Un examen attentif des obligations cultuelles (arkan) nous révèle qu’elles sont toutes intimement liées aux réalités édéniques de la vie future des croyants. Ainsi en va-t-il du jeûne, dont Dieu nous signale dans une sainte narration (« le jeûne M’appartient et c’est Moi qui donne la récompense »), qu’il est un acte rituel exceptionnel au cœur duquel se noue une relation « secrète » entre Dieu et le jeûne individuel.
Le jeûne, au plan légal, consiste à s’abstenir de manger, de boire et d’avoir des relations sexuelles entre l’aube et le coucher du soleil. Cependant, chose à ne pas perdre de vue, le messager de Dieu, sallalla ‘alayhi wa sallam, nous a bien mis en garde contre un jeûne dont nous n’obtiendrions rien d’autre que « la faim et la soif ».
Il est par ailleurs communément admis que le jeûne est un moyen par lequel le croyant peut compatir avec ceux qui, continuellement, endurent faim et privation. Cette conception n’est certes pas dépourvue de bon sens, mais n’est-il pas envisageable de démêler de la définition légale susmentionnée quelques compréhensions plus subtiles résidant sous la surface de ce sacrifice personnel ? En quoi et comment peut-on relier l’abstinence alimentaire et sexuelle avec les réalités suprêmes du Paradis ? Et pourquoi Dieu attribue-t-Il au jeûne une signification si particulière ?
Un des chapitres du Qur’an mémorisé par la quasi-totalité des croyants pratiquants, la sourate Nisba, renferme quelques éléments de réponses. Des polythéistes mecquois qui s’étaient lancé dans une discussion à propos de leurs dieux vinrent à la rencontre du Prophète, sallalla Allahou ‘alayhi, pour l’interroger : « Ya Muhammad, ansib lana rabbak » (O Muhammad décris-nous ton Dieu) Dieu Lui-même révéla alors : « Dis : Dieu est Un… ». Sourate Nisba (sourate de la description) est un des noms de la sourate « Ikhlâs ».
Considérée équivalente à un tiers du Qur’an, cette sourate très concise dévoile quelques vérités fondamentales sur la nature de Dieu postulant Sa radicale dissimilitude d’avec la création. C’est dans le « créé » humain et l’ « incréé » Divin que le rituel du jeûne peut trouver un point nodal. En effet, si jeûner consiste à suspendre son alimentation et les relations sexuelles, cela consiste, par voie de conséquence, à suspendre l’ensemble de ce qui, de la manière la plus basique, définit notre contingence.
Ces trois actes essentiels (manger, boire, copuler) sont indispensables à la survie de notre espèce et de nos existences individuelles. Notre Créateur nous oblige néanmoins à les proroger pour Lui faire temporairement don de nous-mêmes, et ce faisant actualiser une faculté que nous avons en commun avec Lui : Son indépendance absolue à l’égard de ces trois besoins fondamentaux (Dieu est et reste al-Qayyum, Celui qui Se suffit à Lui-même).
Cet acte de renoncement fournit ainsi au croyant une voie d’entrée pour les réalités suprêmes du Paradis : la nourriture et la boisson bien que toujours savourées n’y tiennent plus aucun rôle de ressources biologiques, mais sont des adjuvants au pur plaisir, car à la différence de ce monde actuel, le Jardin, le lieu de résidence des bienheureux, est un endroit où la mort ne saurait advenir.
Le Ramadan est une voie d’ascension pour la vie supérieure, et Celui qui nous a offert cette vie nous invite, dans l’immédiateté de ce monde, à nous revêtir dès maintenant des états et des réalités de ceux à qui Il va Se révéler Lui-même, quand ils arriveront finalement à destination.
Je n’ai jamais prétendu rapprocher bouddhisme et islam. J’en serais d’ailleurs incapable, car le bouddhisme m’intéresse assez peu. Je m’intéresse plus à la pensée hindouiste, qui est de très haut niveau. Et mon cœur est à l’islam. Il y a des liens entre l’islam et l’hindouisme, historiques et philosophiques. Les Sikhs en sont une expression.