Mon cher Thierry,
Je comprends que ma prestation (fruit d’une manipulation que tu connais pour l’avoir pratiquée comme moi, du temps où tu étais journaliste), prestation maladroite à “Complément d’enquête”, t’ait mis en porte à faux, toi le défenseur des insoumis et autres dissidents qui font (faisaient ?) la qualité de ton émission : “Tout le monde en parle”.
Mais était-il – je ne dis pas même moral – simplement intelligent d’aller aussi loin dans la bassesse, le travail d’épurateur, en t’acharnant, en son absence, sur un homme déjà à terre ? Toi, Thierry, un ami de vingt cinq ans, qui fit la promotion empressée de mes quatre derniers livres, et qui me prenait dans tes bras, il y a quelques mois encore, à ce dîner ou tu m’invitais au Paradis Latin en me répétant, les yeux dans les yeux, combien tu respectais mon courage et ma liberté d’esprit sur certains sujets…
Es-tu sûr, toi le lecteur assidu de Maîstre et de Maurras, d’être le mieux placé pour donner des leçons de “politiquement correct” au progressiste que je suis ?
Aller jusqu’à reprocher à Dieudonné de s’être porté à mon secours après mon agression dans une librairie par trente nervis fascistes ! (À propos, où en est l’enquête ? Que fait la police ?). Es-tu sûr, Thierry mon ami, que ces récents week-ends gratis à Marrakech, chez ton nouveau mentor, Bernard-Henri Lévy, valent de descendre aussi bas ?
Mais je me doute bien, Thierry, que ces questions douloureuses, à l’heure qu’il est, tu te les poses déjà, c’est pourquoi je te laisse en délibérer avec ta conscience. Vois-tu, Thierry, aujourd’hui je suis seul, menacé, précaire… et pourtant, va comprendre, je préfère encore ma place à la tienne.
Adieu l’ami,
Alain SORAL
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