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La Cour Suprême des Etats-Unis tranche en faveur d’une jeune femme voilée contre la marque Abercrombie & Fitch

Sa branchitude n’a pas plaidé en sa faveur, tant ses discriminations à l’embauche et sa politique de recrutement hyper sélective, qui fait la chasse aux origines comme aux disgrâces physiques, sont décriées par tous, la marque américaine de prêt-à-porter Abercrombie & Fitch a échoué à s’attirer la clémence de la Cour Suprême des Etats-Unis, devant laquelle elle comparaissait dans le cadre du procès intenté par Samantha Elauf, cette ex-postulante voilée à un poste de vendeuse, refoulée sans ménagement en 2008 par la direction d’une des boutiques de l’Oklahoma.

Sans tergiverser, huit éminents juges sur les neuf qui composent la plus haute juridiction du pays ont statué en faveur de la plaignante musulmane, fustigeant la direction de l’enseigne pour s’être rendue coupable d’une discrimination religieuse flagrante et intolérable, et pour avoir, de fait, bafouer les droits fondamentaux de la victime de leur ostracisme, qui était alors tout juste âgée de 17 ans.

Le juge Antonin Scalia, insensible aux effets de manche des avocats d’Abercrombie & Fitch et sourd aux protestations, en dehors de son tribunal, de l’une des porte-parole de la marque, a estimé dans sa décision finale qu'un patron ne "peut pas faire de la pratique religieuse d'un postulant, qu'elle soit confirmée ou pas, un facteur d'embauche."  "Ici l'employeur a au moins supposé que la pratique (le port du foulard ) était de nature religieuse. Son refus d'embaucher était donc motivé par le désir d'éviter d'autoriser cette pratique, et cela suffit", a tranché une fois pour toutes ce juge catholique, traditionnellement enclin à défendre la liberté de religion, avant d’enfoncer le clou sous les applaudissements de la salle, et notamment de la communauté sikh : "La pratique religieuse d'un employé ne doit pas être une raison pour un employeur de refuser l'embauche. Peu importe que la décision découle d'une connaissance éclairée, d'un soupçon bien-fondé ou d'un simple pressentiment", a-t-il martelé.

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Sortie grande gagnante du procès fleuve qui l’a opposée depuis près de sept ans à Abercrombie & Fitch, l’enseigne qui a perdu de sa superbe à vouloir trop miser sur l’esthétisme et le culte du corps de ses vendeurs et vendeuses, Samantha Elauf, soutenue par l’Agence gouvernementale pour l’égalité devant l’emploi (EEOC), a remporté une victoire judiciaire qui fait déjà date Outre-Atlantique et met en liesse ses concitoyens sikhs. "La victoire de Samantha aujourd'hui est une énorme victoire pour les Sikhs américains", s’est exclamé Gurjot Kaur, avocat de la Coalition sikh, renchérissant : "Aucun employeur ne devrait jamais avoir l'occasion de faciliter la discrimination à l'embauche".

Pour Michael Droke, un avocat spécialisé dans le droit du travail, l’épilogue de ce recours judiciaire de la dernière chance constitue une petite révolution en soi, car il "change de manière drastique les critères qui s'appliquent aux employeurs", la Cour Suprême ayant en effet considéré qu’il n’est pas nécessaire qu’un employeur soit explicitement informé d'une nécessité d'aménager ses codes pour s'adapter à une pratique religieuse. "Les employeurs doivent immédiatement revoir leurs manuels et leurs règlement pour déterminer les éléments qui pourraient susciter une discrimination", ne saurait-il trop conseiller aux patrons américains tentés, comme ceux d’Abercrombie & Fitch, de faire régner leur propre loi au sein de leur entreprise.

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