Livrer les communautés musulmanes européennes à la vindicte populaire est un fonds de commerce électoraliste très largement répandu sur le Vieux Continent !
Est-il payant à tous les coups ? Là est toute la question pour la légion de nationalistes qui en usent et abusent outrageusement, en France comme de l’autre côté de la Manche, à croire qu’en dehors de la propagation de l’islamophobie, leur programme politique brille par une vacuité abyssale…
Dans le Lancashire, Tony Bamber, extrémiste de droite notoire, portant haut les couleurs de son parti BNP, a trempé sa plume dans le vitriol pour accuser les musulmans locaux de s’adonner au « commerce de l’héroïne », distillant son venin sur des tracts sensationnalistes censés lui ouvrir le cœur des électeurs, à l’approche du scrutin local décisif pour l’avenir du comté : les cantonales.
Estampillée « Preston Pals », en hommage au 7ème bataillon du régiment du Lancashire qui a livré bataille dans la Somme, au cours de la Première Guerre mondiale, la littérature infâme produite par Tony Bamber a réussi à exacerber la colère de ses pairs.
C’est en effet l’écoeurement qui l’a emporté parmi de nombreux conseillers généraux, à la vue de cette pêche aux voix grossière qui attise les pires pulsions en exhumant l’histoire et la mémoire de soldats morts au front. Caleb Tomlinson n'a pas caché son indignation dans les colonnes du quotidien local : "Ce tract est abject, il dégouline de haine envers un groupe religieux" .
"Je suis scandalisé de voir comment cet homme se drape dans la mémoire des hommes qui ont sacrifié leur vie, afin de se mettre en avant en colportant ce ramassis de rumeurs racistes", a vivement condamné, pour sa part, le travailliste Derek Forrest.
Après avoir remis la prose hautement inflammable de Tony Bamber à la police, la désillusion d’Ali Amla, représentant le Forum de la foi de Preston, fut grande, quand la justice a délibéré en considérant qu’elle ne constituait pas un délit, laissant son auteur impuni. Un auteur, sombre colporteur de fantasmes haineux, qui avait déjà été traîné devant les tribunaux en 2010, pour des pamphlets de la même veine, et là encore avait échappé au glaive de la justice en étant déclaré non coupable.
Pourtant, les écrits, aussi fallacieux et médiocres soient-ils, restent et s’ancrent profondément dans l’inconscient collectif, mais manifestement leur impact délétère n’est pas un crime, et tant pis si c’est un pousse-au-crime…
GIPHY App Key not set. Please check settings