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Au cœur de la mémoire franco-algérienne : le combat des irradiés du Sahara

Ce 20 janvier, l’historien Benjamin Stora remet au président de la République, Emmanuel Macron, son rapport sur la mémoire franco-algérienne. Les essais nucléaires réalisés jusqu’en 1966 dans le Sahara sont un des contentieux entre les deux pays. Enquête.

L’espace est minéral, immensité ocre de sable et de cailloux écrasée de lumière saharienne. Pierre Pothier pose aux côtés de ses camarades, képis et épaulettes. C’était fin 1966, dans le campement Oasis 1. Il avait 19 ans. Un solide gaillard du Haut-Beaujolais, ce Pierre Pothier.

Fils de garagiste, frotté à la mécanique dès son plus jeune âge, il avait été envoyé par l’armée avec la 12e compagnie du service du matériel dans la zone d’In-Ekker, sur les marches du plateau du Hoggar, dans le Sud algérien. Sa mission était de déblayer le site des essais nucléaires souterrains avant sa remise aux autorités d’Alger, en 1967. D’un tour de main, le jeune brigadier réparait les Berliet ensablés, chargés de fûts de déchets radioactifs sur les plateaux à ridelles. « Quand on m’a passé le compteur Geiger, il crépitait de toutes parts », se souvient-il près de cinquante-quatre ans plus tard.

On rencontre Pierre Pothier, petit air d’Yves Montand au coin des lèvres, dans une pizzeria du Creusot (Saône-et-Loire), non loin de ses terres charolaises. Il est venu avec le coffre de sa voiture encombré de dossiers : certificats médicaux, jugements de tribunaux de pensions militaires, lettres aux députés et ministres.

L’ancien appelé du Sahara aura passé une bonne partie de sa vie à demander justice. Au retour d’In-Ekker, alors qu’il se lançait dans une carrière de loueur de voitures, sa santé s’est progressivement dégradée. Premiers symptômes : ses dents sont tombées. Puis trois cancers lui ont été diagnostiqués au fil des ans : thyroïde, foie et prostate. L’ancien sportif de 1,82 m – il fut champion de France de basket junior – a perdu 7 cm et a été déclaré invalide à l’âge de 52 ans. « J’ai eu des problèmes de santé toute ma vie », soupire-t-il. Ses deux compagnons de la photo minérale d’In-Ekker, Jean-Pierre Gardoni et Roland Bayle, tous deux atteints d’un cancer du foie, sont décédés autour de la cinquantaine.

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