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Face à la polémique, un footballeur allemand choisit sa foi musulmane plutôt que sa carrière

Il a de l’or au bout des crampons, mais rien ne saurait justifier à ses yeux de sacrifier ses convictions profondes sur l’autel de sa réussite footballistique, Änis Ben-Hatira, 28 ans, le célèbre milieu offensif tunisien né à Berlin et longtemps encensé par l’Allemagne admirative, est resté stoïque, fidèle à ses valeurs musulmanes, dans la violente tempête qui s’est abattue sur lui.
Ce fils d’un cuisinier qui quitta sa Tunisie natale dans les années 1970 pour Berlin-Ouest, où un nouvel avenir professionnel s’ouvrait devant lui, a montré très tôt de formidables dispositions pour le ballon rond, son talent inné en épatant plus d’un, sauf les racistes primaires qui n’avaient que l’insulte à la bouche.
« J’ai dû apprendre très jeune à me forger une carapace », a confié récemment celui qui fut l’étoile montante du football allemand, propulsé rapidement au sommet, sur les pelouses de la prestigieuse Bundesliga, sans jamais se laisser griser par sa gloire naissante, et encore moins par l’argent qui coulait à flots.
« Je demeure un modèle d’intégration pour les musulmans d’Allemagne », insiste à juste titre Änis Ben-Hatira, alors que la bourrasque de la polémique qui souffle sur lui depuis trois semaines a balayé ses illusions, ainsi que son contrat avec le Club de Darmstadt, mais ne l’a pas fait vaciller pour autant.
Ce vent mauvais qui a tenté de tout emporter sur son passage, et notamment son honorabilité, à grand renfort de tracts haineux, lui reprochant sa proximité avec l’association humanitaire Ansaar International – une organisation musulmane fondée par le rappeur converti à l’islam, Joël Kayser, et suspectée d’appartenir à la mouvance salafiste – lui a fait finalement entrevoir de nouveaux horizons, sous des cieux turcs plus cléments, au sein du club Gaziantepspor.
Sorti du cœur de la tempête encore plus fort qu’avant, conforté dans sa foi inébranlable, Änis Ben-Hatira, qui était en proie au désenchantement depuis un certain temps déjà, déplorant que les « musulmans soient les nouveaux juifs » en Allemagne et ailleurs, considère que l’ultimatum imposé par les dirigeants du club de Darmstadt, à savoir « rompre tout lien avec Ansaar International ou partir », aura été un mal pour un bien.
Non, il ne regrette rien, et surtout pas d’avoir vanté la transparence et les mérites de Ansaar International, dont l’aide précieuse apportée à l’enfance miséreuse de Berlin lui a valu de nombreuses récompenses, ni d’avoir contribué, l’été dernier, au financement de la construction d’une usine de traitement de l’eau dans la bande de Gaza.
Il se félicite au contraire d’avoir donné de son temps, de ses deniers et de sa personne à une association de bienfaisance qui fait le bien autour d’elle en Syrie, en Somalie, et dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde vivant sous le joug israélien dont il n’a jamais craint de dénoncer le cynisme et la cruauté, notamment lors de l’offensive sanglante de 2014.
Si les principaux organes représentatifs de l’islam en Allemagne ne se sont pas précipités pour voler à la rescousse de Änis Ben-Hatira, se murant dans un silence révélateur de la peur de réactiver un énième débat sur « l’islamisme, le fondamentalisme…», des rappeurs très connus, arabes et turcs, l’ont en revanche soutenu publiquement. Il en a été de même sur les réseaux sociaux en effervescence, où la jeunesse musulmane allemande a fait bloc derrière son champion, voyant dans l’insidieux procès en sorcellerie qui lui est fait une discrimination flagrante.
« Si vous accusez Änis d’être un terroriste, alors nous sommes tous des terroristes !!! », a écrit un jeune internaute, solidaire et en colère, sur la page Facebook du footballeur.
« Ils voulaient me contraindre à m’éloigner d’un groupe de personnes qui œuvrent sans relâche pour le bien de l’humanité, en les diabolisant sans avoir la moindre preuve contre elles », s’est indigné Änis Ben-Hatira, avant de clamer avec force : « Rester fidèle à mes principes et à ce que je suis intrinsèquement, sans renier mes valeurs, cela a été plus important que ma carrière ».

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8 commentaires

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  1. Un exemple dans sa foi. Ce n’est certainement pas les debouze, Zidane, et Benzema, ainsi que les pseudo converti français qui lui arriverai à la cheville.
    On vois bie. Que l’islam en France s’est envolé depuis longtemps en fumée.

  2. Je suis un lecteur assidu d’Oumma. Les articles de fond m’intéressent, en particulier les analyses politiques de spécialistes des questions du Proche-Orient. Les écrits concernant le soufisme, et en général l’histoire de l’avénement de l’Islam du temps du prophète et des dynasties venues après lui, les études relatives à la langue arabe, proses , poésie, linguistique, et tout ce qui se rapporte aux pays arabes en particulier et aux pays musulmans en général, relations économiques, politiques, culturelles à travers le monde.

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