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Israël : Discriminations contre les non-juifs tant chrétiens que musulmans (partie 1/4)

 

Nous publions en plusieurs parties, cette longue étude de Sami Aldeeb qui démontre l’ampleur des discriminations dont sont victimes au quotidien les non-juifs tant que chrétiens que musulmans. Nous remercions notre ami Sami Aldeeb de nous avoir donné son accord de publier sur le site Oumma.com ce dossier d’une grande richesse.

 

Le Proche-Orient se trouve aujourd’hui devant un tournant décisif. Les palestiniens et les israéliens ont à se déterminer pour une parmi plusieurs solutions politiques :

  •  coexistence de deux Etats voisins, Israël et la Palestine ;
  •  confédération israélo-palestinienne selon le modèle suisse ;
  •  Etat israélo-palestinien bi-national après annexion des Territoires occupés.
    Quelle que soit la solution adoptée, on se retrouvera devant des entités politiques multi-confessionnelles. Ceci posera le problème de la coexistence d’individus appartenant à différentes religions. La paix dans la région sera alors fonction du respect des droits des uns et des autres, sans discrimination aucune, notamment sur la base de l’appartenance religieuse.
    Cette exigence était présente en 1948 à l’esprit des auteurs de la Déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël (voir p. 5). Elle est aussi présente à l’esprit des dirigeants palestiniens. Yasser Arafat, devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg, a affirmé le 13 septembre 1988 que le futur Etat palestinien ’sera une république, démocratique et multi-partite ; il respectera la Déclaration universelle des droits de l’homme et ne pratiquera pas de discrimination entre ses citoyens sur la base de la couleur, de la race ou de la religion’ . Ceci a été réaffirmé dans la Déclaration d’indépendance de l’Etat palestinien proclamée à Alger le 15 novembre 1988 où il est dit que cet Etat ’sera fondé sur la justice sociale, l’égalité et l’absence de toute forme de discrimination sur la base de la race, de la religion, de la couleur ou du sexe, dans le cadre d’une constitution qui garantit la primauté de la loi et l’indépendance de la justice, et en toute fidélité aux traditions spirituelles palestiniennes, traditions de tolérance et de cohabitation généreuse entre les communautés religieuses à travers les siècles’.
    On voit mal d’ailleurs comment on peut prétendre vivre en paix dans une terre, berceau des trois religions monothéistes, sans le respect des convictions des uns et des autres. 

    I. SENS DE LA LIBERTÉ RELIGIEUSE

    1) Documents internationaux

    La liberté religieuse garantit le droit d’adhérer à une religion donnée et de pratiquer le culte prévu par cette religion. Mais en plus, elle exclut toute discrimination en raison de la religion. C’est ce qui découle de l’article premier de la Charte des Nations Unies et de l’article 2 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce dernier aspect de la liberté religieuse est développé par la Déclaration sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction, dont nous citons l’article 4 alinéa premier :

    Tous les Etats prendront des mesures efficaces pour prévenir et éliminer toute discrimination, en raison de la religion ou de la conviction, dans la reconnaissance, l’exercice et la jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans tous les domaines de la vie civile, économique, politique, sociale et culturelle.

    2) La Déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël

    Le 14 mai 1948, 37 membres du Conseil provisoire du peuple signèrent une déclaration qui stipule, entre autre :

    Nous membres du Conseil national représentant la communauté juive de Palestine et le mouvement sioniste … nous proclamons la création d’un Etat juif en terre d’Israël qui portera le nom d’Etat d’Israël.
    L’Etat d’Israël sera ouvert à l’immigration juive et aux juifs venant de tous les pays de leur dispersion ; il veillera au développement du pays pour le bénéfice de tous ses habitants, il sera fondé sur la liberté, la justice et la paix selon l’idéal des prophètes d’Israël ; il assurera la plus complète égalité sociale et politique à tous ses habitants sans distinction de religion, de race ou de sexe ; il garantira la liberté de culte, de conscience, de langue, d’éducation et de culture ; il assurera la protection des lieux saints de toutes les religions et sera fidèle aux principes de la Charte des Nations .

    Cette Déclaration, nommée d’une manière erronée Déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël, est en fait une déclaration de création d’un Etat juif en terre d’Israël, comme le dit le préambule. Elle passe, volontairement, sous silence les frontières de cet Etat, lesquelles n’ont jamais été définies par la suite.
    La partie qui concerne l’égalité des droits n’a aucune valeur juridique puisque cette Déclaration n’a jamais été votée ou homologuée par la Knesset . Bien plus, une loi a été adoptée le 23 juillet 1980 qui dit :

    Lorsque la cour, affrontée à une question juridique nécessitant une décision, ne trouve pas de réponse la concernant dans la loi, dans la jurisprudence ou par analogie, elle doit rendre sa décision à la lumière des principes de la liberté, de l’équité et de la paix établis par l’héritage d’Israël .

    Lors des débats relatifs à cette loi, Shulamit Aloni a signalé à la Knesset que l’héritage d’Israël comprend aussi la Halacha (règles religieuses juives) qui affirme, entre autre : ’Seuls vous, les juifs, vous êtes appelés des êtres humains ; les nations du monde ne sont pas des êtres humains ; il n’est pas exigé d’étendre l’aide à un goy/non-juif puisqu’il est dit les païens ne comptent pas ; il est interdit d’étendre l’aide aux goys/non-juifs le jour de Sabbat, puisque le danger à la vie supprime les interdictions du Sabbat seulement dans le cas de danger à la vie juive’. Shulamit Aloni a proposé alors d’inscrire la mention établis par la Déclaration d’indépendance. Un autre député a proposé d’y ajouter établis par l’héritage universel de l’humanité. Mais ces deux amendements ont été rejetés .
    Les pratiques et les lois qui ont suivi la Déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël démontrent plus que tout autre argument que ses auteurs n’avaient nullement l’intention de se conformer aux principes d’égalité et de non-discrimination y mentionnés.

     

    II. EXPULSIONS ET DESTRUCTIONS APRÈS 1948

     

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    1) Expulsions des non-juifs

    Ben-Gurion, un des fondateurs et premier Premier Ministre d’Israël, déclarait en 1937 que la Palestine n’appartenait pas à ses habitants d’alors, et que ce pays devait résoudre non pas le problème de deux nations, mais d’une seule nation, les juifs de partout .
    Cette déclaration de Ben-Gurion s’inscrit dans la ligne du programme du mouvement sioniste fondé par Theodor Herzl en 1896, qui visait à faire de la Palestine une patrie pour les seuls juifs. La mise en exécution de ce programme a été l’oeuvre de groupes terroristes israéliens dont le Stern et l’Irgoun.
    Pendant de longues années, le gouvernement israélien prétendait que les palestiniens avaient quitté leur pays sur appel des dirigeants arabes. Erskine Childers, un journaliste anglais, a été le premier en Occident à démystifier cette falsification historique. Il a auditionné la totalité des émissions radiophoniques diffusées au Proche-Orient à l’époque. Il a démontré que les seules émissions incitant la population palestinienne à partir sont d’origine sioniste. Ces émissions développaient de façon volontairement menaçante les thèmes de l’extermination à laquelle étaient promis ceux qui restaient en Palestine . Des historiens israéliens (Flapan, Morris, etc.) ont confirmé par la suite que ce sont bel et bien les forces armées sionistes qui ont provoqué le départ des palestiniens.
    Cette guerre psychologique était accompagnée de massacres réels, dont le plus connu est celui de Dair Yassin conté par un Suisse, Jacques de Reynier, Président de la Délégation de la Croix Rouge Internationale en 1948. Il écrit : ’Il y avait 400 personnes dans ce village, une cinquantaine se sont enfuies, trois sont encore vivantes. Tout le reste a été massacré sciemment, volontairement, car je l’ai constaté, cette troupe est admirablement en main et elle n’agit que sur ordre’ . Ce massacre, qui a coûté la vie à environ 350 civils, composés en majorité d’enfants, de femmes et de vieillards, a été perpétré par l’Irgoun (dirigé par l’ancien Premier Ministre Menahem Bégin, Prix Nobel de la paix) et par le Lehi (dirigé par Yitzhak Shamir, l’actuel Premier Ministre) .
    Le cas de Dair Yassin n’était pas un cas isolé. Mais les informations sont publiées au compte-goutte . Le journal israélien Davar a révélé seulement le 6 septembre 1979 des massacres similaires perpétrés en 1948 dans le village Al-Duwayma qui comptait 2’700 habitants .
    Une déclaration de Menahem Bégin aux Etats-Unis en été 1948 indique comment les choses se sont passées :

    Dans le mois précédant la fin du mandat, l’Agence juive décida d’entreprendre une mission difficile, celle de faire sortir les arabes des villes avant l’évacuation des troupes britanniques … l’Agence juive en vint à un accord avec nous (Irgoun) pour que nous exécutions ces arrangements, tandis qu’elle répudierait tout ce que nous ferions et prétendrait que nous étions des éléments dissidents, comme elle le faisait quand nous combattions les britanniques. Alors nous avons frappé avec force et mis la terreur dans le coeur des arabes. Ainsi nous avons accompli l’expulsion de la population arabe des régions assignées à l’Etat juif .

    L’expulsion des non-juifs s’est poursuivie même après la signature de l’accord d’armistice avec les pays arabes voisins. Ces expulsions s’effectuaient soit d’une région à l’autre à l’intérieur d’Israël, soit d’Israël vers un pays arabe voisin .
    Par ces mesures, l’Etat d’Israël a vidé le pays de trois quarts de ses habitants non-juifs qui sont pourtant considérés par le plan de partage de l’ONU de 1947 comme citoyens de l’Etat juif. Ils sont maintenant en partie dans 61 camps de réfugiés, dont 28 camps dans les territoires occupés par Israël en 1967 .
    Ce qui s’est passé en Palestine est résumé d’une manière sans équivoque par Shimon Pérès dans un article paru dans le Monde le 23 septembre 1988 : ’Voici cent ans, le mouvement sioniste s’est consacré à la réalisation d’une majorité juive dans un seul pays, le pays du peuple juif. L’Etat juif, cela signifie un Etat où les juifs sont une majorité claire’.

     

    2) Destruction des localités des non-juifs

     

    Dans un document distribué en Suisse en septembre 1987 pour récolter 6’000’000 Sfr. en faveur d’une Forêt suisse à planter dans la région de Tibériade, le Fonds national juif remercie d’avance ses bienfaiteurs dont le soutien ’permettra de transformer un sol désertique en une verte contrée’. Ceci fait partie d’une propagande largement orchestrée pour faire croire que la Palestine est un pays désert, fleuri par Israël. Cet organisme cependant ne dit pas que ces forêts se trouvent souvent sur l’emplacement de villages palestiniens détruits.
    En fait, l’Etat d’Israël, après l’expulsion des palestiniens, a détruit la plupart de leurs villages et a planté sur leur emplacement des forêts pour effacer leurs traces. Les terres agricoles ont été attribuées à des kibboutz et à des moshav habités exclusivement de juifs. Le professeur Israel Shahak de l’Université hébraïque de Jérusalem écrit à ce propos :

    La vérité sur les populations arabes, telles qu’elles existaient sur le territoire de l’Etat d’Israël avant 1948, est l’un des secrets les mieux gardés de la vie israélienne. Aucune publication, aucun livre ou brochure qui donne leur nom, ou leur emplacement. Ce silence, bien sûr, a pour but l’authentification du mythe, accepté officiellement, d’un pays désert. Ce mythe est enseigné et admis dans les écoles israéliennes, et répété aux visiteurs. Une telle falsification des faits est une des plus graves infractions à la loi morale et l’un des obstacles les plus importants contre toute possibilité de paix. Une paix qui ne soit basée ni sur la force, ni sur l’oppression. Cette falsification est, à mon avis, d’autant plus grave qu’elle est presque universellement admise hors du Moyen-Orient. Etant donné que les villages arabes furent presque détruits complètement avec leurs maisons, leurs clôtures, et même leurs cimetières et leurs tombeaux, pas une pierre n’étant restée visible, les visiteurs peuvent accepter l’idée qu’il n’y avait là qu’un désert .

    La liste établie par Israel Shahak et vérifiée par Christoph Uehlinger comprend 383 villages palestiniens détruits repartis comme suit :

    District de Jérusalem 37 District de Safad 76
    District de Béershéba 1 District de Hébron 15
    District de Ramle 54 District de Gaza 45
    District de Tulkarem 10 District de Jaffa 19
    District d’Acre 25 District de Haïfa 45
    District de Jenin 6 District de Nazareth 4
    District de Tibériade 24 District de Beisan 22

    Ceci représente environ 81% de l’ensemble des localités palestiniennes qui existaient dans les frontières avant 1967. A ces villages, il faut ajouter un très grand nombre de tribus expulsées ou massacrées et dont la liste est reproduite par le Professeur Shahak. Ajoutons aussi que les non-juifs de villes comme Tibériade, Safad, Majdal (Ashqelon), Isdud (Ashdod), Béershéba ont été presque entièrement expulsés. A Lod, Ramle, Jaffa, Haïfa et Acre, les non-juifs ont été en grande majorité expulsés ; ceux qui y sont restés ont été logés par force dans des ghettos .
    Le cas de Biram, un village chrétien au nord d’Israël est significatif. En 1948, raconte le Père Chacour, un prêtre mélkite originaire de Biram, les habitants de ce village recevaient les juifs qui venaient d’arriver pour leur montrer qu’il y avait quelque part dans ce monde des gens prêts à les recevoir généreusement après les persécutions nazis. Les soldats israéliens ont alors ordonné aux pères de famille de ramasser les clés des maisons, de les leur livrer et de partir pour deux semaines. Les habitants de Biram ont dormi dans les cavernes, dans des grottes, sous les oliviers pendant deux semaines. Après quoi, les pères de famille et les hommes adultes sont allés voir les soldats pour pouvoir retourner, car ils avaient de l’armée une promesse écrite qu’ils seraient autorisés à rentrer dans leurs maisons après deux semaines.
    Mais ils ne sont jamais revenus. Ils ont été amenés dans des camions militaires jusqu’aux frontières d’Israël et ils ont été expulsés. Ils sont partis de Naplouse à Amman, à Damas, à Beyrouth, comme des centaines de milliers d’autres palestiniens. Certains ont quand même pu secrètement s’infiltrer à travers les frontières nord du nouvel Etat d’Israël pour rejoindre leurs femmes et leurs enfants. Les autres sont devenus des réfugiés.
    Les gens de Biram continuent à demander le droit de retourner chez eux. Ils ont obtenu gain de cause devant les tribunaux israéliens. Mais pour les persuader qu’il n’y avait aucun espoir de retour, Ben-Gurion a ordonné la destruction du village le 16 septembre 1953. En 1987, quarante ans après l’expulsion des habitants, le groupe du rabbin Meir Kahane s’y est rendu, sous garde policière, pour effacer les croix sculptées dans la pierre des maisons déjà en ruine afin d’éliminer tous les signes chrétiens. Au mois de septembre de la même année, ils sont retournés détruire ce qui restait de l’école et endommager une partie de l’église. Ils ont ouvert la tombe du prêtre mort depuis huit mois et enterré à l’église ; ils ont détruit sa tombe. Aucune sanction n’a été prise par le gouvernement israélien contre ces agissements .
    Il va sans dire que non seulement les localités ont disparu, mais aussi les lieux de culte non-juifs. Ceux qui restaient ont été profanés parfois. Ainsi, une église orthodoxe d’Aïn Karim, le lieu de la Visitation, a été transformée en toilettes publiques ; la mosquée de Safad en galerie d’art ; celles de Césarée et d’Aïn Hud en restaurant et en bar ; celle de Béershéba en musée ; l’hôtel Hilton de Tel-Aviv, l’hôtel Plaza à Jérusalem et les parcs adjacents se trouvent sur des cimetières musulmans .
    La destruction des villages palestiniens par Israël n’a pas encore pris fin. Il existe 122 villages palestiniens, regroupant 44’000 habitants, qui ne sont pas reconnus par Israël. Ce sont des villages auxquels les autorités israéliennes ne fournissent ni eau, ni électricité, ni services médicaux. Ils sont menacés de démolition et d’évacuation par Israël afin de pouvoir construire de nouvelles maisons pour les immigrants juifs .

     

    3) Confiscation des biens des non-juifs

     

    L’acquisition des terres de la Palestine figurait parmi les principaux objectifs du mouvement sioniste, depuis sa fondation à la fin du siècle dernier.
    Tandis que jusqu’à 1948, ce mouvement était obligé de procéder de manière très discrète, alternant l’appât à la pression, voire les menaces déguisées, il lui sera possible de donner libre cours à ses ambitions immédiatement après la création de l’Etat d’Israël à travers tout un appareil juridique contre les palestiniens non-juifs.

    – La première de ces lois date de 1950 et concerne les biens des propriétaires absents . Etaient considérés comme absents, non seulement ceux que l’Etat d’Israël a expulsés ou qui ont dû fuir devant les massacres, mais aussi les personnes qui s’étaient déplacées d’une région à l’autre pendant les hostilités ou pour une affaire. Il suffisait qu’un non-juif ait quitté son lieu de résidence pendant quelques jours pour qu’il soit considéré comme absent même s’il était entre-temps revenu chez lui. Il suffisait aussi que l’administration ait établi une attestation affirmant que telle ou telle personne était considérée comme absente, sans vraiment l’avoir été. La loi ajoutait que l’administration ne pouvait être attaquée devant un tribunal pour sa décision. Les terres et les biens mobiliers des uns et des autres ont été saisis par Israël et mis sous la garde d’un tuteur qui pouvait en disposer comme bon lui semblait. Selon l’annuaire du gouvernement de 1959, les biens ruraux des propriétaires non-juifs déclarés absents de la sorte comportaient 300 villages abandonnés ou partiellement abandonnés ; quant aux biens urbains, ils sont composés de 25’416 bâtiments avec 45’497 appartements et 10’729 locaux commerciaux, ateliers, etc. .

  •  La deuxième loi est un règlement urgent de défense, hérité du mandat britannique et reconduit par Israël. L’article 125 de ce règlement permettait à l’autorité de déclarer une zone comme close. Ainsi on expulsa des villageois non-juifs de leurs villages déclarés zones interdites .
  •  Une troisième loi de 1949, dite ordonnance d’urgence, zone de sécurité, permettait à l’autorité d’expulser les habitants d’un village et de leur en interdire l’accès, celui-ci n’étant accordé qu’aux seuls juifs .
  •  Une quatrième loi de 1949 permettait à Israël de déposséder les paysans non-juifs de leurs terres jugées mal exploitées pour les donner à des kibboutz .
  •  Une cinquième loi de 1949 visait à combler les lacunes que pouvaient présenter les précédentes lois. Cette loi permettait à l’autorité de saisir la terre d’un non-juif pour raison de sécurité ou d’autres raisons, mais aboutissant toujours au même résultat : déposséder le palestinien non-juif de sa terre pour l’attribuer à des juifs .
  •  Une sixième loi de 1953 couronne les cinq premières lois. Elle réglait le transfert de la propriété des terres confisquées par les lois précédentes à l’autorité de développement .

    On entend souvent dire que les palestiniens ont vendu leurs terres à l’Agence juive et au Fonds national juif. Ces organisations cependant n’ont pu acquérir jusqu’à la création de l’Etat d’Israël que 936’000 dunam (1 dunam = 900 m2) au grand maximum, ce qui représente 3.5% de la Palestine sous mandat ou environ 5% du territoire d’Israël avant 1967. Le Fonds national juif estime les terres appartenant à des palestiniens tombées dans les mains de l’Etat juif à environ 88% de l’ensemble des terres de la Palestine dans les frontières d’armistice de 1949 .
    Sur les terres appartenant aux palestiniens non-juifs, l’Etat d’Israël a créé de nouvelles localités, des kibboutz ou des mochav. Les non-juifs ne peuvent résider dans ces localités construites sur leurs propres terres ; ils n’y sont admis que comme travailleurs.
    Cette interdiction est motivée par le concept de la rédemption de la terre, enseigné dans toutes les écoles israéliennes dès le jardin d’enfants. Lorsqu’une terre propriété d’un non-juif devient la propriété d’un juif, cette terre est considérée comme rachetée, dans le sens religieux du terme, même si elle a été confisquée par la force et l’expulsion de son propriétaire non-juif. C’est le cas de la très grande majorité des terres d’Israël (environ 92%). Ces terres ne peuvent ni être vendues, ni louées à un non-juif. Aucun non-juif ne peut y ouvrir un négoce. Si un juif viole cette interdiction, il est poursuivi devant les tribunaux. Certaines localités juives qui avaient loué des terres à des palestiniens pour les cultiver ont été effectivement punies.
    Cette interdiction est aussi valable dans les kibboutz, construits en général sur des terres prises aux arabes. Une fille juive habitant un kibboutz mariée avec un jeune palestinien s’est vue interdire de rester dans ce kibboutz pourtant situé sur l’emplacement du village détruit de son mari . Israel Shahak écrit : ’Les kibboutz, y compris ceux affiliés au parti Mapam, sont les plus racistes en Israël après les nationalistes religieux. Car ils cachent leur racisme avec une sorte d’hypocrisie révoltante’. Il ajoute que si de telles pratiques discriminatoires étaient appliquées contre les juifs dans d’autres pays, cela provoquerait, à juste titre, des réactions immédiates et massives contre l’anti-sémitisme. Quelle est donc la différence ? Il répond : ’En fait, les sionistes ici , et les anti-sémites ailleurs se trouvent du même côté de la barrière. L’Etat d’Israël et les organisations sionistes réussissent à faire ici ce que les anti-sémites essaient généralement sans succès de faire dans d’autres pays’ .
    Signalons que le concept de la rédemption de la terre s’applique aussi aux colonies installées dans les territoires occupés en 1967. Seuls les juifs peuvent devenir membres de ces colonies, y habiter et y ouvrir un négoce.

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