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Brutale expulsion d’un pacifiste lors d’un discours d’Hillary Clinton sur la liberté d’expression

Un paradoxe flagrant pour l’image des Etats-Unis : mardi, à l’occasion d’une plaidoirie de la secrétaire d’Etat américaine en faveur de la liberté d’expression -notamment dans le monde musulman, un manifestant anti-guerre, debout dans la salle et se contentant pacifiquement de lui tourner le dos, a été vigoureusement évacué.

« So, this is America ? »

Agé de 71 ans, Ray McGovern n’a pas exactement le profil d’un anarchiste beatnik ou d’un réactionnaire anti-fédéral : durant 27 ans, cet ancien analyste en géopolitique a travaillé au sein des services de renseignements. A la fin de sa carrière, il faisait notamment partie de l’équipe de la CIA chargée de rédiger le briefing quotidien adressé au président des Etats-Unis. Catholique anti-papiste et membre désormais de « Veterans for Peace » –une organisation critique de l’expansionnisme militaire américain, l’homme s’était fait remarquer en 2006 sur la scène nationale par un coup d’éclat. Face à Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la Défense, il avait dénoncé le mensonge des armes de destruction massive pour justifier l’invasion de l’Irak.

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Triste ironie du sort, quelques jours avant l’éviction manu militari de Ray McGovern, l’ancien responsable de l’armée américaine auquel il avait été confronté s’est vu , pour sa part, remettre une décoration à la connotation quasi-orwellienne : jeudi dernier, lors de la Conférence d’Action Politique des Conservateurs, Donald Rumsfeld, en promotion actuellement pour son autobiographie, a reçu le prix du « Défenseur de la Constitution ». Cela ne s’invente pas : honni par la plupart des organisations américaines et étrangères de défense de droits de l’homme, l’ex-acolyte de George Bush -qui a notamment cautionné la pratique de la torture en Irak- a été vigoureusement applaudi, tel un héros national, pour l’ensemble de son œuvre. Dans la salle, certains militants républicains, hostiles au courant néo-conservateur qu’il incarna, ont quitté les lieux pour manifester leur rejet de cette célébration.

Le changement dans la continuité

En quelques jours, ce sont les deux visages antagonistes de l’Amérique qui se sont ainsi révélés à l’opinion publique : d’un côté, la face de l’hyperpuissance arrogante avec Hillary Clinton et Donald Rumsfeld, tous deux partisans -malgré leurs rivalités politiques- de la sacro-sainte « guerre contre la terreur », et de l’autre, la conscience civique de militants – tel Ray McGovern ou ces Républicains dissidents- qui protestent contre les ravages causés par la stratégie militaire des Etats-Unis. Qu’il s’agisse de l’ancien vice-président Dick Cheney ou de l’actuelle secrétaire d’Etat, la contestation générale à l’encontre des dirigeants semble prendre de l’ampleur, à travers la confrontation physique ou le manifeste artistique. Pour de plus en plus d’Américains ou de citoyens à travers le monde, le « changement » promis par Barack Obama s’avère être ce que les plus pessimistes redoutaient lors de son élection : un simple leurre.

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