Les couteaux sont sortis et les légendes urbaines, persistantes, propagent leur malveillance à la vitesse de la lumière, ce sont à ces signes infaillibles que l’on reconnaît la dernière ligne droite d’une campagne présidentielle.
Lors de son accession au pouvoir en 2008, Barack Obama était à peine auréolé de gloire que déjà son image était brouillée par la rumeur insidieuse de son islamité. Maintes fois démenti par l’homme fort de Washington, qu’en est-il de ce bruit de couloir très partisan, jouant sur les peurs irrationnelles et la diabolisation de l’islam, quatre ans plus tard ?
Les multiples dénégations de Barack Obama n’ont pas tué la rumeur, ce dernier a eu beau clamer sa foi chrétienne, rien n’y a fait : les américains demeurent convaincus qu’il est musulman, et sont même cinq fois plus nombreux à le croire en 2012.
Un sondage, réalisé par le Pew Research Center auprès de 3 000 électeurs, entre juin et juillet, l’a mis en évidence : 17% des américains pensent que leur président est de confession musulmane, soit 5 points de plus qu’en 2008, cette conviction intime étant très perceptible chez 34% des républicains, soit deux fois plus qu’en 2008. Au sein même de ses sympathisants démocrates, 8% d’entre eux pensent qu’Obama n’est pas très catholique…
Inquiète face à ces chiffres, la communauté musulmane américaine a fait part de ses craintes : "J'espère qu'Obama ne prendra pas la peine de dire qu'il n'est pas musulman. Cela renforcerait l'idée selon laquelle l'islam peut être utilisé comme argument calomnieux", s'alarme Haris Tarin, directeur du bureau de Washington du Conseil pour les affaires publiques musulmanes (MPAC).
Pour tous les jeunes musulmans américains "qui aspirent" à être un jour élus dans leur pays, "cela leur met dans la tête qu'ils sont marginalisés", a-t-il renchéri, redoutant que cette rumeur ne serve à criminaliser les musulmans.
Cette angoisse palpable qui étreint les musulmans américains a été renforcée récemment, après qu'Huma Abedin, la collaboratrice musulmane de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, ait été accusée d’être proche des Frères musulmans et de comploter contre la diplomatie américaine par l’ex-prétendante à l’investiture républicaine Michèle Bachmann.
Véritable peau de banane politicienne, la prétendue islamité de Barack Obama devait-elle être démentie avec force ou ignorée souverainement? Cornélien, puisque dans les deux cas, les islamophobes de tous poils l'attendent au tournant…
Quoi qu’il en soit, la rumeur galopante a couru à travers le pays et semble désormais ancrée dans les esprits. Reste à savoir si elle influera ou non sur sa réélection.
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