A qui la faute ? Qui sont les responsables de la débâcle de l’équipe de France de football ? Est-ce les joueurs, l’entraîneur ou la fédération ? Autant d’interrogations légitimes de la part des journalistes, des blogueurs, de certains hommes politiques. Ces derniers essayent de refaire le match et comprendre le scénario catastrophe qu’a connu l’équipe de France, éliminée dès le premier tour de la Coupe du monde et classée dernière avec un seul point de son groupe, pourtant jugé facile lors des tirages au sort.
Certains journaux et médias télévisés se sont mis à l’analyse des matchs et la gestion du groupe France par l’entraîneur Raymond Domenech, et se sont forcés à donner au grand public des explications sur l’aventure malheureuse de l’équipe sur les terres sud-africaines.
Les commentaires étaient souvent durs et violents à l’égard des joueurs, du staff technique et de l’encadrement. Offusqués par le comportement de certains joueurs, le premier visé était Nicolas Anelka. Il a été considéré comme le joueur le plus médiocre de la compétition. Son jeu était cavalier, impertinent et complètement hors jeu.
Si nous comparons ce joueur à un acteur politique le plus cité dans les médias, il ferait penser à l’attitude du candidat Sarkozy aux élections présidentielles (1) , qui était loin d’être solidaire avec le groupe et le gouvernement de De Villepin lorsque ce dernier a lancé le contrat première embauche (CPE). M. Sarkozy s’est entièrement désolidarisé du projet de loi, sinon il est parti plus loin en jugeant le refus de la France de faire la guerre en Irak comme un manque d’humilité vis-à-vis des Etas-Unis- d’Amériques. Il a essayé de briller et officialiser par la suite sa candidature à la présidentielle de mai 2007.
Les insultes d’Anelka à l’encontre de son entraîneur et propos injurieux des certains hommes politiques à l’égard des Français
Lors de la Coupe du monde 2010, après avoir tenu des propos injurieux envers Raymond Domenech à la mi-temps du match Mexique-France, Anelka est exclu de l’équipe de France pour le reste de la compétition(2) . Cette affaire a provoqué une grande indignation dans les médias et parmi les acteurs de la vie politique française.
Par analogie, ces faits peuvent aisément être comparés avec l’altercation de Nicolas Sarkozy qui l’avait opposé à un visiteur du Salon de l’agriculture en 2008. Le chef de l’Etat avait provoqué un tollé en lançant « Casse-toi, pauv’ con ! » à un visiteur qui refusait de lui serrer la main dans les travées du Salon. Dernièrement, il a réprimandé (3) un jeune homme qui s’était essuyé la main sur son pull après avoir serré celle du président. « Fais pas le malin, toi ! », lance-t-il à cet inconnu lors d’un bain de foule devant la mairie de Chambéry, où avaient lieu les cérémonies marquant le 150e anniversaire du rattachement de la Savoie à la France.
Ces petites phrases ont écorné un peu plus le style présidentiel, sans provoquer le même baroude qui a visé les joueurs de l’équipe de France à la suite de leur élimination de la Coupe du monde.
Toujours dans le domaine des injures, le jugement historique du 4 juin 2010 rendu par la 17ème Chambre correctionnelle – Chambre de la presse – du Tribunal de Grande Instance de Paris qui a condamné M. Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur en exercice, ami et fidèle proche collaborateur du Président, pour injure raciste. Ce ministre qui a participé à la traditionnelle université d’été des « Jeunes populaires » de l’UMP à Royan, le 5 septembre 2009, a stigmatisé les origines maghrébines d’un militant UMP présent à cette rencontre. Pour M. Hortefeux, les « Arabes » sont une source de problèmes. Il a, en effet, déclaré : « Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. »
Sans oublier les dégâts du « grand débat sur l’identité nationale » qui a couronné la cacophonie verbale des certains membres du gouvernement. Personne n’a oublié les déclarations de Nadine Morano du 14 décembre 2009 en Lorraine. Elle a affirmé : « Moi, ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c’est qu’il aime son pays, c’est qu’il trouve un travail, c’est qu’il ne parle pas le verlan, qu’il ne mette pas sa casquette à l’envers. » Cette déclaration crée une controverse dès le lendemain, le propos étant décrit comme diffamatoire nourrissant l’amalgame entre les musulmans et les jeunes des banlieues défavorisées (4) .
Ceux qui nous gouvernent font ce qu’ils veulent… comme les joueurs de l’équipe de France !
Ce que nous avons constaté pendant ce mondial de football, c’est que Raymond Domenech et la fédération française de football ont laissé les joueurs de l’équipe de France faire ce que bon leur plait comme la société française laisse les gens qu’elle a élus faire ce qu’ils veulent : Jean Sarkozy à l’EPAD, le droit d’honneur d’Eric Besson aux journalistes, cigares à 12000 euros de Christian Blanc, rapport de Christine Boutin, l’hébergement des proches de Fadila Amara aux frais du contribuable dans son logement de fonction, jet privé hors de prix pour Alain Joyandet, demi-sœur de Carla Bruni en stage à l’Elysée, scandale de l’argent de Liliane Bettencourt, …
L’équipe de France de football actuelle, avec son côté bling-bling et ses déboires, semble décevoir les Français mais pourtant et plus que jamais, elle est le reflet des membres du gouvernement et marque l’ère du Sarkozysme.
Notes :
(1)A l’époque ministre de l’intérieur du gouvernement.
(2)Communiqué officiel de Fédération française de football au sujet de l’exclusion de Nicols Anelka.
(3) Les faits datent du 22 avril 2010
(4) Le FIGARO du 3 mars 2010
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