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L’histoire secrète de l’alliance scellée par la reine d’Angleterre, Elisabeth Ier, avec le monde musulman au XVIème siècle

Hors du commun, la dynastie des Tudor, l’une des plus célèbres de l’histoire de l’Angleterre, grâce principalement aux règnes d’Henri VIII et de sa fille Elisabeth Ier, a été de tous temps une source intarissable d’inspiration pour le théâtre, la littérature, le petit et le grand écran.

Objet de mélodrames à grand spectacle, la vie, jalonnée d’intrigues et de tumultes de ses illustres personnages, semblait n’avoir aucun secret pour le grand public, hormis celui qu’un historien de renom, Jerry Brotton, a fait ressurgir du passé dans son ouvrage « The Sultan and the Queen » :  l’alliance anglo-musulmane, enfouie dans les cendres de l’oubli, scellée par Elisabeth Ier avec le Sultan Mourad III et le Shah d'Iran.

Quand elle monte sur le trône en 1558, à tout juste 25 ans, portée au pouvoir par le parti protestant, la jeune reine Elisabeth Ier, née de l’union entre Henri VIII et Anne Boleyn, veut placer son règne sous le signe de la paix. Refusant à la fois le calvinisme et la primauté pontificale, elle instaurera l’anglicanisme en 1559, établissant l’Eglise nationale d’Angleterre, réformée par sa doctrine et sa liturgie, et affranchie de la tutelle de Rome et de Genève.

Une indépendance qui lui vaudra d’être excommuniée par le pape et l’acculera à une impasse en 1570, alors que son royaume, au bord de la ruine, n’était plus en odeur de sainteté sur le Vieux Continent.

En quête d’alliés en dehors de ses frontières, la reine n’a pas craint, alors, d’aller chercher ailleurs une aide urgente et précieuse, essentielle à la survie de son Etat tombé en disgrâce, se tournant sans l’ombre d’une hésitation vers le monde musulman pour solliciter le soutien d’un partenaire de poids de l’autre côté du Bosphore : le Sultan Mourad III, le 12ème sultan de l’Empire ottoman.

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A l’heure où l’Europe et l’Amérique de Trump, drapées dans le même cynisme, font de l’islam La menace des temps modernes, chatouillées par la tentation de fermer les frontières ou d’ériger des murs de barbelés, tout en pactisant avec l’Arabie saoudite et le Qatar, il y a près de 500 ans de cela, Elisabeth Ier nouait des liens commerciaux fructueux avec l’Empire ottoman et la Perse. Dénuée de peur irrationnelle, de préjugés et d’hypocrisie, elle était mue par un pragmatisme et une tolérance remarquables, qui l'ont conduite à établir des passerelles entre deux mondes pour des raisons politiques et commerciales affichées clairement, sans arrière-pensée.

Devenu paria au sein de l’Europe catholique, son royaume anglican s'est tout naturellement rapproché du monde islamique, sans que l’idéologie et le sectarisme ne s’en mêlent et polluent cette proximité politico-économique.

« Au cours des dernières années, il y a eu une identification paroissiale des Tudors, reflétée par la manière dont la dynastie est représentée et mise en scène dans différentes œuvres cinématographiques ou télévisées. C’est devenu un indice de l’Englishness, lié à la blancheur et au christianisme. Mais on n’a jamais montré à l’écran l’histoire des échanges commerciaux prolifiques entre le monde chrétien et islamique au XVIème siècle. Regardez les portraits des Tudors peints sur des tableaux. Ils sont couverts de perles d’Orient, de soie d’Iran, de coton issu de l’empire ottoman. A partir de cette époque, la langue anglaise subit également les influences linguistiques de ces échanges, et commence à intégrer des mots arabes et persans dans son vocabulaire courant », a commenté Jerry Brotton, l’historien d’Oxford, grâce à qui ce pan entier du règne d’Elisabeth Ier, la reine vierge avec laquelle s’éteignit la dynastie des Tudors, a été exploré et exhumé des oubliettes de la grande Histoire.

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