l’introduction de son argumentaire, le politique aura déjà traduit les « sentiments des Français » dans la vulgate appropriée et la rhétorique éprouvée afin de justifier – ou conforter, au choix – des orientations plus ou moins coercitives en matière d’immigration.

Les amalgames comme les typologies fantaisistes du sondage conduit pour la CNCDH ont fait l’objet de vives critiques de la part des chercheurs et des acteurs de terrain car ils constituent, au final, de véritables machines à fabriquer l’opinion, comme l’a très bien montré Alain Morice lorsqu’il affirme, entre autres : « Le Service d’information du gouvernement (SIG) s’invite chaque année dans le rapport de la Commission pour apporter son label. Confiée alternativement à l’un ou l’autre des deux principaux instituts de sondage, l’opération a pour fonction de puiser dans la vox populi une légitimation pour les politiques gouvernementales. C’est ainsi que, sans difficulté aucune, la méthode des réponses induites se révèle efficace pour montrer par exemple, au hasard des ans, que « les Français ne sont pas mûrs pour accorder le droit de vote aux étrangers », que la construction de mosquées dérange le voisinage, et que lutter plus efficacement contre l’immigration clandestine, éviter les concentrations trop fortes d’immigrés, favoriser chez eux une meilleure connaissance de la langue française ou encore… faire reculer l’insécurité sont autant de moyens efficaces de lutter contre le racisme et les discriminations – autant de ratifications populaires dont le SIG ne se prive pas de se prévaloir dans son commentaire »[5].

Au plan historique, les sondages produits pouret instrumentalisés parle politique vont s’imposer progressivement à partir du grand sondage d’opinion conduit en 1951 par Alain Girard et Jean Stoetzel[6]. Les années 1970 connaissent plusieurs pics d’actes racistes et une inflation des débats sur l’utilité ou non de garder les immigrés – devenus désormais inutiles selon certains politiques et autres membres du gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing – sur le territoire national[7]. Plusieurs sondages d’opinion sont conduits durant cette décennie ;  dans son enquête de 1971[8], Alain Girard propose des intitulés de questions qui en choqueraient plus d’un aujourd’hui, avec une banalisation de la notion de « seuil de tolérance » à travers des demandes du type « Quel est selon vous le maximum d’enfants étrangers que l’on doit accepter par classe ? ».

Nous sommes une nouvelle fois face à une volonté d’orienter l’opinion publique et, sous couvert de scientificité, les auteurs des sondages transposent dans les questions posées des partis pris idéologiques au service d’orientations politiques de plus en plus restrictives. Au début des années 1980, le « Français de souche » prend le relais du « seuil de tolérance », toujours dans le même esprit de banalisation de la figure de l’« Autre ».

Celui-ci est érigé en symbole de l’antinomie puisqu’il est posé, d’emblée, dans une perspective fondamentalement exogène et pathogène. Parallèlement, l’appellation « immigré de la deuxième génération » est employée pour désigner de manière spécifique les enfants issus des immigrations maghrébine et d’Afrique subsaharienne, les confinant ainsi dans le même registre de la non intégration, avec un discours « scientifique » posant la bi-culturalité franco-africaine comme étant forcément un problème pour les enfants de migrants.

C’est donc un véritable « climat sociétal » qui s’est construit progressivement au cours des Trente Glorieuses, puis il s’est affermi durant les vingt-cinq années suivantes pour s’accentuer très fortement ces dix dernières années sous deux aspects au moins. Tout d’abord, au plan de l’accueil et du séjour des étrangers, l’espace Schengen est devenu un véritable bunker au sein duquel les pays membres rivalisent d’originalité pour rogner progressivement les libertés fondamentales octroyées par le droit international au sortir de la deuxième guerre mondiale.

L’une des dernières en date consiste purement et simplement à décourager les nationaux à contracter une union avec un étranger « indésirable » ou résidant dans un pays inscrit sur la liste noire des « indésirables », sous peine de s’exposer à des difficultés herculéennes pour pouvoir fonder une famille sur le territoire national. Ensuite, au plan sémantique, le discours racialiste sur la « pureté nationale » s’est complètement banalisé, sur fond là aussi de justification des orientations politiques du gouvernement depuis 2002, avec une focalisation pathologique sur l’islam, les Arabes et les Noirs.

A ces deux plans, même si Mme Le Pen feint de l’ignorer, une partie du programme du Front National est déjà entrée en vigueur. Citons par exemple les accords économiques bilatéraux ; chaque pays « pourvoyeur » d’immigrés « indésirables » doit montrer patte blanche en participant activement à la lutte contre l’ « émigration illégale » (on notera ici le néologisme) de ses nationaux. Il doit également accepter le principe de réadmission de ses ressortissants expulsés de l’espace Schengen.

Sous couvert de discours sécuritaire et alarmiste sur les « vagues », voire le « tsunami » migratoire, c’est la mise à genou continuelle des pays du Sud, et en particulier de l’Afrique, qui se déploie tranquillement sous nos yeux. Elle masque la logique d’exploitation des richesses matérielles et autres « cerveaux » par le Nord qui, elle, ne souffre pas de contestation[9]. Citons également toute la stigmatisation cyclique dont fait l’objet l’islam, de manière spécifique – sinon calculée ? – et dont M. Sarkozy et ses épigones ont usé et abusé sans vergogne, depuis le « musulman d’apparence » jusqu’au « Cheval de Troie » non assimilable et destructeur de la culture nationale, tel le charognard s’excitant sur les restes décomposés de la dépouille musulmane jetée à la vindicte frontiste.

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Face à cette stratégie de fabrication du fantasme collectif sur l’étranger qui a déjà contaminé une partie de l’Europe, on pourrait quasiment qualifier le score du Front National de  ridicule. Peut-être que, dans le fond, les Français ont assimilé dans leur inconscient collectif la diversité dans laquelle leur pays s’est construit ; selon l’INED, plus de 23 % des Français ont un ascendant direct, parent ou grand-parent, immigré.

Aussi, le véritable problème de fond réside moins dans la capacité des étrangers et autres « issus de… » à s’assimiler que dans celle des gouvernants à assurer la continuité des politiques sociales. Lors de leur enquête conduite en 1951, Girard et Stoetzel étaient déjà capables de cibler cet aspect social, relatif aux conditions de vie, lorsqu’ils mentionnaient que « […] l’on est conduit à se demander si l’inadaptation dont souffre un grand nombre d’Algériens en France, n’est pas la conséquence de circonstances sociales, bien plus qu’elle ne traduirait une inaptitude initiale à l’adaptation. L’opinion publique, enregistrant des faits visibles, serait tentée de justifier ses réflexes à ses propres yeux, en considérant comme cause ce qui ne serait qu’effet.[10] »

Alors, à qui peut bien profiter cette mise en scène du mouvement frontiste et ce discours de haine consistant à atomiser l’échiquier politique et à diviser le « Peuple de France » ? D’un côté, on peut affirmer qu’il a toujours existé un sentiment xénophobe et d’approche négative de l’altérité, indépendant de l’extrême droite elle-même, lequel connait des poussées d’acné en période de crise.

Le vote FN d’une partie de la France rurale, de ce point du vue, s’inscrit dans un racisme lié à la terre qui ne date pas d’aujourd’hui et, si on lui ajoute le vote protestataire dépassant rarement la frontière des premiers tours électoraux, le nombre des farouches adeptes de la « France Bleu Marine » se restreint considérablement. D’un autre côté, ces dernières années ont connu une structuration du champ politique à partir du discours de rejet développé par le Front National et les blocs identitaires.

Ce discours a la prétention de se poser comme une ligne de démarcation entre « patriotes » et « utopistes mous » soit-disant aveugles à la destruction de la nation par tout ce qui peut représenter l’altérité pathogène : mondialisation, immigration massive et, bien entendu, musulmans. Sur ces thématiques, Nicolas Sarkozy a certainement pêché par excès de zèle, mais à force de jouer avec le feu les « Politiques de l’extrême » risquent bien de se transformer en pompiers pyromanes.

En banalisant de la sorte la haine, on ne peut prédire en effet si les Français auront toujours la tentation de résister à l’autodestruction nationale que voudraient programmer les « Patriotes de l’extrême ». N’oublions pas que sur ses thèmes de prédilection, le programme du Front National est bien loin de coller aux idéaux républicains. Trois domaines phares détaillés sur le site frontiste, à savoir « Etat fort », « famille » et « immigration »[11] peuvent être résumés de la manière suivante « Etranger, écrase-toi ou casse-toi ! Français, travaille et tais-toi ! Française, accouple-toi et repeuple ton pays ! »

Les personnes tentées par l’expérience frontiste, et plus particulièrement celles d’ « ascendance immigrée directe » devraient avoir à l’esprit que, parallèlement à son hyper-centralisation jacobine et son ultra-nationalisme, le programme frontiste développe une fusée identitaire dont le dernier étage, en toute logique, correspondrait ni-plus ni-moins au retrait de la nationalité pour les Français « non méritants ». Un citoyen averti en vaut deux…

Notes:

 


[1]Les résultats électoraux sont disponibles sur le site du ministère de l’Intérieur (www.interieur.gouv.fr) et sur le site du Conseil Constitutionnel (www.conseil-constitutionnel.fr).

[3]Le sondage est disponible en annexe du rapport annuel de la Commission. Les rapports annuels de la CNCDH sont quant à eux disponibles à l’adresse : http://www.cncdh.fr/rubrique70f8.html?id_rubrique=27

[4]Qu’il me soit permis ici de paraphraser le titre de l’ouvrage de l’ouvrage de Paul Watzlawick, La réalité de la réalité : confusion, désinformation, communication.., écrit en 1978 et publié aux éditions du Seuil en 1984.

[5]Alain Morice « Du seuil de tolérance au racisme banal, ou les avatars de l’opinion fabriquée », Journal des anthropologues, 110-111, 2007. On pourra consulter également deux autres de ses articles : « A quoi sert le sondage annuel sur la racisme ? », in Hommes & Migrations, n° 1227, sept-oct 2000 et « Le sondage annuel sur le racisme, suite (et fin ?) », in H&M, n° 1236, mars-avril 2002.

[6]Alain Girard et Jean Stoetzel, « Attitudes et comportements des nationaux à l’égard des immigrants », in Français et immigrés, Paris, 1953. Jean Stoetzel sera,  entre autres, le fondateur de l’IFOP.

[7]Sur les débats sous-jacents aux politiques migratoires en France, je ne saurait trop conseiller le lecteur de se reporter à l’ouvrage de Vincent Viet, La France immigrée ; construction d’une politique 1914-1987, Fayard, 1998 et à l’ouvrage de Patrick Weil Liberté, égalité, discriminations. L’identité nationale au regard de l’histoire, Grasset, 2008.

[8]Alain Girard, Attitudes des Français à l’égard de l’immigration étrangère.Enquête d’opinion publique. In: Population, 26e année, n°5, 1971 pp. 827-875.

Source : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1971_num_26_5_5364

[9]La question spécifique de la dette des pays émergents illustre parfaitement cette situation absolument scandaleuse. Selon le CADTM (Cf Les chiffres de la dette 2011) les PED (pays en développement) ont remboursé l’équivalent de 110 fois ce qu’ils devaient en 1970, mais entre-temps leur dette a été multipliée par 50, et celle-ci représente la part la plus importante du budget de l’économie de la plupart des pays africains. Ces derniers sont complètement assujettis aux décisions des institutions financières internationales (dette multilatérale) dans lesquelles ils n’ont quasiment aucun pouvoir de décision. Pour plus de détail cf Damien Millet, Daniel Munevar et Éric Toussaint (éd), La Dette ou la Vie, coédition ADEN-CADTM, Bruxelles-Liège, 2011, sortie en librairies en mai-juin 2011.

[10]Alain Girard et Jean Stoetzel, « Nouveaux documents sur l’immigration en France », in Population, 9e année, n°1, 1954. Source : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1954_num_9_1_3399

[11]Pour une présentation détaillée du programme du FN, cf : www.frontnational.com/le-projet-de-marine-le-pen/

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