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L’âge d’or de l’Islam (1/2)

Beyt al-Hikmah

Introduction

L’âge d’or islamique désigne une période de l’histoire de l’islam, traditionnellement datée du VIIIe siècle au XIIIe siècle, au cours de laquelle une grande partie du monde historiquement islamique était gouvernée par divers califats et où la science, le développement économique et les œuvres culturelles étaient florissants. i On considère traditionnellement que cette période a commencé sous le règne du calife abbasside Haroun ar-Rachid (786-809) avec l’inauguration de la Maison de la sagesse à Bagdad –beyt al-Hikma-, où des érudits de diverses régions du monde et d’origines culturelles différentes ont été chargés de rassembler et de traduire en arabe toutes les connaissances classiques du monde.

La fin de l’âge d’or a été fixée à 1258, avec le sac de Bagdad par les Mongols, ou à 1492, avec l’achèvement de la reconquête chrétienne de l’émirat de Grenade en Al-Andalous – Reconquista -, dans la péninsule ibérique. Pendant l’âge d’or, les grandes capitales islamiques de Bagdad, du Caire et de Cordoue sont devenues les principaux centres intellectuels pour la science, la philosophie, la médecine et l’éducation. Le gouvernement finançait largement les érudits, et les meilleurs érudits et traducteurs notables, comme Hounayn ibn Ishaq, ii avaient des salaires estimés à l’équivalent de ceux des athlètes professionnels d’aujourd’hui.

L’école de Nisibis, puis l’école d’Édesse, sont devenues des centres d’apprentissage et de transmission de la sagesse classique. La Maison de la Sagesse était une bibliothèque, un institut de traduction et une académie, et la Bibliothèque d’Alexandrie et la Bibliothèque impériale de Constantinople abritaient les nouvelles œuvres littéraires. Les chrétiens nestoriens ont joué un rôle important dans la formation de la culture arabe, avec l’hôpital et l’académie de médecine de Joundishapour, iii très en vue à la fin des périodes sassanides, omeyyades et au début des périodes abbassides. Notamment, huit générations de la famille nestorienne Boukhtishou ont servi de médecins privés aux califes et aux sultans, entre le VIIIe et le XIe siècle.
L’astrolabe, le premier ordinateur de l’humanité

Qu’est-ce qui a conduit à l’âge d’or ?

« L’âge d’or » reposait sur plusieurs facteurs. iv Les musulmans, suivant les directives du Prophète Mohammed, étudiaient et recherchaient la connaissance. Un Hadith du Prophète de l’Islam disait à ce propos :

« L’encre du savant est plus sacrée que le sang des martyrs », [Rapporté par Nu’man ibn Bashir (ash-shirazi), et ‘Imran ibn Hussayn (par ibn al jawzi)] v

Le Messager d’Allah ﷺ a encouragé la recherche médicale en prêchant qu’Allah n’a pas fait descendre une maladie sans qu’il est également fait descendre son remède“ [Sahih al-Boukhari 5678] قال رسول الله ﷺ: «مَا أَنْزَلَ اللَّهُ دَاءً إِلاَّ أَنْزَلَ لَهُ شِفَاءً‏‏».‏ صحيح مسلم ٥٦٧٨

La communication est devenue plus facile, car l’Empire musulman unissait de vastes zones géographiques. Les érudits voyageaient pour enseigner ou partager des idées. En outre, la langue arabe est devenue un facteur d’unification. vi Les traductions du grec, du latin et du chinois en arabe étaient innombrables, éliminant ainsi les barrières linguistiques pour les érudits. À la même époque, les Arabes ont appris des Chinois comment produire du papier et les livres sont devenus plus disponibles.

Des bibliothèques furent créées au Caire, à Alep, à Bagdad et dans des centres urbains d’Iran, d’Asie centrale et d’Espagne, tandis que des librairies proposant des milliers de titres ouvraient dans plusieurs villes. Enfin, la Maison de la Sagessebeyt al-Hikma, une institution académique faisant office d’université, a été créée à Bagdad en 1004 de notre ère.

La Maison de la Sagesse était une institution hors pair en son temps, dans le sens où, par le biais de la traduction, elle contribuait grandement à rapprocher les cultures et à transmettre le savoir. Pour Marie-Geneviève Balty-Guesdon, cette illustre maison était une institution hors-histoire : vii

Le rôle rempli par la Maison de la Sagesse dans les traductions n’est pas celui d’un centre au sens physique du terme, mais d’un centre autour duquel se forma un milieu musulman où évoluaient les principaux commanditaires des traductions, y compris celles de Hunayn : les Banū Mūsā et ‘Alī ibn Yahyā ibn Abī Mansūr. Les Banū Mūsā étaient trois frères confiés très jeunes, à la mort de leur père, à al-Ma’mūn et installés à la Maison de la Sagesse avec l’astronome Yahyā ibn Abī Mansūr. Ils devinrent mathématiciens, astronomes et géomètres. ‘Alī, le fils de Yahyā fut l’un des commanditaires de plusieurs traducteurs chrétiens. Il possédait lui-même une bibliothèque qu’il appela Bibliothèque de la Sagesse (Khizānat al-Hikma). On retrouve l’un des Banū Mūsā aux côtés de Thābit ibn Qurra al-Harrānī (836-901), un savant auquel Gouguenheim attache beaucoup d’importance, tout en commettant une erreur surprenante : il lui attribue le nom d’un évêque melkite, Théodore Abū Qurra (v. 750-v. 825), disciple de Jean Damascène ! Au-delà de la Maison de la Sagesse, les traductions répondaient bien à une demande de la société musulmane, à commencer par les califes ; mais elles étaient également prises en charge par des élites que la Maison de la Sagesse avait peu à peu contribuées à former. Ces traductions n’étaient pas une activité marginale, allons jusqu’à dire dissidente, soumise au hasard de rencontres fortuites entre savants, comme le laissent entendre les expressions « de manière dispersée, en privé », employées par Gouguenheim à propos de l’activité des traducteurs“.

Califat abbasside

Après la mort du Prophète Mohammed et une période relativement brève de règne des califes Rachidoun (632-661), viii la dynastie omeyyade a pris les rênes du pouvoir. Basé à Damas, en Syrie, le califat omeyyade a dû faire face à des pressions et à une résistance internes, en partie parce qu’il affichait une préférence évidente pour les musulmans arabes, excluant les musulmans non arabes comme les Perses. Profitant de cette faiblesse, l’Arabe sunnite Abou al-Abbas a organisé une révolution en 750 de notre ère. Avec le soutien de ses partisans, il a détruit les troupes omeyyades lors d’une bataille massive et a formé la dynastie abbasside à sa place.

Les dirigeants de la dynastie abbasside ont construit Bagdad, la capitale de l’Irak actuel. Bagdad allait remplacer et éclipser Damas en tant que capitale de l’empire. Située à proximité du Tigre et de l’Euphrate, elle était idéale pour la production de denrées alimentaires destinées à nourrir une population nombreuse. ix

Les Abbassides ont construit Bagdad à partir de rien, tout en conservant le réseau de routes et de voies commerciales que les Perses avaient établi avant que la dynastie des Omeyyades ne prenne le relais. Bagdad occupait une position stratégique entre l’Asie et l’Europe, ce qui en faisait un lieu privilégié sur les routes commerciales terrestres entre les deux continents. L’ivoire, le savon, le miel et les diamants faisaient partie des marchandises échangées par Bagdad. Les habitants de Bagdad fabriquaient et exportaient de la soie, du verre, des carreaux et du papier. La situation centrale et la culture commerciale dynamique de la ville permettaient également un échange d’idées animé.

Bagdad a attiré de nombreuses personnes, y compris des érudits, à vivre sur son territoire. Pour avoir une idée de ce qu’était la vie dans la ville nouvellement construite, voici un extrait des écrits de l’historien et biographe arabe Yakout al-Hamawi x ياقوت بن عبد ألله الحمويxi qui décrit Bagdad au Xe siècle : xii

« La ville de Bagdad formait deux vastes demi-cercles sur les rives droite et gauche du Tigre, de douze miles de diamètre. Les nombreux faubourgs, couverts de parcs, de jardins, de villas et de belles promenades, et abondamment pourvus de riches bazars, de mosquées et de bains finement construits, s’étendaient sur une distance considérable des deux côtés du fleuve. Au temps de sa prospérité, la population de Bagdad et de ses faubourgs s’élevait à plus de deux [millions] d’habitants ! Le palais du calife s’élevait au milieu d’un vaste parc de plusieurs heures de circonférence, qui, à côté d’une ménagerie et d’une volière, comprenait un enclos pour les animaux sauvages réservés à la chasse. L’enceinte du palais était aménagée en jardins et ornée avec un goût exquis de plantes, de fleurs et d’arbres, de réservoirs et de fontaines, entourés de figures sculptées. De ce côté du fleuve se trouvaient les palais des grands nobles. D’immenses rues, larges de quarante coudées au moins, traversaient la ville d’un bout à l’autre, la divisant en blocs ou quartiers, chacun sous le contrôle d’un surveillant ou d’un superviseur, qui veillait à la propreté, à l’hygiène et au confort des habitants ».

Pendant l’âge d’or de l’Islam, les savants arabes et perses – ainsi que les savants d’autres pays – ont pu s’appuyer sur les informations qu’ils avaient traduites des Grecs et d’autres pays pendant la dynastie abbasside, et réaliser de nouvelles avancées dans leurs domaines. Ibn al-Haythm a inventé le premier appareil photo et a pu formuler une explication sur la façon dont l’œil voit. Le médecin et philosophe Avicenne a écrit le Canon de la médecine, qui a aidé les médecins à diagnostiquer des maladies dangereuses comme le cancer. Et al-Khawarizmi, un mathématicien perse, a inventé l’algèbre, un mot qui a lui-même des racines arabes.

L’œil selon Hounayn ibn Ishaq

Les érudits, qui vivaient à Bagdad pendant le califat abbasside, ont contribué à la préservation du savoir grec et des autres connaissances existantes en matière de philosophie, d’astronomie, de médecine et de nombreuses autres disciplines. En plus de préserver les informations, ces érudits ont apporté de nouvelles idées dans leurs domaines et ont finalement transmis leurs découvertes à l’Europe.

Le mouvement de traduction

Avec la chute de Rome, l’héritage culturel de la Grèce classique a été perdu pour l’Europe occidentale et pratiquement aucun Européen ne savait lire le grec. Au lieu de cela, les textes ont survécu dans des traductions en arabe. Le califat abbasside parrainait ces traductions et les califes s’intéressaient personnellement au travail des traducteurs. Les traductions étaient souvent effectuées par des chrétiens syriens, qui parlaient à la fois le grec et l’arabe, et utilisaient souvent le syriaque comme langue intermédiaire. Les traducteurs envoyaient des manuscrits à Byzance ou s’y rendaient eux-mêmes pour chercher des livres. Ils étaient généreusement récompensés pour leurs efforts : un traducteur pouvait être payé quelque 500 dinars d’or par mois, une somme astronomique à l’époque.

Il y avait deux grands cercles de traducteurs à Bagdad, centrés respectivement sur les savants Hounayn ibn Ishaq xiii et al-Kindi. xiv Maîtrisant l’arabe, le syriaque, le grec et le persan, Hounayn traduit pas moins de 116 ouvrages, surtout des textes médicaux et scientifiques, mais aussi la Bible hébraïque. Son fils et ses neveux l’ont rejoint comme traducteurs dans son atelier. Hounayn se distinguait par sa méthode qui consistait à commencer par des traductions littérales sur lesquelles il basait ensuite des paraphrases, plutôt lâches, du texte original. Hounayn a également écrit ses propres livres, quelque 36 ouvrages au total, dont 21 portaient sur des sujets médicaux. Hounayn pourrait également être l’auteur du De scientia venandi per aves, un livre sur la fauconnerie, très admiré au Moyen Âge.

Al-Kindi était le proche contemporain de Hounayn et le chef d’un cercle rival de traducteurs. Bien qu’al-Kindi ne connaisse pas le grec lui-même, ses collaborateurs le connaissaient, et il passait du temps à superviser et à réviser leur travail. Les membres du cercle d’al-Kindi furent les premiers à traduire de nombreux titres d’Aristote et d’autres philosophes grecs. Mais al-Kindi a également écrit ses propres livres. Dans son ouvrage intitulé On First Philosophyxv il défend avec passion les raisons pour lesquelles les traductions du grec sont nécessaires. La vérité est la vérité, insistait-il, quelle que soit la langue dans laquelle elle est exprimée. On dit qu’al-Kindi a introduit les chiffres indiens dans le monde islamique et qu’il a été un pionnier de la cryptographie. Il a également conçu une échelle permettant aux médecins d’évaluer la puissance des médicaments qu’ils administrent à leurs patients.

Des califes comme ar-Rachid et al-Ma’moun ont directement encouragé un mouvement de traduction, c’est-à-dire la traduction officielle d’ouvrages savants du grec vers l’arabe. Les souverains abbassides souhaitaient mettre les textes grecs, tels que les œuvres d’Aristote, à la disposition du monde arabe. Leur objectif était de traduire le plus grand nombre possible de ces œuvres célèbres afin de disposer d’une bibliothèque complète de connaissances et de préserver les philosophies et l’érudition de la Grèce. Les Abbassides avaient pour objectif de faire traduire les textes de philosophie, de science et de médecine. Outre les érudits arabo-musulmans, les chrétiens syriens ont également traduit des textes syriaques en arabe.

Pourquoi les Abbassides étaient-ils si intéressés par une entreprise de traduction massive ? Outre leur désir de posséder une bibliothèque complète de connaissances et l’accent mis par le Coran sur l’apprentissage en tant qu’activité sacrée, ils avaient également une soif pratique de connaissances médicales. La dynastie était confrontée à une demande de médecins qualifiés, et il était donc indispensable de leur fournir un maximum de connaissances. xvi

Si la dynastie abbasside a pu diffuser si rapidement des connaissances écrites, c’est notamment grâce aux améliorations apportées à la technologie de l’imprimerie qu’elle avait obtenue des Chinois. Certains historiens pensent que cette technologie a été acquise après la bataille de Talas entre le califat abbasside et la dynastie Tang en 751. Les Chinois avaient gardé le secret de la fabrication du papier, mais lorsque les Tang ont perdu la bataille, les Abbassides ont capturé des papetiers avertis comme prisonniers de guerre, les obligeant à reproduire leur métier.

En Chine, la fabrication du papier était une pratique réservée aux élites, mais les Arabes ont appris à produire des textes à plus grande échelle, créant des usines de papier qui ont rendu les livres plus accessibles. À leur tour, les Européens ont fini par apprendre des Arabes ces techniques de fabrication et de production de papier.

Les sciences

De la seconde moitié du huitième siècle à la fin du onzième siècle, les développements scientifiques islamiques ont constitué la base du savoir dans le monde. À une période de l’histoire où l’héritage scientifique et philosophique du monde antique était sur le point de disparaître, les savants islamiques sont intervenus pour préserver cet héritage de la destruction. En effet, sans la culture de la science au cours de ces premiers siècles par les savants islamiques, il est probable que les textes qui ont exercé plus tard une influence formatrice sur la culture occidentale n’auraient jamais survécu intacts. Il est certain, en outre, que le monde moderne serait bien différent de ce qu’il est aujourd’hui. En effet, la culture et la civilisation fondées sur l’Islam n’ont pas seulement préservé l’héritage du monde antique, mais elles ont codifié, systématisé, expliqué, critiqué, modifié et, enfin, elles se sont appuyées sur les contributions passées pour apporter leurs propres contributions distinctives.

La théorie des nombres, développée et étendue à partir de la contribution indienne originale, a donné naissance aux « nombres arabes » de 1 à 9. Les savants islamiques ont également utilisé le concept du zéro, qui était un concept hindou. Sans le zéro, ni les mathématiques, ni l’algèbre, ni la cybernétique ne se seraient développées. L’algèbre a été essentiellement développée par les arabo-musulmans ; le mot même dérive de l’arabe al-jabr.

Parmi les savants les plus éminents figure Ibn al-Haytham (965-1030), né à Bassora, qui a développé le « problème d’Alhazen« , l’un des problèmes algébriques de base, et qui a apporté de grandes contributions à l’optique et à la physique. Il avait avancé bien avant Newton la thèse selon laquelle des phénomènes scientifiques extraterrestres régissaient le mouvement de la terre et des étoiles. Il a également développé des expériences sur la lumière qui étaient rien moins qu’extraordinaires pour l’époque. Il a démontré la théorie des parallèles, basée sur la constatation que la lumière se déplace en ligne droite, et le passage de la lumière à travers le verre.

L’astronomie, développée par les Babyloniens, a continué à s’épanouir sous l’Islam. Elle a rapidement dépassé le stade de la science de l’observation pour s’étendre à la conception d’instruments de mesure. En outre, elle a donné lieu au développement de la théorie planétaire.

L’alphabet arabe s’est développé à partir de l’ancienne écriture utilisée pour le nabatéen, un dialecte de l’araméen, dans une région qui fait maintenant partie de la Jordanie. L’alphabet arabe compte 28 lettres. Toutefois, des lettres supplémentaires ont été ajoutées pour répondre aux besoins d’autres langues utilisant l’alphabet arabe, comme le farsi, le dari, l’urdu et le turc, jusqu’au début du XXe siècle. Le Coran a été révélé en arabe.

Les sciences médicales ont été largement développées grâce aux travaux d’Ibn Sina (Avicenne) (980-1037), xvii d’ar-Razzi et d’Housayn bin Ishak al-Ibadi, qui a traduit Hippocrate et d’autres Grecs. Ar-Razi (860-940) aurait écrit 200 livres sur la médecine, dont un sur l’éthique médicale, et le Hawi, une encyclopédie pratique en 25 volumes. Ibn Sina est devenu un médecin réputé à 18 ans. Il a écrit 16 livres et le Canoun, une encyclopédie sur toutes les maladies connues dans le monde. Elle a été traduite dans de nombreuses langues.

Mais la science médicale a rapidement débouché sur la zoologie, la médecine vétérinaire, la pharmacie, la pharmacologie et la chimie. En effet, le mot « chimie » dérive du mot arabe al-kimya’ ou alchimie comme on l’a appelé plus tard. La plus importante école de médecine était celle de Joudishapour, en Iran, qui après 738 faisait partie du monde musulman. Gérée par des chrétiens syriens, elle devint le centre de la plupart des apprentissages pratiques musulmans et le modèle des hôpitaux construits sous les Abbassides (entre 749 et 1258).

Les Arabes ont clairement suivi le Hadith du Prophète les exhortant à rechercher le savoir de la naissance à la mort, même si cette recherche devait se faire en Chine (considérée comme l’endroit le plus reculé de la planète).

Les Abbassides, qui ont chassé les Omeyyades et déplacé le siège du gouvernement de Damas à Bagdad, ont fait le premier effort sérieux pour adapter la science et la philosophie grecques à l’Islam. Contrairement aux Omeyyades, dont les goûts et les coutumes étaient restés arabes, les souverains abbassides ont conçu un système politique islamique fondé sur l’affiliation religieuse plutôt que sur la nationalité ou la race. Il était donc plus facile pour des personnes aux héritages culturels, raciaux et intellectuels différents de se mêler et d’échanger des idées sur un pied d’égalité. Les astronomes perses de Gandeshapur pouvaient travailler côte à côte avec les mathématiciens d’Alexandrie dans l’atmosphère cosmopolite de Bagdad.

Le livre d’al-Khawarizmi, le père de l’algèbre

Par ailleurs, le succès de la conquête islamique a effacé les frontières nationales existantes qui avaient contribué à séparer les peuples sur les plans linguistique, politique et intellectuel. Pour la première fois depuis Alexandre le Grand, d’anciens rivaux pouvaient se rencontrer et échanger des idées sous la protection d’un seul État. L’essor de l’arabe en tant que langue internationale de la science et de l’administration gouvernementale a facilité les choses. À mesure que la culture des sciences s’intensifie et que la haute civilisation des Abbassides s’épanouit, les ressources expressives de l’arabe s’épanouissent également, faisant bientôt de l’arabe la langue de prédilection du commerce international, de l’érudition et de la révélation divine.

Mais le plus important, c’est l’attitude qui s’est développée au sein de l’État islamique à l’égard des écrits suspects des Grecs. Contrairement aux communautés chrétiennes de l’Antiquité tardive, dont l’attitude à l’égard des philosophes païens a été façonnée par l’expérience de la persécution romaine, les musulmans n’ont pas souffert – ou du moins pas au même degré – du conflit entre la foi et la raison. Au contraire, le Coran enjoignait aux musulmans de rechercher la connaissance tout au long de leur vie, quelle qu’en soit la source et où elle pouvait mener. Par conséquent, les musulmans de l’époque abbasside se sont rapidement mis à récupérer les ouvrages scientifiques et philosophiques du passé classique – négligés dans les bibliothèques de Byzance – et à les traduire en arabe.

La tâche était herculéenne et compliquée par le fait que les textes de la période classique ne pouvaient être traduits directement du grec en arabe. Ils devaient d’abord être rendus en syriaque, la langue que les traducteurs chrétiens connaissaient le mieux, puis traduits en arabe par des locuteurs natifs. Cette voie détournée était rendue nécessaire par le fait que les communautés chrétiennes, dont la langue était le syriaque, avaient tendance à connaître le grec, alors que les musulmans avaient généralement plus de facilité à apprendre le syriaque, qui est plus proche de l’arabe.

Un médecin et un patient discutent de l’empoisonnement au plomb vitrifié sur cette page de la Materia Medica de Dioscorides. L’ouvrage grec, datant du premier siècle avant J.-C., a été traduit en arabe au neuvième siècle ; il s’agit d’une copie du treizième siècle réalisée en Irak.

L’effort de traduction a commencé sérieusement sous le règne du deuxième calife abbasside, al-Mansour (754-75). Il envoya des émissaires à l’empereur byzantin pour lui demander des textes mathématiques et reçut en réponse un exemplaire des Éléments d’Euclide. Ce cadeau unique, plus que tout autre peut-être, a déclenché une passion pour l’apprentissage qui allait durer tout au long de l’âge d’or de l’Islam et au-delà. Cet effort a été systématisé par la suite sous la direction d’al-Ma’moun, qui a fondé une institution expressément destinée à cet effet, appelée Bayt al-Hikmah ou Maison de la Sagesse, dont le personnel était composé de savants musulmans et chrétiens salariés. Au fil des siècles, la production de la Maison de la Sagesse a été prodigieuse, englobant la quasi-totalité du corpus de la pensée scientifique et philosophique grecque. Euclide, mais aussi Aristote, Galien, Hippocrate et Archimède figurent parmi les auteurs qui ont été traités très tôt.

Il serait faux de suggérer que les érudits de la Maison de la Sagesse ne s’occupaient que de la traduction. Les érudits musulmans étaient généralement soucieux de comprendre, de codifier, de corriger et, surtout, d’assimiler le savoir des anciens au cadre conceptuel de l’Islam. Les plus grands de ces savants étaient des penseurs originaux et systématiques de premier ordre, comme le grand philosophe arabe al-Farabi, mort en 950. Son Catalogue des sciences a eu un effet considérable sur les programmes d’études des universités médiévales.

C’est peut-être dans le domaine des mathématiques que les contributions les plus distinctives et les plus notables ont été apportées, les érudits de la Maison de la Sagesse ayant joué un rôle essentiel dans la fusion des traditions indienne et classique, inaugurant ainsi la grande époque de la spéculation mathématique islamique. La première grande avancée a consisté en l’introduction des chiffres arabes – qui, pour autant que l’on puisse en juger, sont d’origine indienne. Ils incarnent la théorie de la « valeur de place« , qui permet d’exprimer les nombres par neuf chiffres plus zéro. Cette évolution a non seulement simplifié le calcul, mais a également ouvert la voie au développement d’une toute nouvelle branche des mathématiques, l’algèbre.

L’étude de la géométrie a été soutenue par une remarquable série de savants, les Banou Mousa ou « Fils de Mousa », qui étaient tous, littéralement, les fils de l’astronome de la cour d’al-Ma’moun, Mousa ibn Shakir. Leurs activités étaient d’autant plus remarquables qu’ils menaient leurs recherches et écrivaient en tant que simples citoyens, consacrant leur vie et dépensant leur fortune à la poursuite du savoir. Non seulement ils ont parrainé la traduction de nombreux ouvrages grecs, mais ils ont également fourni des travaux substantiels de leur cru. Al-Hasan, l’un des fils, était peut-être le plus grand géomètre de son temps, traduisant six livres des Éléments et élaborant lui-même le reste des preuves.

Le commerce en tant que véhicule culturel

Les Arabes ayant toujours eu une tradition d’échanges et de commerce, les musulmans ont poursuivi cette tradition. C’est grâce à leur supériorité en matière de navigation, de construction navale, d’astronomie et d’appareils de mesure scientifiques que le commerce et les échanges arabes et musulmans se sont développés et ont touché tant de peuples à travers le monde. Les Arabes étaient au carrefour des anciennes routes commerciales de la Méditerranée, du Golfe, de l’Afrique de l’Est et du sous-continent indien, jusqu’à la Chine.

L’un des résultats intéressants de ces relations commerciales s’est produit pendant le califat de Haroun ar-Rachid (786-809), lorsqu’il a échangé des envoyés et des cadeaux avec Charlemagne, le Saint Empereur romain germanique. C’est ainsi qu’Haroun ar-Rachid a établi l’Auberge des Pèlerins chrétiens à Jérusalem, respectant ainsi la promesse faite par Omar à l’évêque Sophronious, lors de sa première entrée à Jérusalem, de permettre la liberté de religion et l’accès à Jérusalem aux pèlerins religieux chrétiens.

Un certain nombre de mots arabes relatifs aux échanges et au commerce ont trouvé leur place dans les langues occidentales modernes. La mousseline de coton développée à Mossoul (Irak) est devenue une marchandise favorite et un nouveau mot dans le vocabulaire occidental, tout comme le tissu damassé (de Damas), le tissu fustain (de Fustat, en Égypte).

Les récits les plus intéressants des autres cultures rencontrées par les arabo-musulmans sont contenus dans un livre sur les voyages d’Ibn Battouta xviii de Tanger (1304-1377), qui, sur une période de 25 ans, s’est rendu en Asie mineure, en Mongolie, en Russie, en Chine, aux Maldives, en Asie du Sud-Est et en Afrique et a raconté ses voyages et l’influence des premiers commerçants musulmans dans ces régions. Il était le précurseur de Marco Polo, dont les récits contenaient des descriptions détaillées de diverses cultures avec lesquelles les commerçants arabes et musulmans étaient depuis longtemps en contact. L’artisanat islamique dans le domaine de la fabrication et de la reliure de livres était un objet de commerce qui portait loin le message de la civilisation islamique.

Architecture et musique

Le mot « Arabesque » est entré dans le lexique occidental pour décrire le dessin complexe qui caractérisait l’art arabo-musulman. Mais les grandes mosquées qui ont été construites dans le monde islamique n’étaient pas seulement des lieux de culte, mais aussi des lieux d’apprentissage qui sont restés de grands exemples d’architecture et de design. Grâce à elles, la civilisation a été transmise dans un environnement artistique qui était à la fois intellectuellement inspirant et émotionnellement stimulant.

La mosquée Haram de la Mecque, la mosquée d’Al-Aqsa à Jérusalem, les nombreuses mosquées du Caire – Al-Azhar, Amr, Sultan Hassan, Baybars -, la grande mosquée omeyyade de Damas, le Qayrawan en Tunisie, la mosquée bleue d’Istanbul, la mosquée de Cordoue en Espagne et la Koutoubiyyah à Marrakech sont parmi les plus remarquables. Outre des caractéristiques architecturales distinctives, telles que de magnifiques motifs géométriques, nombre d’entre elles contiennent des mosaïques d’une rare beauté, souvent peintes dans les tons bleus et verts de la mer, du ciel et de la végétation. Les sculptures sur bois (mouchrabiyyah) de la plupart des mosquées sont tout aussi distinctives et caractéristiques de l’art islamique.

Au moment de la prière, les individus et les congrégations, voire le monde musulman tout entier, font face à la Mecque. La mosquée est généralement une structure en forme de dôme avec un ou plusieurs minarets d’où le muezzin lance l’appel à la prière cinq fois par jour. La direction de la Mecque est clairement indiquée par le mihrâb, une niche décorée dans le mur. Les grandes mosquées ont un minbar ou une chaire. Comme les fidèles doivent être dans un état d’esprit et de corps pur avant de commencer à prier, une fontaine est placée dans la cour pour les ablutions rituelles. Les chaussures sont retirées à l’entrée de la salle de prière, qui est généralement recouverte de moquette.

Pour les musulmans, la mosquée est un lieu de culte et d’éducation, un refuge contre les soucis du monde. Sa fonction est parfaitement décrite par les propres mots du Prophète, à savoir que la mosquée doit être un jardin du paradis. Le plus grand architecte de l’Islam était Sinan, un bâtisseur ottoman du 16ème siècle, responsable de la mosquée Soulaimaniye à Istanbul. Ses mosquées affichent visiblement la discipline, la puissance et la splendeur de l’Islam.

Beyt al-Hikmah

Les exemples les plus remarquables de moucharabiyyah se trouvent dans la mosquée d’Ibn Touloun au Caire, la mosquée bleue d’Istanbul et la mosquée d’Ispahan. Après la Ka’ba de La Mecque, le « Dôme du Rocher » ou Mosquée d’Omar à Jérusalem construit en 685 est le plus ancien exemple du génie architectural musulman. La technique de construction des dômes a été perfectionnée et transmise à l’Occident. La technique du support structurel de la coupole a été utilisée dans la Capella Palatine de Palerme (1132), tandis que les campaniles ou clochers du Palazza Vecchio de Florence et de San Marco à Venise sont inspirés du minaret qui a été construit pour la première fois à Qayrawan, en Tunisie (670). De même, l’arc en fer à cheval, si répandu dans la forme islamique et particulièrement bien réalisé dans la Grande Mosquée de Damas (707), a depuis été copié dans le monde entier. L’exemple le plus connu de l’architecture islamique est probablement le palais de l’Alhambra (qui signifie al-Hamra’ ou la rouge) construit en 1230 à Grenade, en Espagne.

Mais les contributions artistiques ne se limitaient pas à l’architecture, la construction, la décoration, la peinture, la mosaïque, la calligraphie, le design, la métallurgie et la sculpture sur bois. Elles se sont étendues à la musique par le développement de nouveaux instruments et de nouvelles techniques de son et de rythme. Les arabo-musulmans (al-Farabi en particulier) ont été les premiers à développer une technique d’harmonie musicale parallèle à la science mathématique. La musique arabo-islamique se caractérise par l’harmonie du son et l’expression émotionnelle évocatrice. Mousiqa est le mot arabe pour la musique.

Art

La céramique, le verre, le travail du métal, les textiles, les manuscrits enluminés et le travail du bois ont connu un grand essor au cours de l’âge d’or islamique. L’enluminure des manuscrits devient un art important et très respecté, et la peinture de portraits miniatures s’épanouit en Perse. La calligraphie, aspect essentiel de l’arabe écrit, se développe dans les manuscrits et la décoration architecturale.

  1. Arabesque

Généralement, mais pas entièrement, l’art islamique représente des motifs naturels et la calligraphie arabe, plutôt que des figures, car de nombreux musulmans craignaient que la représentation de la forme humaine ne soit de l’idolâtrie et donc un péché contre Dieu, interdit par le Coran. L’art islamique comporte des éléments répétitifs, comme l’utilisation de motifs géométriques floraux ou végétaux dans une répétition connue sous le nom d’arabesque. L’arabesque dans l’art islamique est souvent utilisée pour symboliser la nature transcendante, indivisible et infinie de Dieu. Les erreurs dans les répétitions peuvent être introduites intentionnellement en signe d’humilité par les artistes qui pensent que seul Dieu peut produire la perfection, bien que cette théorie soit contestée.

  1. Calligraphie

L’instrument traditionnel du calligraphe arabe est le qalam, une plume faite de roseau ou de bambou séché. L’encre du qalam est souvent de couleur, et choisie de manière à ce que son intensité puisse varier fortement, de sorte que les grands traits des compositions puissent être très dynamiques dans leur effet. La calligraphie islamique est appliquée sur un large éventail de supports décoratifs autres que le papier, tels que les carreaux, les récipients, les tapis et les inscriptions. Avant l’apparition du papier, le papyrus et le parchemin étaient utilisés pour écrire.

Les pièces de monnaie étaient un autre support pour la calligraphie. À partir de 692, le califat islamique a réformé la monnaie du Proche-Orient en remplaçant la représentation visuelle par des mots. C’était particulièrement vrai pour les dinars, ou pièces d’or de grande valeur, qui portaient des citations du Coran.

Au Xe siècle, les Perses, qui s’étaient convertis à l’islam, ont commencé à tisser des inscriptions sur des soies aux motifs élaborés. Ces textiles portant des inscriptions calligraphiques étaient si précieux que les croisés les ont apportés en Europe comme des biens de valeur. Un exemple notable est le Suaire de Saint-Josse, utilisé pour envelopper les ossements de saint Josse à l’abbaye de Saint-Josse-sur-Mer, près de Caen, dans le nord-ouest de la France.

  1. Architecture et tuilerie

La construction architecturale a connu de nombreux progrès. Les mosquées, les tombeaux, les palais et les forts ont été inspirés par l’architecture perse et byzantine. L’art de la mosaïque islamique a anticipé les principes de la géométrie quasi-cristalline, qui ne seront découverts que 500 ans plus tard. Cet art utilise des formes polygonales symétriques pour créer des motifs qui peuvent se poursuivre indéfiniment sans se répéter. Ces motifs ont même aidé les scientifiques modernes à comprendre les quasi cristaux au niveau atomique.

 

Vous pouvez suivre le Professeur Mohamed Chtatou sur Twitter : @Ayurinu

 

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Bibliographie en Anglais :

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Turner, R. H. Science in Medieval Islam: An Illustrated Introduction. Austin: University of Texas Press, 1995.

Notes de fin de texte :

i Renima A., Tiliouine H., Estes R.J. The Islamic Golden Age: A Story of the Triumph of the Islamic Civilization. In: Tiliouine H., Estes R. (eds) The State of Social Progress of Islamic Societies. International Handbooks of Quality-of-Life. Springer, Cham, 2016. https://doi.org/10.1007/978-3-319-24774-8_2

Le présent chapitre examine les principales forces qui ont conduit à l’avènement de l’ »Âge d’or » de l’Islam, une période de développement islamique qui a duré près de cinq siècles, du règne du calife abbasside Haroun ar-Rachid (vers 786-809) à l’effondrement du califat abbasside à la suite des invasions mongoles et du sac de Bagdad en 1258. Certains érudits étendent toutefois la période de l’âge d’or de l’Islam pour couvrir une période plus longue. Tous s’accordent cependant à dire que l’âge d’or est une période véritablement remarquable de l’histoire de l’humanité, qui englobe les réalisations remarquables des savants, humanistes et scientifiques islamiques dans tous les domaines des arts et des lettres, des sciences physiques et sociales, de la médecine, de l’astronomie, des mathématiques, de la finance et des systèmes monétaires islamiques et européens sur une période de plusieurs siècles. Ce chapitre identifie brièvement plusieurs des plus importants changements dans le développement humain apportés par la dynastie abbasside de Bagdad, la dynastie fatimide du Caire et la dynastie omeyyade d’Andalousie. En outre, le chapitre présente de multiples exemples de la contribution durable de l’âge d’or islamique, de l’Antiquité à l’époque moderne, dont beaucoup jettent les bases d’un avenir optimiste pour le monde dans son ensemble et pour les sociétés islamiques plus particulièrement.

ii Chtatou, Mohamed. “Translation and its Cross-Cultural Relevance, “Eurasia Review du 15 mai 2021. https://www.eurasiareview.com/15052021-translation-and-its-cross-cultural-relevance-analysis/

iii L’Académie de Gondichapour (en persan : دانشگاه گنديشاپور / Dânešgâh Gondišâpur, également connue sous les noms de Gundishapur, Jondishapoor, Jondishapur, Jondishapour, Gondeshapur, Gondê Shâpûr, Jund-e Shapur, Jundê-Shâpûr, etc.) était une célèbre Académie universitaire de la ville de Gundishapur qui fut, au cours de l’Antiquité tardive, le centre intellectuel de l’empire sassanide. Ainsi que l’explique la Chronique de Séert, la ville de Gundishapur est la conséquence de la déportation de la population chrétienne d’Antioche et de leur évêque Demetrianos en 270 par le roi Shapur Ier, mais l’école a commencé ses activités beaucoup plus tard.

L’Académie était située dans l’actuelle province du Khouzestan, dans le sud-ouest de l’Iran, près de la rivière Karoun. Elle proposait l’enseignement de la médecine, de la philosophie, de la théologie et des sciences. Le corps professoral était versé non seulement dans les traditions zoroastriennes et perses, mais enseignait aussi les langues grecques et indiennes. L’Académie comprenait une bibliothèque, un observatoire, et le plus ancien hôpital d’enseignement connu. Selon les historiens, le Cambridge de l’Iran, c’était le centre médical le plus important de l’ancien monde (défini comme le territoire de l’Europe, de la Méditerranée et du Proche-Orient) au cours des VIe et VIIe siècles. https://fr.wikipedia.org/wiki/Acad%C3%A9mie_de_Gondichapour

Cf. Elgood, Cyril. A medical history of Persia. Cambridge: Cambridge University Press, 1951.

iv  Horace Mann Academic Middle School. Science and Culture in Medieval Islamic Cultures: Part 1. http://www.sfusd.k12.ca.us/schwww/sch618/ScienceMath/Science_and_Math.html

v Abu al-Faradj ibn al-Jawzi (1116 – 1201 (508 A.H. – 597 A.H.)) était savant musulman hanbalite dont la lignée remonte à Abou Bakr, le célèbre compagnon du prophète Mohammed (pbsl) et premier calife.

vi Haddad, F.S. “Arab contribution to medicine, “Bulletin de la Société Libanaise D’histoire de la Médecine, 01 Jan 1993, (1) :21-33

vii BALTY-GUESDON, Marie-Geneviève. La Maison de la Sagesse : une institution hors de l’histoire ? In: L’Islam médiéval en terres chrétiennes: Science et idéologie [online]. Villeneuve d’Ascq: Presses universitaires du Septentrion, 2009 (generated 30 août 2021). Available on the Internet: <http://books.openedition.org/septentrion/13973>. ISBN: 9782757419069. DOI: https://doi.org/10.4000/books.septentrion.13973.

viii Le califat rachidoun ou l’empire rachidoun (arabe : اَلْخِلَافَةُ ٱلرَّاشِدَةُ, romanisé : al-Khilāfah ar-Rāšidah) était le premier des quatre grands califats établis après la mort du prophète Mohammed. Il a été gouverné par les quatre premiers califes (successeurs) successifs de Mohammed après sa mort en 632 CE (11 AH). Ces califes sont collectivement connus dans l’islam sunnite comme les Rachidoun, ou califes  » bien guidés  » (اَلْخُلَفَاءُ ٱلرَّاشِدُونَ, al-Khulafāʾ ar-Rāšidūn).

Le califat rachidoun est caractérisé par une période de vingt-cinq ans d’expansion militaire rapide, suivie d’une période de cinq ans de luttes internes. À son apogée, l’armée rachidoun comptait plus de 100 000 hommes. Dans les années 650, le califat, en plus de la péninsule arabique, avait subjugué le Levant, la Transcaucasie au nord, l’Afrique du Nord, de l’Égypte à la Tunisie actuelle, à l’ouest, et le plateau iranien jusqu’à certaines parties de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud à l’est.

Le califat est né de la mort de Mohammed en 632 de notre ère et du débat qui s’en est suivi sur la succession de son chef Abou Bakr, un proche compagnon de Mohammed issu du clan des Banu Taym, a été élu premier chef des Rachidoun et a commencé la conquête de la péninsule arabique. Il a régné de 632 à sa mort en 634. Abou Bakr a été remplacé par Omar, son successeur désigné, issu du clan des Banu Adi, qui a poursuivi la conquête de la Perse, entraînant finalement la chute de l’Empire sassanide en 651. Omar a été assassiné en 644 et a été remplacé par Othman, qui a été élu par un comité de six personnes mis en place par Omar. Sous Othman commence la conquête de l’Arménie, du Fars et du Khorasan. Othman est assassiné en 656 et remplacé par Ali, qui préside à la guerre civile connue sous le nom de Première Fitna (656-661). La guerre opposait principalement ceux qui soutenaient le cousin d’Othman et gouverneur du Levant, Mou’awiyah, et ceux qui soutenaient le calife Ali. La guerre civile a définitivement consolidé le clivage entre les musulmans sunnites et chiites, les chiites estimant qu’Ali était le premier calife et imam légitime après Mohammed. Une troisième faction de la guerre soutenait le gouverneur d’Égypte, Amr ibn al-As. La guerre a été décidée en faveur de la faction de Mou’awiyah, qui a établi le califat omeyyade en 661.

Cf. Hoyland, Robert G. In God’s Path: the Arab Conquests and the Creation of an Islamic Empire. Oxford: Oxford University Press, 2015.

ix Le Strange, Guy. Baghdad: During the Abbasid Caliphate. New York, New York: Cosimo Classics, 2011.

x De Meynard, Charles Barbiere (ed.). Yaqut ibn ‘Abd Allah al-Hamawi. Dictionnaire géographique, historique et littéraire de la Perse et des contrées adjacentes, extrait du « Mo’djem el-Bouldan » de Yaquout, et complété à l’aide de documents arabes et persans pour la plupart inédits (en français et arabe). Paris: Impr. impériale, 1861.

xi YâKout al-Hamawî était un biographe et géographe syrien connu pour ses écrits encyclopédiques sur le monde musulman. Son Mou’jam al-Bouldân, un dictionnaire géographique qui comprend de nombreuses données biographiques, historiques et culturelles, est une source de premier plan dans l’érudition arabe, couvrant l’histoire, l’ethnographie et les mythes liés aux lieux.

Yâkout ibn-‘Abdollah ar-Roumi al-Hamawî (1179 – 1229) est né grec en Asie Mineure ; capturé à la guerre et réduit en esclavage ; mais le marchand de Bagdad qui l’a acheté lui a donné une bonne éducation, puis l’a libéré. Le marchand engagea en effet Yâkout comme secrétaire et l’envoya faire des tournées commerciales sur l’île de Qeys, qui était l’un des principaux entrepôts entre l’Inde et l’Europe. Yâkout, ensuite, quitte les services du marchand, pour se tourner vers des activités savantes, copiant et vendant des manuscrits, tout en étudiant l’arabe et la grammaire. Ne parvenant pas à gagner sa vie, il retourne aux services de son ancien maître et aux activités de commerce, jusqu’à la mort de ce dernier, à la suite de quoi, Yâkout s’installe à Bagdad comme vendeur de livres. Yâkout ne pouvait cependant pas se fixer en un seul endroit, et voyagea beaucoup, d’abord en tant que marchand, puis en tant que géographe fasciné par les lieux et leurs diverses populations, leurs tenues et leurs manières.

Il atteignit Merv, où il resta pendant deux ans. Ce qui l’attire là-bas, ce sont les bibliothèques : dix bibliothèques riches, deux dans la mosquée principale et le reste dans les madrassas. Dans la mosquée principale, dit-il, il y avait jusqu’à 12 000 livres rassemblés. Il y est resté, rassemblant et étudiant les livres de la grande bibliothèque, les conservateurs avisés lui permettant d’emporter jusqu’à 200 volumes à la fois dans sa chambre. Ceux qui ont aimé les livres en tant que source de vie des grands hommes ressentiront la joie poussiéreuse qu’il ressentait dans ces trésors de l’esprit. En 1218, il se rendit à Khiva et à Balkh, mais ce n’était pas le bon moment.

Cf. Ahmad, S. M., “Yaqut al-Hamawi”, Dictionary of Scientific Biography. New York: Charles Scribener’s Sons, vol. 14.

Cf. Jwaideh, Wadie, The Introductory Chapters of Yaqût’s ‘Mu’jam al-buldân’. Leiden: Brill, 1959.

xii Yakut al-Hamawi, from Lost History 60-61

xiii Hounayn ibn Ishaq al-Ibadi (également Hunain ou Hunein) ( arabe : أبو زيد حنين بن إسحاق العبادي ; ʾAbū Zayd Ḥunayn ibn ʾIsḥāq al-ʿIbādī, latin : Iohannitius, syriaque : ܚܢܝܢ ܒܪ ܐܝܣܚܩ) (809-873) était un traducteur, érudit, médecin et scientifique arabe chrétien nestorien influent. À l’apogée de l’ère islamique abbasside, il travailla avec un groupe de traducteurs, parmi lesquels Abū ‘Uthmān al-Dimashqi, Ibn Mūsā al-Nawbakhti et Thābit ibn Qurra, pour traduire des livres de philosophie et des textes classiques grecs et persans en arabe et en syriaque. Ḥounayn ibn Isḥaq fut le traducteur de traités médicaux et scientifiques grecs le plus productif de son époque. Il a étudié le grec et s’est fait connaître parmi les Arabes comme le « Cheikh des traducteurs« . Il est le père des traductions arabes. Il maîtrisait quatre langues : l’arabe, le syriaque, le grec et le persan. Ses traductions ne nécessitaient pas de corrections ; la méthode de Hounayn a été largement suivie par les traducteurs ultérieurs. Il était originaire d’al-Hira, la capitale d’un royaume arabe cultivé préislamique, mais il a passé sa vie professionnelle à Bagdad, le centre du grand mouvement de traduction du grec en arabe et en syriaque du IXe siècle. Sa renommée a largement dépassé les frontières de sa communauté.

Cf. Cooper, Glen M. “Ḥunayn ibn Isḥāq’s Galen Translations and Greco-Arabic Philology: Some Observations from the Crises (De crisibus) and the Critical Days (De diebus decretoriis), “Oriens 44, 2016: 1-43.

xiv Abou Yoūsouf Yaʻqoūb ibn ʼIsḥāq aṣ-Ṣabbāḥ al-Kindī (/ælˈkɪndi/ ; arabe : أبو يوسف يعقوب بن إسحاق الصبّاح الكندي ; latin : Alkindus ; c. 801-873 AD) était un philosophe, polymathe, mathématicien, médecin et musicien arabo-musulman. Al-Kindi est le premier des philosophes péripatéticiens islamiques, et est salué comme le « père de la philosophie arabe ».

Al-Kindi est né à Koufa et a fait ses études à Bagdad. Il devint une personnalité éminente de la Maison de la Sagesse, et plusieurs califes abbassides le chargèrent de superviser la traduction de textes scientifiques et philosophiques grecs en langue arabe. Ce contact avec « la philosophie des anciens » (comme la philosophie hellénistique était souvent appelée par les érudits musulmans) a eu un effet profond sur lui, puisqu’il a synthétisé, adapté et promu la philosophie hellénistique et péripatéticienne dans le monde musulman. Il a ensuite écrit des centaines de traités originaux sur des sujets aussi variés que la métaphysique, l’éthique, la logique et la psychologie, la médecine, la pharmacologie, les mathématiques, l’astronomie, l’astrologie et l’optique, et plus loin encore, des sujets plus pratiques comme les parfums, les épées, les bijoux, le verre, les teintures, la zoologie, les marées, les miroirs, la météorologie et les tremblements de terre.

Cf. Adamson, Peter. Al-Kindī. Oxford: Oxford University Press, 2007.

xv Al-Kindi, Ya’qûb ibn Ishâq. On First Philosophy (Fi al-Falsafah al-Ulâ), with introduction and commentary by Alfred I. Ivry. Albany: State University of New York, 1974.

xvi Abdulla, Adnan K. Translation in the Arab World. The Abbasid Golden Age. London: Routledge, 2020.

Le mouvement de traduction de la période abbasside, qui a duré près de trois cents ans, a constitué un événement unique dans l’histoire du monde. Au cours de cette période, une grande partie de la tradition intellectuelle des Grecs, des Perses et des Indiens a été traduite en arabe, une langue qui n’avait pas d’antécédents en matière de traduction, de science, de médecine ou de philosophie. Cet ouvrage étudie les conflits culturels et politiques que la traduction a entraînés dans le nouvel État abbasside d’un point de vue sociologique, en considérant la traduction comme un processus et un produit.

Les premiers chapitres décrivent les facteurs impliqués dans le lancement et l’arrêt de l’activité de traduction à l’époque abbasside avant de traiter, dans des chapitres individuels, des événements importants du mouvement de traduction, tels que la traduction de la Poétique d’Aristote en arabe, la traduction séminale par Abdullah ibn al-Muqaffa du Kalilah wa Dimna indien/persan en arabe et la traduction de textes scientifiques. D’autres chapitres abordent la question de savoir si les Abbassides avaient une théorie de la traduction et pourquoi, malgré trois cents ans de traduction, pas un seul poème n’a été traduit en arabe. Le dernier chapitre traite de l’influence de la traduction pendant cette période sur la langue arabe.

En proposant de nouvelles lectures de nombreuses questions liées à cette période, éclairées par les théories modernes de la traduction, cet ouvrage est une lecture essentielle pour les universitaires et les chercheurs en traductologie, en études orientales et arabes, en histoire du livre et en histoire culturelle.

xvii Chtatou, Mohamed. “Ibn Sînâ (Avicenne), le Prince de la médecine, “Oumma du 23 décembre 2020. https://oumma.com/ibn-sina-avicenne-le-prince-de-la-medecine-2/

xviii Chtatou, Mohamed. “ Ibn Batouta, un explorateur hors-norme et voyageur hors-pair, “Article 19 du 16 mars 2021. https://article19.ma/accueil/archives/140960

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2 commentaires

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  1. Ce qui est bien dans cet âge d’or, les gens bougeaient, n’avaient pas besoin de papier de voyage.

    les gens se rencontrent et apprennent les uns des autres, la religion n’était pas un obstacle.
    Les gens ignoraient la fixité au sol parce que Le prophète (psw) conseillait les gens de voyager.

    Actuellement , le monde musulman est divisé par des frontières virtuelles.
    On a militarisé le monde musulman.

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