Pour ses innombrables détracteurs hors et dans les stades de football, le voile ne saurait être toléré sur les pelouses, sauf à vouloir tacler la laïcité et la renvoyer vers les vestiaires. Ce jugement idéologique à l’emporte-pièce, dont la petite musique grinçante risque fort de se faire entêtante dans les jours qui viennent, n’a pas influé sur la Fédération internationale de football (FIFA) qui a arbitré, samedi, en faveur de l’intégration du port du voile et du turban dans ses règles d’or.
On entend d’ici le concert de critiques qui va s’élever pour discréditer, bruyamment, cette décision, les prophètes de malheur, avec ou sans crampons, hurlant avec les loups pour dénoncer une capitulation devant l’islam et rendre inaudible la position de la Fifa, dont les représentants insistent sur une ouverture propice au rayonnement du football dans certains pays.
“C’était une requête qui venait d’un groupe de pays et d’un groupe de joueurs qui disaient que cela contribuerait au développement du football et ce fut le principal argument qui a poussé l’International Football Association Board (IFAB) à dire oui”, a expliqué Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa, au cours d’une conférence de presse à Zürich, alors que des voix françaises dissonantes tempêtent déjà.
Le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, a ainsi déploré une “grave erreur”dans un communiqué, enfonçant le clou : “Alors que la charte olympique exclut tout signe religieux, cette autorisation va à l’encontre du droit des femmes et menace la neutralité d’un football préservé des querelles religieuses et politiques”. De son côté, la Fédération Française de Football a immédiatement réagi afin de dissiper toute ambiguïté sur son positionnement qui reste, sans surprise, inflexible sur l’interdiction du voile sur le territoire national. Le contraire eût été très étonnant, au pays où les joutes passionnelles sur le sujet ont l’art d’éclipser toutes les grandes causes nationales, et ce, sous tous les gouvernements…
Alors que la France des Lumières croit encore illuminer le monde à la pâle lueur de son flambeau dogmatique, la Fifa a entendu les doléances de l’Iran qui avait dû renoncer à faire concourir son équipe nationale féminine de football aux JO de Londres de 2012, mais aussi celles émises à l’unisson par d’autres pays arabes. Le voile avait été alors autorisé à titre d’essai sous certaines conditions très strictes, l’IFAB acceptant d’étendre l’expérience aux joueurs masculins, après qu’une polémique autour du turban revêtu par les Sikhs ait enflé au Québec.
“Nous ne pouvons faire de discrimination. Ce qui s’applique aux femmes peut s’appliquer aux hommes. Les hommes peuvent aussi porter dans les différentes compétitions un couvre-chef”, a ajouté Jérôme Valcke, en précisant que les couvre-chefs désormais admis sur les terrains de football seront parfaitement adaptés à la pratique sportive. Collés à la tête, en harmonie avec la tenue des joueuses et joueurs, n’ayant aucune partie qui dépasse et ne représentant aucun danger pour celles et ceux qui les porteront, les voiles ou turbans conçus sur-mesure pour les étoiles montantes du ballon rond venues d’ailleurs ne seront visibles que par ceux qui en font une obsession partisane et bien peu éclairée.
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