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La notion de Djihad dans les écoles françaises (partie 2/2)

Dans un autre manuel, celui de Magnard (page 23), sous le titre « La guerre sainte », l’auteur cite un extrait du traité de djihad publié dans un journal asiatique en 1966. On trouve dans cet extrait le passage suivant « Il faut absolument que le souverain s’emploie chaque année à attaquer les territoires des infidèles et à les en chasser, ainsi qu’il est enjoint à tous les chefs (musulmans), pour exalter dorénavant la parole de la foi et abaisser celle des mécréants , enfin pour dissuader les ennemis de la religion d’Allah, de désirer entreprendre de nouveau une telle expédition  » .

A la lecture d’un tel texte, le professeur d’histoire ne peut réaliser son cours qu’en mettant l’accent sur les mots clés « djihad » « souverain musulman (…) à attaquer les territoires des infidèles » , « les en chasser » , » abaisser la parole des mécréants » .

Au lieu de chercher un texte religieux original tel un verset coranique ou une tradition prophétique, on présente un texte pseudo religieux d’un certain Alsulami. Mais aucun verset coranique ni aucune tradition prophétique authentique ne va dans le sens du texte de Alsulami. Rappelons ici que le musulman a le droit et le devoir de se défendre, mais il n’a pas le droit d’organiser une agression. D’ailleurs faut-il le rappeler, les fondateurs des écoles juridiques musulmanes et les théologiens musulmans sont unanimes sur la règle suivante « Le principe qui domine les relations entre pays musulmans et pays non musulmans est la paix ». L’état de guerre est l’exception, et s’impose uniquement quand un pays non musulman menace un autre pays musulman .

Le recours aux textes coraniques et prophétiques aurait contribué à éviter certaines erreurs d’interprétation. Pourquoi Alsulami demande-t-il au souverain musulman d’attaquer chaque année les infidèles ? Il dit « Pour exalter dorénavant la parole de la foi et abaisser celle des mécréants » . Ces notions se trouvent dans un verset coranique qui rappelle aux musulmans que Dieu a secouru Mahomet lorsque les Quraychites l’ont obligé à quitter la Mecque. La parole de Dieu triomphera quelques années plus tard. C’est ainsi que Dieu a « abaissé la parole des infidèles ». Il s’agit de la victoire des musulmans sur les Mecquois ( cf. sourate 9 verset 40). Ce verset évoque le secours, le soutien et la protection de dont Mahomet a bénéficié auprès de Dieu. Le verset 41 de la même sourate présente le djihad qui est uniquement permis pour se défendre .

L’auteur de l’édition Magnard prétend (page.30 ) que « Mahomet recommande aux musulmans de convertir les non musulmans par le djihad », « le djihad dans le sens de la guerre sainte ». L’historien s’est bien gardé de citer le verset suivant qui est en totale contradiction avec « sa conception du djihad » citée ci-dessus.

L’Histoire de la civilisation arabe et islamique ou l’ Histoire des musulmans et de l’islam doivent être étudiées selon des méthodes de recherche objectives . Un historien n’a pas la sensibilité culturelle « adéquate » afin de porter un regard neutre sur une religion comme l’islam. Ainsi des propos sont attribués à Mahomet sans citer la source. Il n’a pas non plus cette « sensibilité culturelle » qui lui permettrait de comprendre le sens de certains versets .

Car seul un théologien peut expliquer un verset .Ce théologien doit maîtriser, selon les règles avancées par les fondateurs des écoles juridiques musulmanes dès le VIIIe siècle, aussi bien l’arabe, la grammaire, que la philosophie arabo-islamique. Sans omettre la mémorisation intégrale du Coran. Il se doit d’étudier un verset par rapport aux versets précédents et suivants, mais aussi, par rapport également aux versets semblables dans d’autres sourates. Il se doit de connaître le contexte de la révélation du verset en question , les versets abrogatifs et abrogés, les principes et l’esprit de l’islam , les traditions prophétiques. Les théologiens ont donc énoncé des règles strictes au VIIIe siècle qui témoignent de l’essor de la civilisation islamique , démontrant ainsi que l’islam n’est en aucun cas incompatible avec la civilisation au sens général du terme .

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L’historien enrichirait sa réflexion en consultant des théologiens musulmans dès lors qu’il souhaite présenter des informations approfondies dans le domaine particulier de l’islam. Autre exemple, l’auteur de l’édition Hatier (page28) confond l’histoire des musulmans et Islam en écrivant « Après la mort de Mahomet, les Arabes engagent la djihad contre les empires perse et byzantin . Ils veulent étendre l’islam à de nouveaux territoires et gagner ainsi les récompenses promises par le Coran . Ils espèrent aussi s’enrichir par le pillage » .

Après la mort de Mahomet les règles et les principes de la religion islamique sont clos Mais formuler un titre qui oriente l’élève vers une mauvaise traduction d’un verset coranique semble trahir les objectifs de l’Education Nationale.

On peut lire également dans le manuel de l’édition Belin 1995 (page.26) le titre suivant « L’islam et les infidèles » puis la traduction erronée de ce verset : Le Coran honore l’homme qu’il soit croyant ou non D’autres exemples du vingtième siècle confirment le devoir du chef de l’Etat musulman envers les citoyens non musulmans. Le roi Mohamed V du Maroc a refusé de livrer les juifs marocains suite à la demande du maréchal Pétain en justifiant ainsi son refus : « Ils sont mes sujets et je dois les protéger ».

Quant au tribut payé par les infidèles cité dans l’édition Belin, c’est l’équivalent d’une part des aumônes légales payées par les musulmans. Ce tribut a été transformé sous forme d’ impôts payés par tous les sujets dans les pays musulmans .

Si les historiens et auteurs de ce chapitre relatif à la civilisation islamique n’ont qu’une connaissance relative de la culture religieuse musulmane, et sont plus ou moins arabisants. Il leur sera alors difficile de procéder à une étude sérieuse des textes sacrés. Ils se doivent de consulter des spécialistes religieux diplômés des universités françaises. Ces théologiens musulmans français pourraient traduire certaines exégèses coraniques qui distinguent les informations religieuses authentiques des mythes et des légendes .

Nous publierons dans les prochains jours d’autres articles qui concerneront l’étude des notions de Califat, Charia, polygamie dans les écoles françaises.

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