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Grande-Bretagne : une campagne de prévention pour enrayer le phénomène des départs de jeunes filles en Syrie

Consolider les liens familiaux, et préserver notamment la relation privilégiée mère-fille pour qu’elle ne devienne pas un fil ténu qui menace de rompre à tout moment, conduisant certaines adolescentes, plus faciles à embrigader que d’autres ou se fourvoyant dans leur quête d’absolu, à se jeter dans la gueule du loup de Daesh, telle est la vocation de la campagne lancée par une association musulmane de Cambridge en étroite concertation avec les forces de l’ordre.

Epargnée, jusqu’à présent, par ce phénomène particulièrement troublant et alarmant de jeunes filles fuyant leur foyer, du jour au lendemain, attirées irrésistiblement par le chant de sirène funeste de l’ISIL, la communauté musulmane de Cambridgeshire a salué l’initiative salutaire née d’un sombre constat à l’échelle nationale et mise en œuvre localement, au sein d’un comté qui se félicite d’échapper aux statistiques à faire frémir dans les chaumières.

En effet, cette volonté de cimenter le lien unique entre mères et filles, sur un socle de confiance imperméable à l’endoctrinement des semeurs de terreur du Moyen-Orient, s’est renforcée à mesure que le nombre de jeunes femmes britanniques portées disparues au Royaume-Uni a augmenté en l’espace d’une année, et ce, sensiblement.

Des jeunes filles en fleur qui ont tout quitté pour s’aventurer en terrain miné sous des cieux mortifères, telles Shamima Begum, 15 ans, Kadiza Sultana, 16 ans, et Amira Abase, 15 ans (photo ci-dessus), toutes trois scolarisées à la Bethnal Green Academy et ayant été identifiées à Londres par des caméras de surveillance, le 17 février dernier, en train de partir vers Istanbul, avant de rejoindre les "jihadistes" du groupe État islamique en Syrie, comme tout porte à le croire. Des jeunes filles qui, après avoir traîné leur mal-être sur le Net pour certaines d’entre elles, laissent derrière elles des familles désemparées, dévastées et disloquées.

Pour les concepteurs musulmans de l’opération, il est essentiel d’encourager les mères à aborder le sujet ouvertement avec leurs filles, à favoriser des discussions franches et sans tabous sur la situation en Syrie, sur Daesh, et sur la propagande pernicieuse, écrite ou audiovisuelle, diffusée en ligne, afin de les éclairer et de leur éviter de tomber dans le piège insidieux de la virtualité des échanges, ce cruel miroir aux alouettes…

"A la maison, nous évoquons ce sujet occasionnellement avec nos filles", reconnaît Rashel Mohammed, 35 ans, un papa de deux adolescentes venu accompagner sa femme lors de la réunion d’information organisée dans le cadre du lancement de cette action de sensibilisation. "Les enfants de cet âge sont vulnérables et peuvent être exposés facilement à ce genre de lavage de cerveau sur Internet. Comme la plupart des parents, nous surveillons leur temps passé sur Internet et vérifions les sites visités, mais comme la plupart des parents, nous savons aussi que cette vigilance de tous les instants est difficile à maintenir, sans parler des conflits que cela peut générer", a expliqué ce père très concerné, qui s’est empressé de quérir des conseils avisés auprès de l’association musulmane à l’origine de la campagne dont il loue les vertus.

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"Les jeunes peuvent être facilement influencés par les différentes interprétations du Coran", a soupiré, fataliste, Mohammed, un chauffeur de taxi, en confiant très inquiet : "La communauté musulmane de Cambridge est profondément choquée et bouleversée par ces jeunes filles qui sont parties de leur propre chef en Syrie, sans se retourner, sans en informer aucun membre de leur famille. Nombre de mes amis ne peuvent tout simplement pas y croire, surtout ceux qui sont originaires du Bangladesh."

Munie des tracts d’information qu’elle a lus très attentivement, une mère de famille, résolue à agir, s’est dit prête à en appliquer à la lettre les précieuses recommandations dès son retour à la maison : "C’est une question très importante pour nous tous. Nous pensons tous que c’est à la fois stupide et terrible de partir en Syrie, et nous désirons plus que tout nous engager auprès de nos enfants pour les prévenir de ce danger, les amener à réfléchir et à voir la réalité de manière rationnelle. Je suis heureuse de la collaboration de la police locale, c'est réconfortant", a-t-elle ajouté.

Une police très impliquée, dont les responsables se font les ardents promoteurs de cette grande campagne de prévention d’utilité publique : "Je soutiens pleinement cette opération qui délivre un message important au sujet des nombreux périls qui guettent les jeunes filles parties en Syrie", a déclaré avec solennité l’inspecteur en chef Matt Thompson, tandis qu’Helen Ball, sa collègue chargée de la coordination de la lutte contre le terrorisme, lui a fait écho en se félicitant que "Cette campagne s’inscrive dans le cadre de nos efforts soutenus pour sensibiliser le plus grand nombre à cette question très grave, dont on ne parle pas suffisamment des répercussions familiales dramatiques."

Par la rédaction.

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