C’est une épée de Damoclès moyenâgeuse qui pèse sur Salem Fellak et Hocine Hocini, les deux ouvriers en bâtiment désormais célèbres pour avoir rompu le jeûne loin de tous les regards, et traînés devant une justice algérienne expéditive et avide de faire un exemple.
Inquisitorial, le réquisitoire implacable du procureur a exigé trois ans de prison, alors même qu’aucune loi ne condamne celui qui choisit de ne pas faire carême. Rappelons au passage que l’un des deux accusés, Hocine Hocini, est chrétien et qu’il a pleinement assumé son choix.
La loi des hommes serait-elle donc plus rigide et impitoyable que les préceptes coraniques ? C’est certainement là le grand enseignement d’une justice drapée dans sa toute-puissance qui, non contente de fouler aux pieds la liberté individuelle de ses justiciables, viole allègrement la Constitution en vigueur, le tout enrobé d’envolées hautement moralisatrices.
Un important collectif d’avocats dénonce une grave atteinte au seul texte qui a droit de cité, la Constitution, mais également à toutes les conventions internationales. Les deux infortunés ouvriers, menacés par le glaive d’une justice d’une rare clémence envers ceux qui la gouvernent, peuvent compter sur une forte mobilisation associative, regroupant des centaines de militants des droits de l’homme, du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) ainsi qu’une délégation du Congrès mondial amazigh (CMA), en attendant le verdict qui décidera de leur sort le 5 octobre prochain.
Relatée par El Watan, une phrase résume bien la tournure d’un procès de l’arbitraire, et elle émane de l’avocat Mokrane Aït Larbi : “Même la religion musulmane est souple à l’égard des personnes qui travaillent dans des conditions difficiles. La police et la justice algériennes veulent fermer les portes que l’Islam a ouvertes”.
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