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Vers un duel Macron/Mélenchon ?

Les sondages de ces derniers jours nous prédisent un duel Le Pen contre Macron, comme il y a cinq ans, avec à la clé, un deuxième quinquennat Macron. Mais il y a un troisième homme, distancié pour l’instant, qui peut tout changer : Jean-Luc Mélenchon.

C’est ce que des centaines d’universitaires viennent de rappeler en appelant à voter pour celui qui peut « remettre au coeur de la vie politique un projet de société démocratique, solidaire et écologique ». Et de poursuivre :

« Parce qu’il est urgent d’agir contre la paupérisation, la précarisation et l’exclusion des plus vulnérables […]. Parce que depuis cinq ans se poursuit une implacable politique au service des riches et des puissant-es, qui s’est traduite par une dégradation et une marchandisation toujours plus poussée des services publics, par des attaques incessantes contre le droit du travail, la sécurité sociale et l’assurance chômage, les libertés publiques, mais aussi par l’inaction climatique et écologique. »

Que nous annonce Macron ?

« Travailler plus longtemps » avec le « relèvement progressif de l’âge légal de la retraite à 65 ans » (contre 62 ans actuellement). Si l’on sait que les 5 % des hommes les plus aisés ont une espérance de vie à la naissance de 84,4 ans, tandis que les 5 % les plus pauvres ont une espérance de vie de 71,7 ans, on se rend compte que, pour les pauvres, il n’y aura pas de longue retraite ; d’autant plus que certains, épuisés par un travail physique, mourront avant 65 ans. De surcroît, beaucoup de seniors sont au chômage à partir de 50 ans et auront une retraite encore plus réduite.

« Poursuivre le sauvetage de l’hôpital public » : Macron avait donc commencer à sauver l’hôpital ?! On sait pourtant qu’en 2020, 5 700 lits ont été supprimés mais, si l’on fait un bilan de 2017 à 2020, ce sont 17 600 lits qui ont été supprimés ! Certes, Macron annonce un « plan de recrutement d’infirmiers et d’aides-soignants » mais n’avance aucun chiffre.

« Proposer un cumul emploi-retraite plus simple et plus avantageux » : il y aurait donc encore moins d’emplois pour les jeunes qui pâtiront aussi de l’âge de la retraite repoussé à 65 ans.

« Le RSA conditionné à une activité effective qui permet l’insertion »: en fait, Macron a précisé qu’il faudrait, pour toucher le RSA, travailler 15 à 20 heures par semaine ! Une mesure qui aboutirait, selon le calcul de Mélenchon, à payer l’heure de travail à 7 euros. Macron a quand même été obligé de préciser oralement que ce serait une « obligation pour ceux qui le peuvent ».

Quant à Gabriel Attal, il a affirmé que ce pourrait être une session de formation, « une activité d’engagement au service de l’intérêt général » ou même « des mises en situation professionnelles dans des entreprises » ; s’agirait-il donc, à l’occasion, d’offrir de la main d’oeuvre gratis à certaines entreprises ? En tout cas, l’annonce de cette mesure fera chaud au coeur de tous ceux qui pensent (et disent) qu’il ne faut pas donner d’argent à tous ces faignants.

Réformer encore l’assurance-chômage qui a déjà réduit le nombre des allocataires. Depuis le 1er décembre dernier, sous le prétexte d’une amélioration de la situation sur le marché du travail – grâce à l’élimination de certains chômeurs des statistiques –, il faut désormais avoir travaillé six mois sur les deux dernières années pour être éligible à l’assurance chômage, et la dégressivité s’applique à compter du septième mois d’indemnisation. Que veut-il encore ?

Macron annonce une baisse des impôts mais pas d’augmenter les tranches fiscales – 5 seulement aujourd’hui alors qu’accroître le nombre des tranches répartirait avec plus de justice la charge de l’imposition. Mais Macron ne veut pas taxer plus les riches. Mélenchon, lui, propose de revenir à 14 tranches, comme en 1981, si bien que tous ceux qui ont un revenu inférieur à 4 000 euros par mois, paieraient moins.

Macron propose l’apprentissage en alternance avec l’école « dès la classe de 5ème » ; avec, de surcroît, « plusieurs heures par semaine où l’on aide à l’orientation des jeunes et des familles ». On devine comment seraient « orientés » les enfants des classes populaires. D’ailleurs, il faut faire un « effort massif pour l’apprentissage ». Classe de 5ème, cela veut dire commencer à orienter des enfants à partir de 12 ans, contre les instructions de l’Office international du travail qui interdit cette pratique avant la fin de la scolarité obligatoire à 16 ans.

Et l’Université ? Durant son mandat, Macron n’a pas augmenté le budget des universités alors que le nombre des étudiants a explosé. Cela veut signifie de très mauvaises conditions d’étude. (Une exception : pour les classes prépa qui rassemblent souvent les étudiants des familles les plus favorisées). Mais ce n’est pas grave selon lui car « nous formons des gens qui ne correspondent pas aux besoins du marché du travail ». Quelle vue étroite – celle des entreprises – et quelle catastrophe pour notre pays car les hautes qualifications et la recherche sont nécessaires au progrès des industries de pointe !

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En guise de programme écologique, Macron veut construire 6 nouveaux EPR alors que le premier, celui de Flamanville, dont la construction a démarré en 2007 n’est toujours pas achevé ; son coût a explosé : évalué au départ à 3,4 milliards d’euros, il est estimé aujourd’hui à 19,1 milliards. De plus, Macron envisagerait la construction de 8 petits réacteurs. Il veut donc ignorer le problème insoluble des déchets, sans oublier les risques d’accident.

Augmenter le budget de l’armée à 50 milliards d’euros d’ici 2025. Macron avait déjà augmenté ce budget de 32,3 milliards à 40, mais ce n’est pas suffisant !

Retour à un déficit annuel de moins de 3 % d’ici 2027, comme le demande l’Union européenne ; cela veut dire l’austérité, surtout avec la hausse de l’énergie qui menace en particulier les classes populaires.

Ce que Macron a fait et ce qu’il n’a pas fait

Macron n’envisage nullement une augmentation du SMIC alors que l’on voit déjà combien les prix ont augmenté ; le pouvoir d’achat a donc baissé et baisserait encore.

Macron ne promet plus, comme en 2017, qu’il n’y aura plus de sans-abris couchant dehors. Selon la Fondation de l’Abbé-Pierre, ils étaient près de 300 000 en 2020, soit deux fois plus qu’en 2012.

Macron a fait 21 lois portant atteinte à nos libertés et certaines directement islamophobes : cf. la loi du 24 août 2021 sur « le séparatisme et le respect des principes de la République » (sic). Quant à Mélenchon, il affirme « tenir aux principes très clairs de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat » : « elle ne doit jamais servir à montrer du doigt les croyants d’une religion, comme, dans la période récente, cela a été fait contre les musulmans » (L’Avenir en commun, p. 28-29).

En plein Covid, Macron n’a pas taxé ceux qui s’enrichissaient et n’a pas exigé des firmes comme Total, qui ont fait d’énormes bénéfices, de rembourser les subventions que l’État leur avait accordées ; ce sont les actionnaires qui ont été servis en dividendes.

On pourrait allonger la liste, mais à quoi bon ? Ajoutons seulement que Macron n’a pas l’intention de séparer les banque de dépôts (où les familles et les entreprises déposent leurs salaires, leurs fonds et leurs économies) des banques d’affaires qui spéculent sur les marchés financiers.

Seul Mélenchon a inscrit dans son programme une mesure qui nous éviterait une crise financière comme en 2008 ; une crise que les financiers ne pourront nous éviter demain ou après-demain.

 

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2 commentaires

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  1. Attention à une chose, les sondages suggèrent des résultats indécis, un faux-drapeau est à craindre, moi j’ose le dire, comme ce fut le cas en 2017, la fusillade des Champs-Elysées arrivée à point nommé au soir du jeudi 20 avril, pendant le débat des onze candidats.

    Croissant de lune.

  2. Assalamou ‘alaïkoum. Moi, c’est décidé. Je choisis Mélenchon au premier tour, c’est clair, pas une Idalgo ni un candidat étiqueté de gauche mais à faibles chances. Pas Fabien Roussel qui semble-t-il ne s’est lancé que par laïcisme Charliesque, en fait pour concurrencer Mélenchon mais il paraît qu’il grapille plutôt parmi les Macronistes. Donc Jean-Luc Mélenchon au premier tour, il a un programme malgré mes réserves sur l’opportunité d’un programme aujourd’hui quand tant de choses changent si vite.

    Mais au second tour, si d’aventure on retombe sur le même duo qu’en 2017, je m’abstiens, j’en suis sûr, vienne Marine Le Penn et les troubles qui iront avec, votter Macron c’est fini. Personne ne me fera oublier sa sortie inattendue sur le, le, le séparatisme, où il a débordé le RN par la droite, en fait Eric Zemmour n’y ajoute rien dans le fond, il semble traduire comme un haut-parleur la politique dissociante du bouc émissaire qu’Emmanuel Macron entend poursuivre et agraver. Pécresse contre Le Penn, je m’abstiens aussi, advienne que pourra. Tout sauf Macron et les Macro-compattibles, centristes d’étiquette, mais Occidentalistes et Sionistes dissociants.

    Mélenchon ou rien, sans compter sur des lendemains qui chantent, fuite des capitaux etc. Et puis sortir de l’aventurisme guerrier en Ukraine dont la France ne saurait bénéficier, dont les bénéficiaires et les vrais acteurs ne sont qu’Américains, eux qui ne risquent rien, même pas la coupure de gaz.

    Voilà, Mélenchon ou rien du tout.

    Croissant de lune.

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