in

«Feed their legacy», la collecte de nourriture qui honore l’héritage des trois jeunes musulmans tués à Chapel Hill

Sept ans d’un chagrin incommensurable se sont écoulés pour les familles de Deah Barakat, 23 ans, de son épouse Yusor Abu-Salha, 21 ans, et de la jeune soeur de celle-ci, Razan, 19 ans, depuis ce jour funeste du 10 février 2015 où des coups de feu déchirèrent le silence de la nuit, à Chapel Hill, en Caroline du Nord, leur arrachant trois êtres chers.

Fauchés par les balles assassines de Craig Stephen Hicks, 46 ans, leur voisin furieusement athée dont la croisade islamophobe culmina, ce soir-là, dans l’horreur absolue, les cadavres de ces trois regrettés jeunes musulmans furent retrouvés chez eux, gisant dans une mare de sang. 

Le monstre d’inhumanité Craig Stephen Hicks, condamné à la prison à vie

Alors que la fin tragique de ces trois belles âmes pieuses, cultivées et méritantes, sensibles à la détresse humaine dans un monde qu’elles s’efforçaient de rendre meilleur, hante toujours les consciences, bien au-delà de la ville universitaire où leurs qualités étaient unanimement appréciées, comment continuer à entretenir la flamme de la mémoire ? 

Comment honorer l’héritage de Deah Barakat, ce jeune marié d’origine syrienne, doctorant en médecine dentaire, féru de basket-ball et très impliqué au sein d’un organisme de bienfaisance dispensant des soins d’urgence dentaires aux enfants palestiniens et syriens ? Mais aussi de sa femme Yusor Abu-Salha, elle aussi future dentiste, se dévouant sans compter auprès des sans-abri, et de sa petite soeur Razan, une étudiante prometteuse en Architecture et design ? 

En leur hommage, l’Etat de Caroline du Nord créa très rapidement une bourse d’études portant leurs noms. Quelques mois plus tard, dans une ville encore sous le choc de l’effroyable tragédie, une mosquée émergea au coeur du paysage urbain, exauçant ainsi le vœu le plus cher du défunt Deah Barakat, qui se désolait de son vivant que l’islam soit le parent pauvre de la religion à Chapel Hill.

A l’occasion du septième triste anniversaire de leur mort en martyrs, des centaines de citoyens américains de toutes confessions, musulmans, chrétiens et juifs, ont convergé, ce samedi 26 février, vers le Centre culturel islamique de Raleigh, la capitale de la Caroline du Nord, sous la même bannière : « Feed their legacy » (Nourrissez leur héritage). En provenance des quatre coins de l’Etat, ils avaient les bras chargés de victuailles.

Publicité
Publicité
Publicité

Devant cette abondance de denrées alimentaires offertes en mémoire de son frère au grand coeur, de son épouse et de la sœur de celle-ci, Farris Barakat n’a pu contenir ses larmes. « Depuis ce terrible drame, partout aux Etats-Unis, au sein de la communauté musulmane et en dehors, il y a eu une forte envie de mettre en œuvre une belle action caritative dont mon frère aurait été fier. Nul doute, qu’il y aurait pris part avec l’enthousiasme, l’altruisme et l’ardeur qui le caractérisaient », a-t-il confié, la voix brisée par l’émotion.

« La première collecte de denrées alimentaires interconfessionnelle a été organisée un mois après la tragédie qui a détruit nos vies. A l’époque, nous avions pu fournir 21 000 repas à la banque alimentaire du centre et de l’est de la Caroline du Nord. La collecte de samedi a battu tous les records, nous avons franchi la barre des 87 000 repas ! », s’est-il exclamé, oscillant entre sourire et larmes.

Bouleversé, Zainab Baloch, l’ami d’enfance inconsolable des trois jeunes musulmans assassinés, a déclaré : « Nous choisissons d’exprimer notre douleur en rendant service aux plus défavorisés. C’est ce qu’ils auraient voulu, c’est le plus bel hommage posthume qu’on puisse leur rendre ».

Le temps passe et s’enfuit inexorablement, mais rien n’efface l’intensité du sillage lumineux laissé par les trois êtres de lumière, foudroyés par une haine inextinguible de l’islam, que furent Deah Barakat, Yusor et Razan Abu-Salha.

Publicité
Publicité
Publicité

Laisser un commentaire

Chargement…

0

Vendre un rein pour éviter la famine, l’acte désespéré de nombreux Afghans

Russie : Aina Gamzatova, la première femme musulmane qui brigua la présidence