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La Une ordurière de Minute sur Samir Nasri et les Bleus

Alors que les peuples d’Europe s’apprêtent à se passionner pour la finale de l’Euro, la France est en proie à une effervescence malsaine et démesurée, qui renvoie l’inquiétant reflet d’une société atomisée par ses vieux démons.

Comment ne pas percevoir le spectre du Mondial planer sur cette fin d’Euro délétère, qui s’est, une fois encore, déplacée allègrement sur le terrain politico-médiatique, en cédant à l’obscure tentation du lynchage et de la diabolisation du multiculturalisme ?

Le billet assassin de Zemmour avait donné le ton, dès lundi matin, d’une semaine vengeresse, qui allait faire d'un litige personnel une affaire d’Etat,  sous le feu nourri de critiques de la presse sportive à l’encontre des Bleus, et notamment de Samir Nasri, devenu le footballeur à abattre, après avoir été le « petit prince » du ballon rond.

Mais de là à ce que Minute, le journal d’extrême droite, illustre sa Une avec le geste éloquent de ce dernier qui a mis le feu aux poudres, souligné du  titre dévastateur "Ils ont encore souillé le maillot bleu", il y avait un pas nauséabond que l’on pensait infranchissable en France.

C'était un peu vite oublier qu’après cinq ans de dérive droitière sous l’oligarchie Sarkozyste, dont l’éminence grise n’était autre que l’ex-directeur de Minute, Patrick Buisson, après le règne sans partage d’un potentat, attiré par tout ce qui brille,  qui a déshonoré la fonction présidentielle, à l’image de son affligeant "casse-toi pauvre con" resté dans les mémoires, toutes les digues ont sauté dans la patrie des droits de l’Homme !

Que reproche-t-on au fond à Samir Nasri ? D’être cousu d’or ? De se révéler faillible et si terriblement humain, en dérapant sous l’intense pression médiatique ? Ou bien les deux à la fois, à moins que ce ne soit plus pernicieux comme en 2010, pour mieux briser le rêve de la France « black, blanc, beur », en renvoyant immanquablement les Français de confession et culture arabo-musulmane à leurs origines et banlieues ?

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A la lecture de Minute, le doute n’est plus permis : le parfum entêtant d’Afrique du Sud flotte sur cette nouvelle dramaturgie footballistique.

En plus de la photo du coup de boule de Zidane, exhumée pour l’occasion des archives et  titrée "Ciao Voyou", des remarques ordurières distillent leur racisme dans les pages intérieures : "Leur comportement de petits caïds méritent des coups de pied au cul, par série de cinq, à chacun de leurs matches vraiment nuls. Mais, apparemment, les incorrigibles sont intouchables…" lit-on, consterné.

Au même moment, Samir Nasri, rompant son silence, a fait amende honorable sur son compte twitter, tout en dénonçant les "contre-vérités" qui visent à le salir : "Trop de contre-vérités circulent en ce moment. Que les supporters et tout particulièrement les enfants sachent que je regrette sincèrement que mes paroles aient pu les choquer. J’aime l’Equipe de France, le football et j’ai un profond respect pour le public", écrit-il, ajoutant : "Pour le reste, il s’agit d’une affaire personnelle entre quelques journalistes et moi. Je m’en expliquerai quand le moment sera venu".

Est-ce que d’ici là la France saura raison garder, et redonner à cette affaire sa véritable dimension, ou se fourvoiera-t-elle encore un peu plus en l'attisant, au seul profit des vrais artisans du dévoiement des valeurs tricolores ?

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